La montée de la bourgeoisie amène une modification profonde du monde des maîtres, dont l’un des traits marquants est l’effondrement progressif des maisons aristocratiques, celles qui donnaient le ton. Les grandes maisons, moins nombreuses au fil des années, réduisent leur train après 1870 : le personnel masculin diminue sans cesse, victime par ailleurs du progrès technique (il faut moins de serviteurs pour conduire et entretenir une voiture que pour s’occuper de plusieurs chevaux et carrosses). Parallèlement, le nombre de foyers de petite bourgeoisie, avec « une bonne à tout faire », s’accroît sensiblement. La féminisation de la profession ne peut être un facteur favorable à son relèvement.
Le travail même change, et devient de plus en plus dur. La journée de travail s’allonge, avec le recul de l’heure du dîner de 17 heures, vers 1850, à 19 ou 20 heures, retardant ainsi le moment du coucher. Si la religion enseignait aux maîtres à laisser un juste repos au domestique, et à respecter certains jours fériés, ceci disparaît dans le souci, grandissant jusqu’à l’obsession, de rentabiliser au maximum le temps de travail des serviteurs : une demi-journée de repos par mois paraîtra suffisant à la fin du siècle. Ce n’est qu’après la guerre que l’on reviendra à un peu plus d’humanité. En même temps, la maîtresse de maison accroît son contrôle sur le travail effectué, tout en y participant de moins en moins. Là encore, c’est 1914 qui marquera un retour à un équilibre meilleur. Il n’est pas jusqu’au cadre de vie qui, en se modifiant, rende encore plus pénible la tâche de la bonne : nous l’avons vu, la cherté des terrains, favorisant une plus grande hauteur des immeubles, alourdit le travail domestique. Quand les ascenseurs existeront, la bonne continuera d’emprunter l’escalier de service.