Les accusés au procès de Nuremberg

Le 20 novembre 1945, à Nuremberg, face aux juges des principales puissances alliées (États-Unis, Royaume-Uni, France, URSS) se tiennent les plus hauts dignitaires du IIIe Reich, à l’exception notable de Hitler, Himmler et Goebbels, qui se sont suicidés.

Goering est la principale vedette du procès de Nuremberg

Goering est la principale vedette du procès de Nuremberg

Ce fut naturellement le procès des vingt et un grands criminels de guerre du Ille Reich qui cristallisa l’attention du public. Avant de comparaître, les accusés avaient séjourné à Mondorf-les-Bains, près de Luxembourg, sous la garde des hommes du colonel américain Burton Andrus. On pouvait les classer en quatre groupes : les chefs militaires, les hommes du parti, les hauts fonctionnaires et ceux qui étaient responsables de massacres collectifs et de déportations massives.
Parmi les chefs militaires, Keitel et Jodl avaient participé au dernier gouvernement du IIIe Reich à Flensburg, sous la présidence du grand amiral Dônitz, désigné par Hitler pour lui succéder. Quant au grand amiral Raeder, il avait commandé la flotte allemande jusqu’à la fin de 1943.
Après avoir signé la capitulation, ces grands chefs étaient restés en place pendant une quinzaine de jours.
Parmi les anciens bonzes du parti national-socialiste, on remarquait naturellement Goering, la grande vedette du procès. Le n° 2 de l’Allemagne avait été arrêté à Berchtesgaden sur l’ordre de Hitler pour « trahison ». Il avait envoyé un télégramme au Führer où il se déclarait prêt à assumer lé pouvoir. Bormann, l’âme damnée du Führer, avait alors condamné le maréchal de l’air à mort. Mais, après un bombardement par l’aviation américaine, Goering avait été transféré en Autriche par un groupe qui refusait de s’incliner devant les ordres de Bormann. Goering préféra alors se livrer aux Américains plutôt que de courir le risque d’être abattu par un SS fanatique. Avant d’être transféré à Mondorf, il séjourna dans une villa avec toute sa famille et seize camions chargés de ses bagages personnels. Il n’hésita pas d’ailleurs à tenir une conférence de presse et il éprouva la plus grande surprise de sa vie quand il apprit qu’il se trouvait sur la liste des grands criminels de guerre.
Göring ne manifesta jamais le moindre remords. Il fit preuve au contraire de cynisme et ne cacha pas sa satisfaction d’être considéré comme le principal responsable de l’Allemagne hitlérienne. Tout au long du procès, il s’efforça de dominer ses coaccusés et de s’imposer au tribunal. Il se trouvait alors dans une forme excellente.
A la fin de la guerre, le personnage, bouffi d’orgueil, habillé de la façon la plus extravagante, consacrait le plus clair de son temps à ses collections. Il paraissait complètement discrédité et s’adonnait d’ailleurs à la drogue. Mais, à Mondorf, le colonel Andrus avait réussi à le désintoxiquer et lui avait imposé un régime sévère. A Nuremberg, Goering avait perdu près de dix kilos et se trouvait en pleine possession de ses moyens.

Les autres accusés au procès de Nuremberg

Les autres accusés au procès de Nuremberg

Parmi les autres célébrités nazies on reconnaissait : Le doctrinaire fameux du national-socialisme, Alfred Rosenberg. Il avait été arrêté à Flensburg après avoir vainement tenté de se rapprocher de Dônitz.
L’instigateur de la politique antisémite, Julius Streicher. Il avait été découvert incidemment en Autriche par un officier américain, d’origine israélite, qui, par plaisanterie, lui avait dit : « Vous ressemblez à Streicher ! Comment m’avez-vous reconnu ? » répondit l’autre, qui avait pris la plaisanterie au sérieux.
Joachim von Ribbentrop, l’ex-représentant en champagne que Hitler avait choisi « intuitivement » comme ministre des Affaires étrangères. Dônitz avait refusé de lui confier un poste et il avait tenté de reprendre la vie civile à Hambourg. C’est là qu’il fut découvert et arrêté. On devait trouver dans sa poche trois lettres adressées à Montgomery, Eden et « Vincent » Churchill, ce qui en dit long sur l’amateurisme du personnage.
Baldur von Schirach, un des jeunes chefs du régime et ancien gauleiter de Vienne, s’était réfugié au Tyrol, où il se fit engager comme interprète au bénéfice des Américains. Il finit par se livrer. « J’ai appris à la jeunesse à croire en Hitler, il faut maintenant que je la libère de cette erreur ».
Arthur Seyss-Inquart, avant d’être arrêté par les Canadiens, avait été le chef du parti nazi en Autriche avant l’Anschluss et, ensuite, gouverneur des Pays-Bas.
Rudolf Hess, l’ancien bras droit du Führer, célèbre par son équipée en Écosse en 1941, dans l’espoir d’aboutir à une paix de compromis. Au cours du procès, il se plaignit de souffrir d’amnésie.
Parmi les grands responsables civils, on retrouvait le Dr. Hjalmar Schacht, président de la Reichsbank, qui avait mis son génie financier au service du Me Reich. On l’avait extrait d’un camp de prisonniers où il avait été interné pour avoir conspiré contre Hitler. Il ne voulut jamais comprendre pourquoi on voulait le juger et il fut d’ailleurs acquitté.
Franz von Papen, en tant que chancelier, en 1932, avait facilité l’accession de Hitler au pouvoir. Il fut découvert dans une maison forestière en Westphalie.
Albert Speer, ancien architecte, ministre de l’Armement et des Munitions, avait appartenu au gouvernement de Flensburg. C’était certainement le plus honnête des dirigeants du IIIe Reich. Il s’était rendu compte des crimes de Hitler et avait refusé d’exécuter l’ordre du Führer concernant la destruction de toute l’industrie allemande. A Nuremberg, il reconnut une certaine culpabilité.
Les recherches permirent de découvrir d’autres responsables : Konstant in von Neurath, le premier ministre des Affaires étrangères de Hitler, avant d’être le successeur de Heydrich comme protecteur de Bohême-Moravie. Walter Funk, le successeur de Schacht. Le directeur de la propagande à la radio, Hans Fritsche, l’âme damnée de Goebbels. Wilhelm Frick, l’ancien ministre de l’Intérieur.
Par ailleurs, Hans Frank, gouverneur de Pologne, le « boucher des juifs de Cracovie », fut découvert, après une tentative de suicide, parmi les 200 000 prisonniers gardés par les Américains près de Nuremberg. Cependant, les arrestations d’Ernst Kaltenbrunner, chef des services de sécurité, et de Fritz Sauckel, chargé du recrutement de la main-d’oeuvre étrangère, passèrent presque inaperçues.

Des milliers de coupables réussirent à se soustraire à la justice

Des milliers de coupables réussirent à se soustraire au procès de Nuremberg

Malgré tout, des milliers de coupables réussirent à se soustraire à la justice. Il y eut de nombreux suicides, comme celui du Dr. Robert Ley, le chef du Front du travail. Arrêté, on le retrouva pendu, le 25 octobre 1945, à la chasse d’eau des cabinets de la prison. Il s’était enfoncé un mouchoir dans la bouche pour ne pas donner l’alerte. On trouva de lui une note : « Nous avons abandonné Dieu et Dieu nous a abandonnés. Peuple allemand, réconcilie-toi avec les juifs. »
Himmler choisit, lui aussi, le suicide. Le Reichsführer S.S. avait tenté de négocier directement avec les Alliés, ce qui lui avait valu d’être chassé du parti. Rejeté par Dônitz, il fut arrêté sous un dérisoire déguisement. Il avait rasé sa moustache et s’était mis un bandeau sur l’oeil.
Une fouille permit de découvrir une ampoule de cyanure de potassium dans ses vêtements. Un médecin ordonna de visiter sa bouche. Il écrasa aussitôt une seconde ampoule et mourut en quelques secondes.
D’autres chefs nazis réussirent à s’enfuir en Égypte et en Amérique du Sud. Le mystère continue à planer sur le sort de Martin Bormann, l’ombre du Führer. Plusieurs témoins ont affirmé qu’il avait trouvé la mort le 1″ ou le 2 mai 1945 en cherchant à s’échapper du bunker de Hitler. Il fut condamné à mort par contumace. Mais Simon Wiesenthal, le chef du centre de documentation juive à Vienne, qui a consacré sa vie à rechercher les nazis survivants, prétend avoir la preuve formelle de l’existence de Bormann en Amérique latine. D’après lui, une opération de commando, comme celle qui aboutit à la capture d’Eichmann, permettrait de mettre la main sur le personnage.
Un cadavre fut découvert lors de travaux de voirie à Berlin en 1972 et fut ensuite officiellement identifié comme étant celui de Bormann, même si persistent des rumeurs sur sa fuite en Amérique latine.

Le cas Eichmann

Quant à Eichmann, le grand responsable de la « solution finale », il avait bel et bien été arrêté ; mais les Américains n’avaient pas réussi à l’identifier. Il en fut de même pour Franz Stangl, l’ancien commandant du camp de Sobibor et de Treblinka. Découvert en 1967, à Sâo Paulo, où il travaillait chez Volkswagen, et extradé, il fut condamné à la détention perpétuelle en Allemagne fédérale. D’après certaines rumeurs, Josef Mengele et Heinrich Müller se trouveraient également en Amérique du Sud. Mengele avait été le médecin chef d’Auschwitz, où il s’était livré à de tragiques expériences médicales. Quant à Müller, le chef de la Gestapo, il avait quitté un des derniers le bunker de Hitler. On n’a jamais retrouvé sa trace.
Gustav Krupp von Bohlen und Halbach fut, lui aussi, inculpé, mais il ne comparut jamais en justice. Étant donné le rôle que sa firme avait joué dans le réarmement de l’Allemagne, on le considérait comme un criminel de guerre de marque. Mais en raison de sa sénilité, son cas fut disjoint et ce fut son fils qui fut jugé et condamné à sa place.

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