La Jeunesse hitlérienne est promue autonome le 17 juin 1933 et placée sous l’autorité exclusive d’un Chef de 26 ans, Baldur von Schirach (1907-1974). Sous la république de Weimar, il était responsable de l’Association des étudiants nationaux-socialistes.
C’était un beau jeune homme d’esprit quelconque mais d’une grande énergie, qui s’appelait Baldur von Schirach; celui-ci, subjugué par Hitler, s’était inscrit au parti en 1925, à l’âge de dix-huit ans, et, en 1931, il avait été nommé chef des Jeunesses nazies. Au milieu des Chemises Brunes, ces garçons balafrés et braillards, il avait curieusement l’air d’un étudiant américain, fougueux et pas encore mûr, et cela était peut-être dû en partie au fait qu’il avait eu des ancêtres américains.
En juin 1933, Schirach fut nommé « chef des Jeunesses du Reich allemand ». Singeant la tactique de ses prédécesseurs, chefs de parti, sa première mesure fut d’envoyer une bande armée de cinquante Jeunes Hitlériens costauds occuper les bureaux du Comité des associations de Jeunesse du Reich, et le vieil officier de l’armée de Prusse, le général Vogt, qui était à la tête du comité, n’eut plus qu’à décamper.
Schirach s’en prit ensuite à l’un des plus célèbres héros de la marine allemande, l’amiral von Trotha, qui avait été chef d’état-major de la flotte de haute mer durant la guerre de 14-18 et qui était maintenant président des associations de Jeunesse. Le vénérable amiral fut, lui aussi, contraint de fuir, et son poste et son organisation furent supprimés. Des biens qui représentaient des millions de dollars, constitués essentiellement par des centaines d’auberges de jeunesse disséminées à travers l’Allemagne, furent saisis.
Le concordat du 20 juillet 1933 avait spécifié que l’Association des Jeunesses catholiques ne devait pas être touchée par le parti. Le 1e1 décembre 1936, Hitler la mit hors la loi par décret, de même que toutes les autres organisations de jeunesse non nazies.
Schirach, qui avait tout d’abord été sous les ordres du ministère de l’Enseignement, devint directement responsable devant Hitler.
Ce jeune homme de vingt-neuf ans, à peine dégrossi, qui écrivait des vers larmoyants à la gloire d’Hitler (« ce génie qui broute dans les étoiles ») et qui suivait Rosenberg dans son étrange paganisme et Streicher dans son antisémitisme virulent, était devenu le dictateur de la jeunesse du Troisième Reich.
Baldur von Schirach donne d’abord l’ordre de ne pas exiger autoritairement les adhésions. Il mise sur les défilés, les parades, l’esprit de camaraderie pour convaincre. Cependant, l’élan des libres décisions n’est pas aussi massif que prévu. Aussi décide-t-il d’appliquer impérativement la loi à partir du ler avril 1937. Avant le 15 mars de chaque année, les parents doivent inscrire dans les mairies leurs enfants qui atteignent l’âge de 10 ans. Surseoir à cette exigence peut être considéré comme un acte de rébellion et valoir des représailles, jusqu’à l’internement dans un camp de concentration. Le 20 avril, jour de l’anniversaire de Hitler, garçons et filles prêtent solennellement fidélité au Führer et sont incorporés dans leurs « troupes » respectives. Jusqu’à 18 ans, ils vont traverser toutes les étapes destinées à les rendre «dignes de la nation ».