Les arracheurs de dents dans les années 1900

L'arracheur de dents pouvait se recruter parmi les forgerons

L'arracheur de dents pouvait se recruter parmi les forgerons

Le patient s’asseyait sur une simple chaise, aux barreaux de laquelle il s’agrippait vaille que vaille. Le principal ressort des effets comiques, en pantomime, étant les mésaventures d’autrui et les grimaces, les badauds regar­daient l’attraction du même oeil amusé que les autres spec­tacles. C’était un numéro avec participation de brèche-dents volontaires, ni plus ni moins. L’assistant battait le tambour dès que le client se mettait à brailler de douleur, c’est-à-dire quand le burlesque de la scène menaçait de virer à la tragédie hurlante. Mais ce ban avait un double avantage : les braillements étaient couverts par un roulement énergique qui, fort à propos, rameutait une cohue friande d’émotions fortes. Toute victoire sur une molaire récalcitrante valait à l’arracheur, au moment de saluer le parterre, une belle salve d’applaudissements.
En Bretagne, 
les arracheurs de dents se recrutaient souvent parmi les forgerons qui, en plus d’une poigne solide, montraient une grande dextérité à manier les tenailles. Une bolée de cidre, corsée à la gnôle, servait indistinctement d’anesthésique et de désinfectant.
En Auvergne, 
à la fin du dix-neuvième siècle, on n’avait que faire du dentiste. Quand on avait trop mal, on allait chez le Joyeux, le marchand drapier qui, pour dix sous, vous opérait en un tournemain. Il employait à cet effet une espèce de crochet formé d’une tige aux deux extrémités tranchantes et recourbées dont le manche res­semblait à celui d’un tire-bouchon. II vous introduisait dans la bouche une partie de cette tige qu’entortillait un torchon malpropre de façon à ne laisser dépasser que les dents du crochet; il vous appuyait ses genoux sur le ven­tre, et hardi ! il fallait que ça vienne. Il venait toujours quelque chose; si la dent ne sortait pas tout entière, il y en avait au moins un morceau, quelquefois même avec un petit bout de gencive en plus.

Différentes façons d'apaiser le mal aux dents

En toutes provinces, on apaisait une rage de dent en frottant, sur le chicot douloureux ou l’abcès, un clou que l’on plantait dans un arbre ou dans une poutre de charpente; c’étant fait, mieux valait déguerpir au plus vite. En Bretagne et en Poitou, on se débarrassait d’une dent cariée en appliquant dessus une racine d’asperge, séchée à l’ombre; une inflammation gingivale disparaissait dès que la touchait une main encore chaude d’avoir étouffé une taupe. Les Poitevins soignaient également leurs parodontis en se rinçant la bouche avec de l’eau qu’ils avaient puisée à l’aurore dans un puits profond. En Brie, on guérissait d’un abcès en se levant la nuit à l’insu d’autrui; on courait se prosterner devant un buisson d’aubépine, on récitait cinq Pater et cinq Ave, enfin on attachait une faveur à l’arbuste et on se recouchait. En Orléanais, quiconque portait une patte de lièvre sous son aisselle gauche, n’avait jamais à se plaindre de douleurs dentales. En règle générale, les sonneries de cloches apaisaient les rages dentaires; mais en Limousin, il suffisait de mordre un objet en fer, tandis que tintaient celles du Samedi saint, pour être tranquille pendant l’année.

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