Malgré son indiscipline, Benito Mussolini a reçu son diplôme d’instituteur avec 132 points sur 150
A l’occasion de la fête du Travail, le jeune Benito a décidé de frapper un grand coup. Organisant une grève sur le tas à l’école, il a barricadé les portes des classes et refusé de laisser entrer les professeurs, ainsi que certains élèves. Le directeur a dû prendre la fuite, tant et si bien que l’établissement a vécu pendant quatre jours sous l’unique direction de Benito, de ses amis contestataires et de professeurs trop effrayés pour s’opposer à lui. Il démontre ainsi ses étonnantes qualités de chef qui ne recule devant rien. Cette première expérience d’autogestion fait l’objet d’un article très élogieux dans les colonnes du quotidien socialiste Avanti ! : « …Le camarade étudiant Benito Mussolini a su faire preuve d’un immense courage en refusant de se plier à la discipline. Il a même incité ses amis à le suivre. Voici un magnifique hommage rendu à la fête du 1er Mai qui demeure le symbole de la lutte contre l’ordre établi.
Malgré son indiscipline, Benito a reçu son diplôme d’instituteur avec 132 points sur 150. Il a pu fêter son succès avec ses parents à l’occasion de son dix-huitième anniversaire. Il est surtout satisfait d’avoir obtenu pour son premier poste le village de Pieve Saliceto, réputé être le plus « rouge » d’Italie, près de Guastalla sur le Pô, à vingt-deux kilomètres de Parme. L’instituteur Mussolini se trouve avec une classe de quarante élèves. Il touche 56 lires par mois et en paye 40 pour sa pension. Benito doit marcher chaque jour pendant près de deux kilomètres pour aller à l’école ; ce qu’il fait, en équilibre sur la voie ferrée, son unique paire de chaussures attachée à son cou. Les enfants l’apprécient car il aime jouer avec eux et sait se faire obéir sans utiliser la force.
Son allure de révolutionnaire fait sensation au village. Il conquiert le coeur et le corps d’une paysanne, Giulia, mariée, aimant la danse et la bonne vie. Leur passion est intense. Benito la retrouve tous les soirs et fait d’elle tout ce qu’il veut. Cette superbe rousse enflamme les coeurs avec une étonnante facilité, si bien qu’il est facilement jaloux. Pour ne l’avoir rien que pour lui, il l’emmène souvent hors du village. Sur les prés des rives du Pô, ils peuvent alors s’étreindre librement. Sous la voûte du ciel étoilé, il aime lui réciter des poèmes de ses auteurs préférés dont Giosuè Carducci. Le mari, résigné à la séparation, a quitté la maison. Giulia, peu cultivée, admire Benito qui aime toujours la surprendre par son étonnante érudition. Il est ainsi presque le seul à parler et peut tenir un monologue durant des heures. Il l’aime avant tout pour ses qualités physiques. Le plaisir charnel occupe toutes ses pensées et il envisage de vivre avec elle. Il aime la regarder longuement quand elle dort, puis la réveiller subitement pour à nouveau enflammer leurs corps. Il n’est pas toujours tendre avec Giulia et peut même se montrer assez violent.
Au début de l’année 1908, Benito a été nommé professeur de français dans un collège privé d’Oneglia, sur la Riviera italienne, le collegio Ulisse Calvi. Il arriva correctement vêtu, délaissant sa cape et son chapeau d’anarchiste romagnol. Il se fit vite remarquer en collaborant au journal socialiste local et polémiqua avec l’hebdomadaire catholique du coin. Son séjour à Oneglia ne fut pas sans histoires. La police, avisée par celle de Forli du passé de Benito, fut plus diligente que discrète. Elle demanda même son renvoi de l’établissement, mais le directeur refusa de céder. Sous la pression des cléricaux et des conservateurs d’Oneglia, Benito est finalement obligé de démissionner et retourne en Romagne.