Il avait vingt-sept ans. Son activité politique fulgurante n’avait duré que vingt-deux mois. Pourtant, on enterrait la Révolution avec lui. Michelet eut ce cri déchirant : « La France ne se consolera jamais d’une telle espérance. »
De conserve avec Robespierre, il lutta contre les Girondins, puis, entré au Comité de Salut Public, il travailla à la nouvelle Constitution avec Hérault de Séchelles, et fut le porte-parole du Comité pour les grandes occasions. Toujours dans le sillage de l’Incorruptible, il combattit les Hébertistes, puis les Indulgents et Danton. Mais sa vraie activité personnelle, il la déploya dans ses missions auprès des armées : il y passa en tout plus de quatre mois. D’abord, du 16 octobre 1793 au 4 janvier 1794 à l’armée du Rhin, où il rétablit la discipline et délivra Landau; ensuite aux frontières du Nord, en février, mai et juin; il participa à la victoire de Fleurus le 26 juin. Philippe Lebas était son compagnon habituel pour ces missions.
Alors qu’il venait de vivre une épopée au milieu de l’armée, il retrouva à Paris des problèmes politiques et un Robespierre complètement isolé au sein du Comité de Salut Public. Désarçonné, il essaya de réconcilier son ami avec les membres du Comité. Mais il était déjà trop tard. Le 9 Thermidor, il ne put lire à la Convention le discours qu’il avait préparé; alors, solidaire du dieu de ses vingt-deux ans, il se laissa arrêter. A l’Hôtel de Ville, il fut tout aussi silencieux; se sentait-il en désaccord avec Robespierre? Nul ne le saura.
Il fut traîné à l’échafaud, avec ses amis blessés, le 10 Thermidor. Il était six heures du soir.
Le service des eaux, au IVe siècle, était confié à un fonctionnaire spécial, dont l’importance était telle qu’on ne le choisissait pas par tirage au sort, comme la plupart des magistrats, mais par élection. Il devait être riche pour pouvoir contribuer de ses deniers aux devoirs de sa charge.