Le rituel de l'embaumement dans l'Egypte antique

La momification
On embaumait les corps pour les protéger de la putréfaction : les viscères étaient retirés, le cadavre lavé et séché avec des sels naturels. Enfin, on l’enduisait d’onguents et de résines et on l’enveloppait de bandelettes de lin. L’opération durait en tout 70 jours.

Une tombe à l’épreuve des forces du mal
Pour être sûrs de profiter de leur retraite éternelle au paradis, les Egyptiens ont poussé très loin le principe de précaution. Ils truffent les bandelettes de leurs momies d’amulettes protectrices. Ils font inscrire sur les parois de leurs tombes des incantations pour repousser le mal. Ils font même sculpter des «têtes de réserve» à l’image du défunt, qui ont pour but de remplacer le mort si la momie venait à se dégrader… Ils sont si angoissés à l’idée que leur corps soit détruit, ce qui équivaut à une seconde mort, définitive, qu’ils conçoivent leurs tombes comme des bunkers de haute sécurité, à l’épreuve du mauvais sort et des démons!

La corporation des embaumeurs

La corporation des embaumeurs dans l'Egypte antique

La corporation des embaumeurs rassemble un personnel spécialisé et classé selon diverses appellations. Il y a d’abord les paraschistes, qui ouvrent le flanc des cadavres, avec un couteau de silex, et retirent les viscères. Leur tâche accomplie, ils cèdent la place aux taricheutes, les saleurs. Ceux-ci sont chargés de la dessiccation proprement dite. Leur corps de métier est régi par des règles strictes, à la manière de nos pharmaciens. Ainsi, tel embaumeur ne peut exercer son art dans tel village car il est interdit d’empiéter sur le domaine d’un confrère.
Si le métier est lucratif, il est aussi méprisé, comme en témoigne un papyrus nommé par les égyptologues la Satire des métiers. « L’embaumeur, ses doigts sont nauséabonds, car l’odeur qui s’en dégage est celle des cadavres, ses yeux brûlentde la chaleur. »
Aux côtés des embaumeurs officient des prêtres qui, à chaque étape de la momification, récitent les formules religieuses. On trouve le chancelier du dieu, l’ embaumeur d’Anubis, le préposé au secret de l’atelier d’embaumement et le prêtre lecteur, celui qui lit le Livre des morts. Ces hommes font du défunt, en le momifiant, un Osiris.

Le rituel de l'embaumement

Le rituel de l'embaumement dans l'Egypte ancienne

C’est dans la ouabet, la place pure, qu’est pratiqué le rituel de l’embaumement. Là officient le maître des cérémonies, le chef des embaumeurs, les prêtres lecteurs, qui récitent les formules appropriées à chaque étape de la momification, et tout un personnel de laveurs d’entrailles (paraschites) et de rouleurs de bandes (choachytes). On ne les aime guère car ils transportent avec eux une odeur de mort. Ils ont la mauvaise réputation de ceux qui vivent en marge de la société.
Il existe trois sortes d’embaumement, plus ou moins perfectionnés, dont le choix dépend de la fortune du défunt. C’est la formule de luxe qui a été retenue par la famille de notre défunt. Voici que commencent les opérations. Avec un crochet métallique, un membre de l’équipe va chercher le cerveau qu’il retire par le nez. Puis le flanc gauche est incisé au moyen d’un silex ; les viscères, à l’exception du coeur et des reins, sont prélevés puis lavés séparément dans du vin de palme. Ils sont placés dans quatre vases spéciaux : les vases canopes, que l’on joindra au matériel funéraire. Un paraschite lave maintenant la cavité adbominale puis la remplit de myrrhe et d’aromates, oliban, résine, térébinthe ; une fois bourrée de natron sec, elle est enfin recousue. Le cadavre a maintenant l’aspect d’un squelette recouvert d’une peau tannée. Il faut le déshydrater : pendant soixante-dix jours environ, il va séjourner dans le natron sec qui en absorbera toute l’humidité.
Au terme de cette période, le corps est lavé ; on peut lui apporter les dernières finitions: les ongles sont maintenus par un fil de lin, le crâne et la cavité des yeux sont bourrés, et l’on coule sur l’incision du flanc gauche une plaque de métal. Enfin, dernière coquetterie, le corps est maquillé, parfumé. Le choachyte peut opérer l’enroulement des bandelettes qui atteignent parfois plus d’une centaine de mètres. Les doigts, les mains et les pieds sont entourés de bandes très fines, puis le corps reçoit un réseau de bandelettes plus larges. Toutes sont imprégnées de gomme arabique. Certaines portent le dessin de divinités. Pendant ce travail, on introduit aux endroits prescrits des amulettes qui seront des protections supplémentaires : oeil oudja, noeud d’Isis, pilier djed. Tous ces gestes sont scandés par la voix du prêtre lecteur, qui récite inlassablement les passages du rituel de l’embaumement.

Le saviez-vous ?

Vases canotes: Les intestins, les poumons, le foie et l’estomac étaient placés dans quatre vases canopes. Les couvercles figuraient des génies qui protégeaient les organes contre les forces du mal.

Le détail qui tue !

Les embaumeurs incisaient l’abdomen, avec des couteaux rituels, pour enlever les viscères. Ils retiraient le cerveau en passant un crochet par les narines.

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