On m’a mis dans les bras d’Hitler
Gerhard Bartels n’avait que 4 ans en 1936, mais il se souvient bien du jour où il a été photographié en compagnie d’Hitler. A cette occasion, ses parents lui avaient mis ses plus beaux habits et interdit d’aller jouer avec ses copains.
Ils m’avaient dit: »Tu vas rencontrer le Fürher » Et ils avaient peur que je me salisse, a-t-il expliqué dans une interview en 2015. C’est pour saluer l’oncle du petit garçon, Isidor Weiss, un camarade de régiment qu’il a côtoyé durant la Première Guerre mondiale, qu’Hitler s’arrête à Hintersee, en Bavière, où vit la famille Bartels. Le Führer est accompagné d’Heinrich Hoffmann, son photographe
personnel. L’histoire ne précise pas si c’est ce dernier qui remarque le garçonnet
parmi les autres enfants. Avec son teint de porcelaine, ses cheveux blonds et des yeux d’un bleu limpide, Gerhard est l’archétype du petit aryen.
« J’étais heureux de poser, poursuit Gerhard Bartels, parce qu’on m’avait promis une part de gâteau aux pommes.«
Sur les clichés, on reconnaît l’habileté d’Hoffman : une vue montre le dictateur, accroupi, prenant les mains du garçon. Sur une autre le Führer tient l’enfant blotti contre lui.
La propagande utilisera ces images à l’envi (cartes postales, affiches, livres) pour donner une vision positive du dictateur : celle d’un homme ordinaire, gai et proche des enfants.
Sans que Gerhard ni sa famille ne touchent le moindre Reichsmark, bien sûr. « Hitler a fait toutes les photos qu’il souhaitait, ironise Gerhard, mais quatre-vingts ans plus tard, j’attends toujours ma part de tarte ! »
1918 La république de Weimar accorde le droit de vote aux Allemandes. Celles-ci votent pour la première fois en janvier 1919.
1932 A l’élection présidentielle, 51,6 % des électrices ont voté pour Hindenburg ; 26,5 % pour Hitler.
1933 30 janvier : le président Hindenburg appelle Hitler à la chancellerie. En avril, pour lutter contre le chômage masculin, 900 000 femmes, la plupart de la fonction publique, sont renvoyees. Un « tribunal de santé héréditaire », composé d’un juge, d’un médecin et d’un SS, peut obliger une femme à avorter si elle ou son conjoint présente des risques de pathologie héréditaire.
1934 Au congrès de Nuremberg, Hitler exalte la femme qui, dans son foyer, mène la bataille de la fertilité et de la natalité.
1936 Himmler crée le Lebensbom (source de vie ), des institutions pour stimuler la démographie aryenne en accueillant dans des structures prévues à cet effet des mères célibataires et les jeunes filles qui acceptent de procréer avec des SS. Interdiction aux femmes d’exercer certaines fonctions dans la magistrature et le corps médical. Les femmes de 14 à 18 ans doivent adhérer à la ligue des jeunes filles allemandes (BDM).
1939 Ouverture du premier camp de concentration SS pour femmes à Ravensbrück.
Service du travail obligatoire (Arbeitsdienst) pour les femmes de 18 à 24 ans.
1940 Interdiction des relations sexuelles entre « Aryennes » et « hommes de races étrangères »
1943 Les SS ouvrent des bordels dans les dix plus grands camps. Environ 200 femmes ont été mises au service sexuel de prisonniers.
1945 Au procès de Bergen-Belsen, 16 surveillantes de camp sont jugées. Trois d’entre elles sont exécutées.
1946 Au procès mené par la justice américaine à Nuremberg, Herta Oberheuser, qui avait procédé à des injections létales sur des enfants à Ravensbrück, est condamnée à vingt ans de prison, Inge Viermetz, qui avait participé au programme d’État d’enlèvement d’enfants
polonais et yougoslaves, est acquittée.
Des enfants encore des enfants... La jeune fille était invitée à offrir un enfant au Führer afin d'accomplir son devoir et d'améliorer la race. Les excès furent nombreux !
Hitler, le premier, parla de l'émancipation de la femme comme « d'un symptôme contre nature semblable à la démocratie parlementaire ». A en croire les dirigeants du parti, de telles pulsions témoignaient « d'une frustration due à des fonctions insuffisantes des glandes sexuelles ». Goebbels, pour sa part, comparait la femme aux animaux.
La femme, disait-il, a le devoir d'être belle et de faire des enfants. L'idée n'est pas aussi vulgaire et vieux-jeu qu'elle pourrait le paraître. La femelle de l'oiseau se fait belle pour son mâle et fait éclore les oeufs pour lui. L'éloignement des femmes de la vie publique, que nous avons entrepris, n'est fait, en réalité, que pour lui rendre sa dignité.
De l'âge de six ans à celui de dix-huit, quand commençait la conscription en vue du Service du Travail et de l'Armée, filles et garçons étaient organisés dans les divers cadres des Jeunesses hitlériennes.
A cette époque, des parents pouvaient se reprocher de trop parler devant leurs fils membre de la Jeunesse hitlérienne, au risque de se voir dénoncés à la Gestapo.
De telles tragédies familiales familiales sont malheureusement survenues dans les milieux résistants, mais rarement. Pour cette triste raison : passées les premières années du régime, lesdits résistants, laminés, n'étaient plus trés nombreux !
Les enfants délateurs étaient chaudement félicités par les officiels, mais après, personne ne les aidait à vivre avec ce terrible souvenir. Le même cauchemar s'est produit en URSS, en Chine ou en Corée du Nord.