Mussolini organise la marche sur Rome le 30 octobre 1922
La question ministérielle réglée, Mussolini concentre ses efforts à calmer ses troupes qui attendent aux portes de Rome sous la pluie depuis trois jours. Il tient à leur donner la fière illusion qu’elles ont remporté une grande victoire. Aussi les fait-il pénétrer dans la capitale dans la matinée du 31. Il organise un long défilé de ses Chemises noires devant le palais royal mais, dès la parade achevée, l’ordre de Mussolini arrive, impératif et sec. Les unités fascistes quittent Rome par cinquante trains spéciaux, aux cris de : «Vive l’Italie ! Vive le Duce!» A l’âge de 39 ans, Benito Mussolini devient le chef de l’Italie. La marche sur Rome n’a pas fait un seul mort. Avec son air de dompteur, son génie de la mise en scène des revues et des défilés, son sens du drame et des formules qui subjuguent les foules, son réel talent de pamphlétaire qui paralyse tous ses adversaires, le Duce fait figure de sauveur de la patrie.
Certains dirigeants fascistes, vexés d’être écartés du pouvoir, sont fort agités. Le plus dangereux, Roberto Farinacci, entretient à Crémone un état de violente anarchie. Mussolini déclare à sa femme que «la victoire leur est montée à la tête. Ils ont des prétentions, se battent même entre eux et n’arrivent pas à imaginer qu’il faut rentrer dans la légalité. Ils me font perdre un temps fou à régler leurs petites querelles. » A Turin, le dimanche 17, deux fascistes ont été tués lors d’une rixe. Le chef fasciste local, Piero Brandimarte, décide de se venger. Il livre durant trois jours la ville aux Chemises noires, sans que les autorités s’y opposent. Vingt-deux antifascistes sont tués, dont le syndicaliste Ferrero. Mussolini fait destituer le préfet, ordonne aussi la dissolution temporaire du faisceau de Turin. Brandimarte est arrêté.
Benito Mussolini, en partie fidèle à son passé socialiste, entreprend d’importantes réformes sociales en faveur des classes défavorisées. La journée de travail est limitée à huit heures et la semaine à quarante heures. Le travail de nuit est interdit à toutes les femmes et aux garçons de moins de 18 ans. De nombreuses dispositions sont prises concernant l’hygiène du travail dans toutes les entreprises. L’assurance contre les risques du travail est mise en place, ainsi que les allocations familiales, celles du chômage et l’assurance contre les maladies. Dans le cadre de la Santé publique, Mussolini crée les premières colonies de vacances pour les enfants pauvres, les terrains de camping et de jeux, les vacances populaires. La dépense annuelle des allocations familiales est fixée à 344 millions de lires, dont 215 millions sont à la charge des patrons. Cette politique sociale très avancée est appréciée par toute la population.