Appelé à diriger le gouvernement israélien en 1977, Menahem Begin inaugure son règne par un premier infarctus du myocarde bientôt suivi d’une inflammation du péricarde ; deux ans plus tard, il fait un second infarctus.
En 1980, Begin souffre d’une thrombose de l’artère rétinienne et perd une partie de la vision de l’oeil droit. A la suite d’un vertige, il tombe chez lui et se fracture le col du fémur en décembre 1981. La guerre du Liban, en 1982, le montre absent des commandes de l’État ; c’est le général Sharon qui fait sa propre guerre. Au cours de l’enquête sur les massacres dans les camps palestiniens, Begin se contredit. Perte de mémoire, contre-vérité ? Mais sa désinvolture et son manque d’intérêt constituent des symptômes cliniques que la commission Kahane ne manque pas de stigmatiser. La mort de sa femme laisse Begin complètement désemparé.
En juillet 1983, Begin doit renoncer à se rendre à Washington pour y rencontrer le président Reagan. Artériosclérose, diabète, maladie d’Alvarez, infarctus du myocarde, dépression : c’est la fin dramatique le 15 septembre 1983 d’un grand homme politique dont la réussite essentielle restera le traité de paix historique avec l’Egypte.
Avant même de pouvoir savourer sa victoire aux élections de mai 1977, Menahem Begin est terrassé par un infarctus du myocarde ; quarante-huit heures avant la proclamation des résultats, Begin pourra sortir de l’hôpital. C’est donc d’emblée, un malade au pouvoir à l’âge de soixante-quatre ans. Il a préparé cet instant pendant toute sa vie ; il va mettre les bouchées doubles d’une part à la recherche de solutions pacifiques avec ses voisins, d’autre part, en vue de façonner le grand Israël. Il lui reste peu de temps et l’on doit se demander si Begin n’a pas fait, en 1982 notamment, une forme de syndrome d’Alenson, de fuite en avant au moment où il a ressenti des symptômes plus marqués de son artériosclérose cérébrale, d’autant plus que, une année plus tard, il fêterait ses soixante-dix ans.
N’avait-il pas dit, au moment de prendre le pouvoir : Il ne me reste plus que quelques années pour agir. J’ai dit publiquement il y a quelque temps, que si Dieu me prête vie et que j’atteins les soixante-dix ans, ce jour-là, je ferai savoir que je me retire non seulement du Parlement mais de la vie politique en général. Je pourrai faire savoir, dans le calme et la sérénité, qu’il est préférable qu’un homme plus jeune que moi poursuive la tâche.
Mai 1977 : infarctus du myocarde avec affection du péricarde.
Septembre 1977 : nouvelle hospitalisation après une violente discussion avec l’ambassadeur des Etats-Unis (le médecin personnel de Begin qui dévoile cet incident cardiaque est sévèrement réprimandé).
Juin 1978 : poussées plus importantes d’un diabète déjà connu ; prescription d’un régime et de sulfamides antidiabétiques ;
Mai 1979 : perte d’une partie de la vision de l’oeil droit à la suite d’une thrombose de l’artère centrale de la rétine.
Décembre 1979 : plusieurs députés sont alertés : M. Begin s’est égaré dans le Parlement (Knesset) et a eu de la peine à trouver sa place au banc des ministres !
Avril 1980 : attitude psychologique bizarre relevée par des journalistes.
Juin 1980 : deuxième infarctus du myocarde, nouvelle hospitalisation ;
Décembre 1981 : vertige dans sa salle de bains. Begin se fracture le col du fému.
Novembre 1982 : mort de Mme Begin. Stress important et état dépressif marqué.
Novembre 1982 : graves troubles de mémoire ou contrevérités lors des interrogatoires de la commission Kahane établie à la suite des massacres dans les camps palestiniens.
Juin 1983 : peine à marcher ; séquelles de fracture du col du fémur ou troubles
circulatoires ?
Au cours du printemps et de l’été 1983, de nombreux observateurs israéliens ne cessent de mentionner les changements dans les attitudes et les réflexions de M. Begin : il est fatigué, il a perdu de son mordant, il fait beaucoup moins de discours qu’auparavant, il contrôle mal les activités de ses ministres et il a laissé dégénérer le conflit avec les médecins qui ont dû faire la grève de la faim pour obtenir satisfaction, il ne rend pas visite aux militaires hospitalisés, il n’assiste pas aux funérailles des nombreux soldats victimes d’attentats dans les territoires occupés au Liban.
Chacun pensait que le voyage prévu aux Etats-Unis pour rencontrer le président Reagan constituerait un test sous le regard cruel des caméras de la télévision. Le test n’a pas eu lieu puisque prudemment, le président Begin a renoncé à ce voyage pour des raisons de santé évidentes, malgré les communiqués optimistes des hôpitaux. Cette incapacité physique (peut-être mentale) à effectuer le voyage aux Etats-Unis peut se comparer partiellement (toutes proportions gardées) à l’incapacité de M. Andropov, en juillet 1983, à accueillir le chancelier Kohl à l’aéroport de Moscou et à discuter avec lui le premier jour. Ce sont des réalités aussi bien médicales que politiques.
L’opposition a provoqué un débat à la Knesset qui a eu lieu le 20 juillet. M. Begin n’a jamais voulu répondre aux questions directes de M. Peres concernant les raisons du renvoi de son voyage aux Etats-Unis. De l’avis de très nombreux observateurs apolitiques, le changement dans la personnalité de M. Begin était évident. Par ailleurs, le porte-parole du département d’Etat à Washington, M. John Hughes, sans aucune retenue diplomatique, a déclaré après l’annonce de l’annulation du voyage de Begin aux Etats-Unis : Ce n’est un secret pour personne qu’avec la mort de sa femme (en novembre 1982), M. Begin a vécu une grande tragédie et que ses problèmes de santé sont bien connus. On voit que, aux Etats-Unis, on ne tenait pas compte des démentis de M. Begin et de ses médecins. L’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Samuel Lewis, n’hésitait pas à parler en public de l’attitude mentale nouvelle de M. Begin, devenu fatigué, indécis, sans agressivité et ayant passablement maigri. Enfin, le 22 juillet 1983, pour son soixante-dixième anniversaire, seuls quelques intimes avaient été invités pour cette célébration. Manifestement, M. Begin n’avait pas envie de rencontrer les foules à cette occasion.