L’attaque allemande démarra par des coups de canon tirés sur Dantzig, le port du couloir polonais qui séparait la Prusse orientale du Reich. Depuis 1919, les Allemands souffraient de voir l’ancienne cité hanséatique entièrement soumise à l’autorité polonaise, aussi Hitler attachait-il une importance symbolique a ce que l’Allemagne en reprît possession définitivement dés le premier jour des hostilités.
L’avant-veille, un navire-école de la marine allemande, le Schleswig-Holstein, était entré a Dantzig prétextant une visite de courtoisie. Véritable relique, certes, datant de 1906, le Schleswig-Holstein n’en était pas moins un navire de guerre, armé de puissants canons de 280 mm. Le 1er septembre au matin, il braqua ceux-ci sur la forteresse polonaise de Westerplatte, qui défendait le port de Dantzig. La garnison ne disposait pas d’un armement comparable; elle dut se résigner a subir un bombardement ininterrompu et meurtrier.
Tandis que le jour naissait à la frontière, le général polonais Wladislas Anders, qui commandait une division stationnée dans le village de Lidzbark, à 150 kilomètres au sud-est de Dantzig et à 20 kilomètres au sud de la frontière de la Prusse orientale, entendit le ciel s’emplir d’un bourdonnement régulier et menaçant.
C’étaient les bombardiers de Hitler En quelques heures, ils décimèrent les arrières du front polonais, détruisant au sol la majeure partie des forces aériennes, anéantissant avions, hangars et dépôts de carburant, rasant des gares bondées de mobilises qui rejoignaient leurs unités, faisant sauter les trains, les ponts, les stations de radio, les quartiers généraux, les casernes et les fabriques de munitions. Bombes à grande puissance et bombes incendiaires ravagèrent les villes, semant la panique parmi les civils.
Les troupes polonaises en position a proximité de la frontiere furent tout d’abord attaquées au moyen d’une arme aussi épouvantable qu’inattendue: le Stuka, qui opérait par vagues successives.
Son efficacité effrayante résultait en partie de son impact psychologique: de nombreux appareils de ce type étaient pourvus, sous le train d’atterrissage, de sirènes qui émettaient un bruit strident lors de la descente en piqué. Lorsqu’un Stuka tombait du ciel a la verticale en produisant cet immense hurlement a briser les tympans, chaque soldat au sol avait l’impression qu’il piquait droit sur lui. Des hommes rompus au combat, capables de soutenir un bombardement d’artillerie d’une puissance destructive infiniment supérieure à celle du Stuka se laissèrent, dans les débuts du moins, complètement démoraliser par l’aspect de ce monstre et le son terrifiant qu’il émettait en fondant sur eux.