Margherita Sarfatti est une maîtresse de Mussolini

Journaliste brillante et exaltée, Margherita n’a d’yeux que pour son Benito. Elle écrit ses discours, théorise le fascisme et le hisse au sommet. Mais en 1934, le Duce rencontre Hitler.

Pendant 22 ans Margherita Sarfatti est le principal soutien de Mussolini

En 1939, Margherita Sarfatti, 59 ans, est obligé de fuir l’Italie, son pays. Depuis un an, les lois raciales proclamées par Mussolini rendent la vie impossible aux Juifs. Née d’une famille juive
vénitienne, Margherita est pourtant la femme qui a partagé la vie de Mussolini. Pendant vingt-deux ans, elle est son principal soutien politique et exerce sur lui une immense influence. En 1912, Mussolini est directeur de la rédaction du quotidien socialiste Avanti !. A cette époque, Margherita Sarfatti veut écrire, et collabore à la rubrique culture. Quelques coucheries plus tard, elle codirige le journal. Très rapidement, les idées de Mussolini évoluent vers le fascisme. Et Margherita s’en fait son interprète.
Elle dirige Gerarchia, la revue théorique du fascisme. Issue d’une famille riche, elle met sa fortune et ses réseaux au service de Mussolini. Elle fédère le milieu culturel autour de lui et le parti fasciste monte en puissance. En 1922, dans un pays en déliquescence, Mussolini prend le pouvoir par la force. Margherita intervient encore : cet homme, il faut le faire aimer. Alors elle se lance dans l’écriture d’une biographie.

Rachèle, la femme de Mussolini, est jalouse

Rachèle, la femme de Mussolini, est jalouse

En mars 1924, Mussolini se rend à Milan pour les élections. Il doit y rester une dizaine de jours. Cependant, il ne passe pas ses nuits dans l’appartement familial du forum Bonaparte. Il est censé coucher à son bureau, dans la préfecture. Rachele se met en colère.
Elle quitte Milan pour Forli, en emmenant les enfants. Elle s’installe dans la maison de Carpena qu’elle a acquise pendant la guerre. Prévenu, le Duce ne s’inquiète pas. Il connaît le caractère de sa femme.
« Ce n’est qu’une tempête dans un verre d’eau, dit-il à Cesare Rossi. Je couche à la préfecture uniquement parce que les enfants font trop de bruit à la maison. C’est tout.« 
Cesare Rossi ne dit rien mais sourit. Il sait bien, lui, que chaque nuit Margherita vient à la préfecture. A la fin de cette année 1924, Margherita Sarfatti multiplie ses voyages à Rome et y fait des séjours de plus en plus longs. Elle y rejoint le Duce qui est alors installé dans un petit appartement du palazzo Tittoni, via Rasella.
Quand, en 1929, Rachele et les enfants quittent Milan pour rejoindre enfin Mussolini à Rome, les liens entre le Duce et la Sarfatti sont théoriquement rompus. Ils se voient pourtant et s’écrivent.
Mussolini ne se donne même pas la peine de cacher les innombrables lettres de Margherita. Un jour, excédée, Rachele en fait un tas et demande à son mari s’il a l’intention de les garder toute sa vie.
Avec désinvolture, il répond :
« Non. Tu peux les brûler.« 
Ce que Rachele s’empresse de faire dans la cheminée du salon de la villa Torlonia où ils habitent à présent.

Margherita Sarfatti est juive

Margherita Sarfatti dans la biographie qu’elle consacre à Mussolini vante ses exploits, le montre à cheval, dompteur de lion, saluant la foule. Il est là, beau, fort, charismatique. En 1925, le livre intitulé Dux, le terme latin pour « meneur », est un vrai succès de librairie, et est traduit dans une vingtaine de langues. Le mythe du Duce est né, c’est elle qui l’a créé. Dans le même temps, Mussolini installe sa dictature fasciste et autoritaire.
Mais il commence à se lasser de subir l’inf luence de sa maîtresse et s’en détache peu à peu. Il la voit moins, ne l’écoute plus. Le coup de grâce intervient en 1934, lorsqu’il rencontre Hitler. Le voilà contaminé par les idées antisémites.
Le problème, c’est qu’avant d’être fasciste, Margherita est juive. Il la fait licencier des journaux où elle travaille.
« Ces saloperies de Juifs, il faut tous les détruire. Je ferai un massacre », déclare-t-il en privé.
Margherita fuit à Paris, puis en Amérique latine. Sa sœur et son beau-frère meurent à Auschwitz en 1943.
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