La mort de Charette, fusillé à Nantes en 1796

Exécution et mort de Charette le 29 mars 1796

Exécution et mort de Charette fusillé à Nantes

Dans la soirée il reçoit quelques membres de sa famille. Il passe une nuit extrêmement tranquille. Très tôt le lendemain matin, sa sœur vient le voir. Il lui avait demandé la veille la bénédiction d’un prêtre réfractaire avant de mourir, car Duthil n’autorise que la visite d’un prêtre constitutionnel, l’abbé Guibert.
— Au deuxième étage de la quatrième maison sur votre droite, lui dit sa sœur, un prêtre réfractaire en habit laïc, avec un mouchoir blanc à la main pour que vous le reconnaissiez.
A peine a-t-elle fini de donner ces détails que Charette est emmené pour comparaître devant ses juges. Simple formalité, qui se déroule dans la prison du Bouffay où est enfermé Charette, dans la grande salle du premier étage où le sinistre Carrier ordonnait ses noyades.
Pas un trait du condamné de tressaille lorsqu’il entend la sentence ne lui laissant que quelques heures avant l’exécution.
Charette, à quatre heures de l’après-midi, sort de la prison. A ses côtés l’abbé Guibert qui l’a confessé, et l’avocat, maître Villenave, qui a tenté avec courage de le défendre le matin même. Les tambours résonnent lorsqu’il descend les marches de la prison du Bouffay et se place dans le cortège, à peu près le même que celui de la veille, qui doit le conduire à la mort. Il descend sur le quai, tourne à droite, enfile la rue Georges… C’est là, à la quatrième maison sur sa droite, qu’un prêtre en civil agite un mouchoir blanc. Charette incline la tête pour recevoir la bénédiction et continue sa marche d’un pas ferme.
Sur la place des Agriculteurs, aujourd’hui place Viarmes. 1000 hommes sont ranges sur les trois côtés d’un vaste carré. Le peloton d’exécution se tient en face du quatrième côte, à l’ouest, un long mur en mauvais état, percé de portes. Au milieu de la place, douze généraux en grand uniforme, à cheval, attendent Charette.
Le cortège débouche de la rue du Marchix et tous les soldats se mettent au port d’armes. Charette approche. toujours aussi tranquille, ferme, décidé.
Il passe devant Duthil, le premier des généraux à cheval, sans tourner la tète mais s’arrête devant Travot qui inaugure son uniforme tout neuf de général.
— Général, je vous remercie de toutes les attentions que vous avez eues pour moi.
Il passe devant le cercueil qui l’attend, assure à son confesseur plus ému que lui :
— J’ai été cent fois à la mort sans crainte. j’y vais maintenant pour la dernière fois.
Il embrasse le malheureux abbé Guibert éperdu. se place devant la porte peinte en rouge prévue pour l’emplacement de son exécution et fait face aux dix-huit hommes du peloton. Il refuse de s’agenouiller, refuse également le bandeau pour ses yeux. C’est lui-même, d’une voix forte qui retentit sur la vaste place ou chacun retient sa respiration. qui lance l’ordre :
— Chasseurs à vos rangs ! Il ajoute :
— Quand je baisserai la tête. tirez tous droit au coeur !
Les soldats, sans en avoir reçu le commandement, lui présentent les armes puis, au roulement de tambours, lorsqu’ils voient Charette écarter les bras. comme pour s’offrir à la mort. et baisser la tête, ils tirent.

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