La femme allemande est l’éclat du soleil devant le fourneau de la patrie, lit-on en 1936 dans L’ABC du national-socialisme. La politique familiale du IIIe Reich se résume à un vaste programme nataliste, chargé, dans une optique eugénique, de stimuler la fécondité de l’élite raciale.
Les femmes dans le système nazi
1936 – Himmler crée le Lebensbom («source de vie »), des institutions pour stimuler la démographie aryenne en accueillant dans des structures prévues à cet effet des mères célibataires et les jeunes filles qui acceptent de procréer avec des SS.
Interdiction aux femmes d’exercer certaines fonctions dans la magistrature et le corps médical.
Les femmes de 14 à 18 ans doivent adhérer à la ligue des jeunes filles allemandes (BDM).
1939 – Ouverture du premier camp de concentration SS pour femmes à Ravensbrück.
1940 – Interdiction des relations sexuelles entre « Aryennes » et « hommes de races étrangères »
1943 – Les SS ouvrent des bordels dans les dix plus grands camps. Environ 200 femmes ont été mises au service sexuel de prisonniers.
1945 – Au procès de Bergen-Belsen, 16 surveillantes de camp sont jugées. Trois d’entre elles sont exécutées.
Service du travail obligatoire pour les femmes de 18 à 24 ans.
1946 – Au procès mené par la justice américaine à Nuremberg, Herta Oberheuser, qui avait procédé à des injections létales sur des enfants à Ravensbrück, est condamnée à vingt ans de prison, Inge Viermetz, qui avait participé au programme d’État d’enlèvement d’enfants polonais et yougoslaves, est acquittée.
Dès 1933, on prit soin de modifier le programme des écolières à qui le ménage, le foyer allaient être réservés en lieu et place des études à l’Université. Chaque année, chaque mois même, de nouveaux décrets rabaissaient la femme à une condition inférieure. En juin 1936. une loi interdit aux femmes d’exercer les fonctions de juge, de procureur, ainsi que diverses autres hautes fonctions dans la magistrature. La femme, selon les nazis, ne pouvant juger que d’après ses sentiments, était incapable de rendre la justice conforme à l’idéal du parti. Enfin, les doctoresses mariées perdirent, elles aussi, leur emploi « devant la nécessité de se vouer à l’enfantement » jusqu’au jour, où, faute d’hommes, on dut les rappeler.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la plupart des femmes finirent par considérer que le culte de la maternité, en dépit de tous les désavantages de la discrimination contre le sexe féminin, était un bien nécessaire à la patrie. Afin de montrer leurs sentiments antibourgeois de vraies nationales-socialistes, elles cherchèrent à ressembler à l’idéal féminin de la blonde éclatante, aux hanches larges, aux cheveux noués derrière la nuque ou tressés en couronne autour de la tête. Le maquillage était « non allemand » et ne pouvait servir qu’aux visages « marqués par l’érotisme des filles orientales ». Dans les autobus de Berlin, les filles maquillées étaient traitées de « putains », parfois même de « traîtres à la patrie ». Les Gauleiter de certaines régions allèrent jusqu’à interdire la teinture de cheveux et la permanente.
De même, certaines organisations excluaient de leurs rangs les femmes qui fumaient en public. « Fumer, disait-on, entravait la prédisposition à la fécondité. »
La minceur, chez une femme, était, elle aussi, combattue. Il était de notoriété publique que les femmes trop minces ne pouvaient avoir beaucoup d’enfants, de même que les femmes qui aimaient trop leur chien ne pouvaient que priver leur future progéniture de cet amour.
Les actualités cinématographiques du Ille Reich mettaient continuellement en évidence ces thèmes. La projection répétée d’images d’animaux domestiques était toujours accompagnée des mêmes commentaires :
Celui qui donne à un chien la place qui revient à un enfant, commet un délit contre la nature et contre notre peuple. L’amour inconsidéré des bêtes va à l’encontre de la nature. Il n’élève pas l’animal mais rabaisse l’être humain.
La propagande réservée à la femme adulte, si elle varia selon les circonstances, fut toujours animée par deux préoccupations distinctes: la quantité numérique et la qualité raciale.
La première menait tout droit à la guerre sur le « front des naissances », afin de couvrir les besoins démographiques croissants du pays ; la seconde allait être réservée à l’élite du peuple allemand, à l’espèce nordique, blonde aux yeux bleus, autrement dit, à ce qu’on a pu appeler plus tard l’élevage humain de la SS.
Le service des eaux, au IVe siècle, était confié à un fonctionnaire spécial, dont l’importance était telle qu’on ne le choisissait pas par tirage au sort, comme la plupart des magistrats, mais par élection. Il devait être riche pour pouvoir contribuer de ses deniers aux devoirs de sa charge.