L’essentiel de la guérilla se déroule dans le bocage, qui forme un paysage de bois épais et de chemins creux, souvent impraticables. Les Vendéens profitent des hautes haies et des taillis de genêts pour se cacher et attaquer l’adversaire par surprise. Ce paysage, qui n’offre aucune visibilité (ce n’est plus le cas aujourd’hui), sera un allié précieux pour les insurgés et un piège redoutable pour les patriotes.
Leur tactique est commandée pour ainsi dire par l’état du terrain. La Vendée protège le vendéen, elle est à son service comme il est au sien. Communion intime entre le sol et l’homme. Il sont chez eux ces paysans, sur ces huit cents lieues carrées de boqueteaux de landes humides sillonnées de petits ruisseaux, de champs clos de haies vives ou de murs de pierres, de chemins tortueux où charrois et canons se glissent péniblement. Turreau, le cruel adjudant général des Bleus, le dira dans ses Mémoires :
Les convois ont de la peine à faire trois lieues durant toute la journée, encore le plus souvent faut-il se servir, pour les transports, de bœufs et de charrettes du pays. qui n’ont pas la voie ordinaire. Les chemins n’ont que la largeur de ces charrettes. Il s’y trouve rarement des espaces, des carrefours où les voitures puissent tourner, et, quand l’escorte d’un convoi est battue, il devient infailliblement la proie des rebelles. Eussiez-vous pu faire, d’avance, des dispositions de retraite, elle est nécessairement si lente que vous ne le sauvez.
Mme de La Rochejaquelein, décrit la tactique de ces guérilleros collant à leur terrain :
Leur attaque est une irruption terrible, subite. presque toujours imprévue. (…) Ils n’attendent pas de commandement pour tirer. Si vous résistez à leur violente attaque, il est rare que les rebelles vous disputent la victoire, mais vous en retirez peu de fruits parce qu’ils font leur retraite si rapidement qu’il est très difficile de les atteindre, le pays ne permettant presque jamais l’emploi de la cavalerie. Ils se dispersent, ils vous échappent à travers champs, haies, bois, buissons, connaissant tous les sentiers, les faux-fuyants, les gorges, les défilés, connaissant tous les obstacles qui s’opposent à leur fuite et les moyens de les éviter. Vainqueurs, ils vous cernent, vous coupent de toutes parts ils vous poursuivent avec une fureur, un acharnement. une volonté inconcevable.
Tout est au service du Vendéen. Il a son code, qui utilise toutes choses. Le moulin, en particulier, est le meilleur auxiliaire du combattant. La position de ses ailes, suivant qu’elles sont couvertes ou dégagées. est un précieux renseignement. Sachez que si les ailes sont arrêtées, l’ennemi n’est pas loin.