Derniers moments de Robespierre

Le 27 juillet 1794, accusé de tyrannie, Robespierre est arrêté par la Convention et guillotiné dès le lendemain. La chute de l’ancienne idole de la Révolution a fait couler beaucoup d’encre. Que sait-on exactement des derniers jours de l’Incorruptible ?

1787
Il rejoint une société littéraire, les Rosati., dont l’emblème est la rose. Et écrit des poèmes sur l’amour et le vin.
1789
Défenseur des plus humbles, il est choisi par la corporation des savetiers pour rédiger le cahier des doléances. Le 26 avril, il est élu député du tiers état d’Artois aux états généraux du royaume, convoqués à Versailles le 5 mai suivant.
1790
Le 1er avril, contre l’avis de Necker, l’Assemblée publie le Livre rouge démontrant les dépenses de la cour.
1791
Robespierre fait voter une loi interdisant aux Constituants d’être rééligibles et se l’applique. Il rejoint le club des Jacobins.
1792
Publication, le 17 mai, du premier numéro de son journal: Le Défenseur de la Constitution. Le 11 août, au lendemain de la prise des Tuileries, il est nommé représentant de la Commune. Le 21 septembre, il se rallie à la République
1793
Le 16 janvier, Robespierre vote la mort du roi. Le 27 juillet, il est élu à la tête du Comité de salut public.
1793
Le 10 mars, en pleine guerre de Vendée, l’armée des Blancs est anéantie le 23 décembre, lors du désastre de Savenay.
1794
Le 27 juillet, soit le 9 thermidor an II, Robespierre est guillotiné

Le retour à la tribune de la Convention de Robespierre

La Fête de l’Être suprême, le 8 juin 1794 qu’il présida, marqua son triomphe. Mais aussi le début de sa perte : certains de ses collègues montagnards commencèrent à penser qu’il se prenait trop pour un pontife; par ailleurs, les envoyés en mission rappelés, comme Fouché, Tallien et Barras, ne se sentaient pas en sécurité. Trois semaines plus tard, Robespierre se tint éloigné du Comité de Salut Public pour cause de maladie, peut-être de dépression.
Le 8 thermidor (26 juillet) , il parut à la tribune de la Convention. Il y avait un monde fou. Chacun sentait que quelque grand événement se préparait. Après avoir ajusté ses lunettes, l’orateur, parlant au nom des siens, rejeta d’emblée les insinuations de ses ennemis et repoussant la calomnie qui le désignait comme aspirant à la dictature.
La voix de Robespierre s’arrêta soudain. Il y eut un flottement. Dans un premier mouvement, l’Assemblée décida l’impression et la diffusion du discours dans les communes de France.
Billaud se leva : « Ce discours inculpe les comités ; qu’on le soumette à un examen sévère. » Beaucoup de députés se croyaient toujours menacés par Robespierre, qui ne songeait pas du tout à eux.
Le soir même, il relut son discours au club des Jacobins, où il comptait une majorité de partisans : « La ligue des méchants est tellement forte que je ne puis espérer de lui échapper. Je succombe sans regrets. Je vous laisse ma mémoire et vous la défendrez. »

L'arrestation de Robespierre

Le retour de Robespierre à la Convention, le 8 thermidor, on l’a vu, est brutal et maladroit. Ses menaces, imprécises, visent autant les « terroristes » Fouché ou Tallien que les partisans d’une ligne républicaine intransigeante, Billaud-Varenne et Collot d’Herbois. Ses accusations contre Cambon sont très mal reçues. La coalition des opposants, des mécontents et des apeurés se forme dans l’urgence, dans la nuit du 8 au 9.
Lorsque le lendemain Robespierre entre dans l’Assemblée à 11 heures, il a l’air serein. « Sur le papier », c’est lui qui a les atouts en main: il a été acclamé la veille aux Jacobins, Saint-Just a passé la nuit à rédiger un discours d’apaisement… Mais sur le terrain, ses adversaires, coalisés depuis la veille, ont l’avantage : ils ont convoqué le maire de Paris Fleuriot-Lescot et le chef de la Commune Payan aux Tuileries où siège le Comité de salut public et ont investi un général au commandement de la garde nationale à la place d’Hanriot, ce qui prive la Commune de la possibilité de mobiliser les sections. Rien ne se fera contre eux dans la matinée.
A la Convention, Saint-Just est interrompu dès les premières lignes de son discours par les opposants à Robespierre qui peuplent les tribunes. Celui-ci est empêché de parler par Billaud-Varenne qui rappelle que Dumas l’a menacé de la guillotine la veille. Barère demande et obtient l’arrestation de Dumas et d’Hanriot. Il est 12 h 45.
Vadier évoque à nouveau les liens de Robespierre avec Catherine Théot : la crise aurait pu s’arrêter là, et Robespierre ridiculisé aurait été marginalisé. Mais Tallien qui craint pour sa vie et pour celle de sa maîtresse la belle Thérésa Cabarrus, emprisonnée à la Conciergerie, accuse Robespierre de vouloir égorger les députés.
L’Assemblée s’embrase. Robespierre échoue à prendre la parole devant les protestations qui s’élèvent contre lui. Sous les cris de « A bas le tyran ! », « Le sang de Danton t’étouffe ! », il est contraint au silence, tandis que deux obscurs députés mettent aux voix son arrestation, incitant son frère Augustin à réclamer de partager son sort.
Et l’improbable se produit. La Convention approuve l’arrestation de Robespierre par acclamation et décide d’arrêter aussi Couthon, Le Bas et Saint-Just.

En quelques minutes le drame était consommé

Robespierre fut retrouvé la mâchoire fracassée et râlant

La Commune de Paris fit libérer par la force Robespierre et ses amis et les entraîna à l’Hôtel de Ville. Cet acte illégal aurait dû être soutenu par une vraie force populaire. Mais ‘une colonne de la Convention, menée par Léonard Bourdon, et des sections parisiennes, dont celle des Gravilliers, autrefois dirigée par Jacques Roux, envahit l’Hôtel de Ville où les députés « libérés » se trouvaient pratiquement seuls.
En quelques minutes, le drame était consommé. Alors que Saint-Just attendait sans faire un geste, qu’Augustin Robespierre se jetait par une fenêtre et se cassait une jambe, que Couthon se faisait projeter au bas des escaliers, que Lebas (époux d’Élisabeth Duplay, l’une des filles du logeur de Maximilien) se tuait d’un coup de pistolet, Robespierre fut retrouvé la mâchoire fracassée et râlant : coup de feu tiré par le gendarme Merda ou tentative de suicide? Maximilien ne pouvait plus le dire…

Robespierre avait 36 ans

Robespierre et vingt de ses amis, dont Saint-Just, Couthon, Hanriot, Simon, sont conduits à l'échafaud

Dès le lendemain de l’attaque de l’Hôtel de Ville, Robespierre et vingt de ses amis, dont Saint-Just, Couthon, Hanriot, Simon, sont conduits à l’échafaud. Robespierre avait été sommairement pansé : sa mâchoire fracassée tenait grâce à des bandes enroulées autour de sa tête. Capable de marcher, il monte seul, sans être aidé, sur la plateforme. Sanson demande à un de ses aides d’enlever les bandages du blessé, car ils risquent d’entraver le bon fonctionnement du couperet dont l’action peut s’interrompre en plein milieu de sa tâche séparatrice – cela s’était déjà vu…
L’aide enlève alors sans ménagement le bandage, mais emporte la mâchoire qui pend en morceaux ! Robespierre pousse un cri terrible, effrayant ! Il est poussé sur la planche. Sa tête tombe. Elle est montrée au peuple qui applaudit longtemps. Ce 28 juillet – 10 thermidor – 1794, les averses d’orage des jours précédents ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Le ciel s’éclaircit. Il fait un grand soleil !

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