les villes connaissent un accroissement considérable
en France, surtout entre le XIIe et le XVe siècle.
Elles offrent maintes occasions de distraction à la population. Dans quelle mesure les femmes qui n’appartiennent pas à l’aristocratie peuvent-elles y être heureuses ?
Les femmes se passionnent rapidement pour le jeu de cartes dont la grande vogue date du règne de Charles VII. La chose s’explique aisément. Exclues dans une large mesure des jeux d’exercice, ne pouvant jouer aux dés sans être mal vues si elles occupent un certain rang, elles trouvent dans les cartes l’occasion de mêler hasard et réflexion. Il s’agit, en outre, d’un jeu d’intérieur, ce qui leur convient parfaitement. Dans cet intérieur où elles se retrouvent pour bavarder, en particulier le soir à la veillée. Une habitude que n’apprécient guère les autorités ecclésiastiques qui redoutent des indécences. Un mandement de 1493 relatif au diocèse de Saint-Brieuc rappelle l’interdiction de tenir de telles réunions dans notre cité et le diocèse entier.
Si les femmes n’ont pas le droit d’exercer la médecine, quelques-unes pourtant réussissent dans ce domaine, telle Jacqueline Félicie de Almania, connue par le procès que lui intentent les régents de la Faculté de Paris. Elle agit en vrai médecin, mirant les urines et prenant le pouls. Plusieurs patients viennent témoigner en sa faveur, affirmant qu’elle les a guéris, alors que d’autres médecins n’y parvenaient pas. L’un d’eux affirme qu’il a fréquemment entendu l’accusée dire qu’elle s’y connaît davantage en matière de médecine et de chirurgie que les praticiens parisiens les plus renommés. Jacqueline elle-même déclare que l’ordonnance qui est à l’origine du procès a pour but d’empêcher les ignorants d’exercer la médecine; elle ne la concerne donc pas puisqu’elle possède savoir et expérience. En outre, les doctoresses, ajoute-t-elle, sont nécessaires parce que de nombreuses femmes éprouvent de la honte à montrer à des hommes leurs organes intimes.
Des femmes travaillent le cuir, d’autres le métal. En 1415, à Toulouse, les balles des boursiers (fabricants de bourses) poursuivent le ceinturier Hélie Olivier et son épouse Agnès, accusés d’exercer le métier de boursier de façon illégale. Agnès déclare qu’elle est demeurée plus de douze ans en ce métier et le connaît. Une transaction intervient. Moyennant le paiement des frais du procès, des droits d’entrée et l’exécution d’un chef-d’œuvre, Agnès est autorisée à travailler comme boursière, avec un seul apprenti, sans que son mari puisse l’aider. La place des femmes dans l’artisanat est donc loin d’être négligeable.
A en juger par les sources, la condition de la femme est pourtant loin d’être toujours agréable. Au cours du Moyen Age, sa condition a d’ailleurs évolué, se détériorant à la fin de cette période. Ainsi, la veuve de l’artisan suscite des réticences, car on voit en elle une concurrente, alors que l’épouse se borne à aider son mari. Pourtant, la situation des femmes médiévales pourrait être enviée par leurs semblables du XIX’ siècle. Il faudra d’ailleurs attendre ces dernières décennies pour qu’elles retrouvent dans certains domaines la situation qu’elles occupaient alors.
La situation de la femme médiévale est enviée au
XIXe siècle.
La situation de la femme médiévale est enviée au
XIXe siècle.