La terreur judiciaire à son apogée

Il existe aussi une France qui échappe quasiment à la Terreur. Ainsi, dans six départements, on ne compte aucune condamnation à mort et leur nombre est inférieur à dix dans trente et un autres. Le nombre de victimes officiellement condamnées par les tribunaux révolutionnaires, de Paris comme de province, s’établit à 17000, chiffre qui n’intègre ni les exécutions sommaires et ni les décès en prison.

Aucune illusion

Girey-Dupré, sous-garde à la Bibliothèque et rédacteur de journaux, fut appelé à comparaître devant le tribunal révolutionnaire. Comme il ne se faisait aucune illusion sur le sort qui l’attendait, il apparut les cheveux coupés sur la nuque et sa chemise rabattue sur son habit. Au président Lescot-Fleuriot, qui remplaçait ce jour-là Fouquier-Tinville, il déclara :
Je suis prêt, faites votre office.

La terreur judiciaire est à son apogée, une seule peine... La mort !

La terreur judiciaire est à son apogée. Le Tribunal révolutionnaire est réorganisé pour assurer un rendement plus efficace

À partir de floréal (avril-mai 1794), le rythme des décapitations s’accélère: 354 condamnations à mort en floréal, 509 en prairial, 796 en messidor, et 342 pour les neuf premiers jours de thermidor. La terreur judiciaire est à son apogée. Le Tribunal révolutionnaire est réorganisé pour assurer un rendement plus efficace. La loi du 10 juin 1794 est présentée par Couthon qui déclare : Le délai pour punir les ennemis de la patrie ne doit être que le temps de les reconnaître. Son inspirateur n’est autre que Robespierre lui-même.

Le Tribunal révolutionnaire disparaît le 31 mai 1795.

Le nombre des juges est renforcé, ce qui permet d’organiser des sections, formées de trois juges et neuf jurés, et donc d’accélérer le rythme des procès. Le Tribunal compte désormais un président, quatre vice-présidents, un accusateur public, assisté de quatre substituts, douze juges et cinquante jurés. Cette réforme permet aussi une épuration des hommes les moins sûrs. Les défenseurs sont supprimés, mais le Tribunal peut encore entendre des témoins si l’accusateur public le décide. Une seule peine est désormais possible, la mort. Quant aux preuves, elles ne sont plus utiles pour établir la culpabilité d’un prévenu, seule suffit « la conscience éclairée des jurés éclairés par l’amour de la patrie ». Enfin, la loi prévoit de centraliser à Paris le jugement des « ennemis de la Révolution », les tribunaux révolutionnaires de province devant donc envoyer leurs suspects dans la capitale.
C’est ainsi que les Carmélites de Compiègne, transférées à Paris le 12 juillet, à la suite d’un rapport du comité révolutionnaire de Compiègne transmis au Comité de sûreté générale et de surveillance de la Convention, sont guillotinées le 17. Les seuls à échapper à ce dispositif expéditif sont les députés. Il faut en effet un décret d’accusation pris par la Convention pour pouvoir envoyer un député devant le Tribunal, si bien qu’aucun d’entre eux ne sera jugé entre avril et juillet, ce qui n’empêche pas le renforcement de l’opposition à Robespierre.
La chute de ce dernier et son exécution entraînent une réforme du Tribunal révolutionnaire. Symbole par excellence de la Terreur, il ne survit que le temps de mettre en jugement ceux des juges et des jurés qui avaient le plus incarné son action. C’est ainsi que Fouquier-Tinville est jugé et condamné à mort le 17 floréal an III, en compagnie de neuf autres membres du Tribunal, dont Hermann. Pour sa défense, Fouquier-Tinville fait valoir qu’il n’a été qu’un instrument d’une législation répressive, mais il devait connaître lui aussi la sensation de la lame glissant le long de son cou. Le Tribunal révolutionnaire disparaît le 31 mai 1795.

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