Dans quel état se trouve l’Eglise de France à la fin de la Terreur ?
Des centaines de lieux de culte ont été pillés, autant de clochers détruits, et selon les archives du bourreau Charles Sanson, 1 135 prêtres on tété exécutés entre 1789 et 1795. Mais cette déchristianisation a fini par s’essouffler. En septembre 1794, par souci d’économie, la Convention supprime le budget de l’Eglise assermentée. La République ne salarie plus les prêtres. instaurant ainsi une première séparation entre l’Eglise et l’Etat Cinq mois plus tard, la liberté de culte est rétablie, les églises rouvrent leurs portes. Mais ce n’est qu’en 1802 que la Constitution civile du clergé est définitivement enterrée, avec la signature du Concordat, qui rétablit les relations entre l’Etat français et le Saint Siège.
La période de la Terreur (septembre 1793-juillet 1794) fut la plus sanglante de la Révolution. On estime que sur cinq cent mille personnes incarcérées, dix-sept mille furent condamnées à mort à la suite d’un procès, vingt-cinq mille exécutées sans jugement et quelques milliers moururent en prison et en déportation.
Les tribunaux révolutionnaires qui condamnèrent des prêtres réfractaires et assermentés, des religieux, des religieuses pour des motifs religieux invoquèrent leur fanatisme, mot synonyme de religion pour les conventionnels et, plus précisément, de christianisme.
« Allons au pied du grand autel célébrer la messe rouge ! » s’écria un jour Jean-Baptiste Amar, du Comité de Sûreté générale, conférant ainsi un caractère sacrificiel révolutionnaire à l’échafaud et aux exécutions capitales. L’Eglise a canonisé ou béatifié, outre les victimes des Massacres de septembre, quatre-vingt dix-neuf martyrs d’Angers (sept prêtres, six religieuses et quatre-vingt-six laïcs) guillotinés, fusillés ou noyés ; les quinze carmélites de Compiègne guillotinées à Paris le 17 juillet 1794 ; quatre filles de la Charité, guillotinées à Arras le 28 juin 1794 ; trente-deux sacramentines et ursulines du Vaucluse, guillotinées à Orange du 6 au 26 juillet 1794 ; onze ursulines de Valenciennes, guillotinées les 17 et 23 octobre 1794.
Les prêtres ne sont pas les seuls martyrs chrétiens de la Révolution, loin de là, puisqu’il y en eut quatre mille six cents parmi les milliers de résistants de la foi. Des prêtres, Mirabeau avait dit : Nous avions pris leurs biens, ils ont gardé leur honneur !
A l’échafaud et devant les pelotons d’exécution les laïcs firent preuve d’une aussi grande foi. Qui étaient-ils ? Des hommes, des femmes de toutes les conditions. Des tisserands, laboureurs, vignerons, maçons, tanneurs ; des fileuses, boulangères, couturières, lingères, servantes, demoiselles nobles, maîtresses d’école moururent pour avoir tranquillement répondu oui à la question : « Vous souffririez la mort pour votre religion ? » ou pour avoir fièrement affirmé leur fidélité à l’Eglise catholique et romaine .
De 1792 et 1795, des milliers d’hommes et de femmes furent condamnés à mort à cause de leur croyance. Les Constituants de 1789 avaient pourtant proclamé dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen que nul ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses.