A Rome, à la fin du IIeme siècle, le total des jours fériés dépassait quatre mois par an. Ils étaient consacrés aux jeux de cirque (courses de chars), aux spectacles de combats de gladiateurs, d’hommes contre des bêtes féroces et aux représentations du théâtre (pièces à grands spectacles, concours et mimes).
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Construction du Grand Cirque de Rome par Tarquin l’Ancien.
1er siècle
Construction des arènes de Nîmes et d’Arles.
IIe siècle
Le cirque de Carthage, alors capitale de l’Afrique romaine, est le deuxième, par la taille, de l’Empire.
Ces compétitions, comme d’ailleurs les autres épreuves hippiques ou athlétiques, se déroulent dans le cirque, et le Grand Cirque de Rome (le Circus Maximus) comme on dirait la Très Grande Bibliothèque, peut accueillir au moins 150000 spectateurs, ce qui en a fait le plus grand édifice de spectacles du monde jusqu’à l’époque contemporaine : rappelons que notre Stade de France à Saint-Denis n’a même pas une capacité de 100000 places…
Et ces places sont toutes occupées lors des jeux : on fait même la queue en pleine nuit pour bénéficier d’entrées gratuites, au risque de réveiller l’empereur, dont le palais n’est pas loin sur le Palatin. Conséquences fâcheuses lorsqu’on dérange un empereur déjà un peu dérangé comme Caligula (37-41 de notre ère), d’autant que celui-ci veut aussi protéger le repos de son cheval favori Incitatus. Et Suétone de raconter: «Troublé dans son sommeil par la rumeur des gens qui, dès le milieu de la nuit, s’installaient aux places gratuites dans le cirque, il les fit tous chasser à coups de bâton; dans la bousculade, furent écrasés plus de vingt chevaliers romains, et tout autant de matrones, sans compter une foule immense d’autres spectateurs.»
Le résultat est que ces jours-là, la ville de Rome est déserte, livrée aux seuls voleurs: Rome est tout entière au cirque, écrira Juvénal, le poète satirique latin, auteur de la célèbre formule panem et circenses, le pain et les jeux [du cirque] étant désormais, selon lui, les seuls désirs de la plèbe romaine privée de tout pouvoir politique. Nous sommes peu après l’an 100 de notre ère.
Voici comment se déroulait une course de chars. Les cochers, ou auriges, étaient vêtus d’une tunique sans manches, de la couleur de leur faction, et d’un bonnet en cuir destiné à les protéger en cas de chute. Ils enroulaient les rênes autour de leur ceinture. Le char de course, semblable au char de guerre, était constitué d’une simple caisse montée sur deux roues. Le char attelé de deux ou quatre chevaux, celui de gauche étant toujours le conducteur, pouvait atteindre de très grandes vitesses. Mais ils étaient à la merci du moindre choc. Dans les tournants, surtout, les roues heurtaient les bornes et il ne restait plus au cocher qu’à trancher les guides avec un couteau qu’il portait toujours à sa ceinture, sinon c’était presque toujours une mort certaine.
La course proprement dite comprenait sept tours (environ 7 km et demi) en l’honneur des sept jours de la semaine et des orbes célestes concentriques des sept planètes (Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter, Saturne) du système de Ptolémée. A chaque tour, on ôtait un des sept oeufs placés sur la spina (le petit mur qui séparait en deux parties le cirque sur toute sa longueur), pour en faciliter la compréhension.
Après que le magistrat chargé de présider les jeux avait donné le signal, en jetant d’un balcon une écharpe blanche, la « mappa », les chars s’élançaient ensemble pour sept tours. Pour remporter la palme, chaque aurige s’efforçait de serrer de plus près, l’intérieur du parcours, mais il risquait de heurter les bornes ou la spina. Après l’enlèvement du dernier oeuf, le dernier tour donnait lieu à une âpre rivalité et c’est alors que les passions des spectateurs se déchaînaient pour soutenir leur faction favorite. Les accidents, qu’on appelait des «naufrages», étaient nombreux et généralement la chute d’un cocher en entraînait d’autres, incapables de maîtriser leurs chevaux lancés à grande vitesse.