L'exil des artistes et compositeurs sous l'Allemagne nazie

Ces artistes, chefs d’orchestre, architectes, peintres, dessinateurs, caricaturistes et compositeurs qui fuient l’Allemagne nazie de 1930 à 1941

Le compositeur Kurt Weill et sa femme, l'actrice viennoise Lotte Lenya

Ils furent qualifiés par les nazis, en 1933 d'artistes dangereusement subversifs.

Ils furent qualifiés par les nazis, en 1933, de « Kultur-Bolschewisten », autant dire d’artistes dangereusement subversifs. Le grand crime de Weill était de collaborer avec le dramaturge de gauche Bertolt Brecht, pour qui il écrivit la partition de « L’Opéra de Quarsous ».
Lenya était tout aussi coupable: tenant dans cette pièce le rôle de Jenny, elle eut un énorme succès. Les nazis mirent les oeuvres de Weill à l’index et interdirent à Lenya de monter sur scène. Le couple quitta alors l’Allemagne, et moins de deux ans après s’installa à New York. Lenya y reprit sa carrière artistique et Weill composa la musique d’une épopée biblique écrite par Franz Werfel.

L'exil du chef d'orchestre italien Arturo Toscanini

Arturo Toscanini estimait que l'hymne fasciste était une absurdité musicale

Il estimait que l’hymne fasciste « Giovinezza » était une absurdité musicale; il refusait de le jouer aux concerts qu’il dirigeait, attitude qui lui valut d’être roué de coups à Bologne, en 1930, par des brutes fascistes.
Il n’en conçut que plus de dégoût pour Mussolini, et ne se priva pas d’exprimer très haut ce sentiment. Mais il aimait l’Italie et refusa de s’expatrier jusqu’au jour où, en 1938, la compagnie radiophonique new yorkaise N.B.C. lui offrit de diriger un orchestre créé à son intention.

L'exil du chef d'orchestre Otto Klemperer

Otto Klemperer fut renvoyé de l'Opéra d'État de Berlin lors des persécutions antisémites de 1933

Il fut renvoyé de l’Opéra d’État de Berlin lors des persécutions antisémites de 1933.1I prit sans tarder le chemin de l’exil pour s’installer aux États-Unis où il dirigea l’orchestre symphonique de Los Angeles. Les nazis ne l’oublièrent pas pour autant: ils montèrent contre lui une terrible affaire de fraude fiscale et n’hésitèrent pas à confisquer tous ses biens.

Les architectes Walter Gropius (à droite) et Marcel Breuer

L'aversion des nazis pour l'innovation artistique les contraignit à démissionner du Bauhaus en 1928.

Ils avaient fondé une école appelée le « Bauhaus » qui, dans les années vingt, devint le centre de formation des tenants de l’art moderne et exerça une influence considérable sur la conception architecturale en Europe.
L’aversion des Allemands pour l’innovation artistique, aggravée par la montée de l’idéologie nazie, les contraignit à démissionner du Bauhaus en 1928. Breuer vécut en Espagne, en Suisse et en Angleterre; Gropius s’installa à Londres. En 1937, tous deux s’établirent en Amérique et enseignèrent à l’école des beaux-arts de l’université Harvard.

L'exil du peintre surréaliste Salvador Dali

L'excentrique de l'élite artistique des années trente, quitta son Espagne natale en 1929

L’excentrique de l’élite artistique des années trente, quitta son Espagne natale en 1929 avant tout pour éviter, assura-t-il, un conflit familial. De nombreux artistes prirent passionnément parti dans la guerre civile espagnole, mais Dali afficha, quant à lui, une indifférence quasi totale. Il n’en quitta pas moins l’Europe en 1940, lorsque les Allemands menacèrent Paris pour aller s’établir
définitivement aux États-Unis. Chez lui, il goûtait, à l’occasion, la tranquillité de sa baignoire.

L'exil du peintre abstrait Josef Albers

Josef Albers réussit à éviter les ennuis politiques, de 1923 à 1933, malgré la volonté des nazis de supprimer toute espèce d'art d'avant-garde.

Il réussit à éviter les ennuis politiques, de 1923 à 1933, malgré la volonté des nazis de supprimer toute espèce d’art d’avant-garde. Toutefois, en 1933, l’hostilité que lui valut son refus formel de se soumettre au réalisme officiel l’obligea à démissionner du Bauhaus.
Totalement privé de moyens d’existence, il émigra aux États-Unis et devint un des membres du corps enseignant de Black Mountain College, faculté de Caroline du Nord qui accueillit plusieurs dizaines d’universitaires, de savants et d’artistes en exil.

L'exil du caricaturiste George Grosz

George Grosz ridiculisait les nazis d'un crayon si féroce qu'il fut étiqueté Bolchevique culturel n° 1

Spécialisé dans la satire socio-politique, Il ridiculisait les nazis d’un crayon si féroce qu’il fut étiqueté « Bolchevique culturel n° 1 ». De fait, le mordant avec lequel il caricaturait les petits bourgeois bien gras et les militaires aussi maniérés que bellicistes ne laissait aucun doute sur ses antipathies.
Grosz fut d’abord indifférent aux pressions nazies mais, en 1932, lorsqu’un collaborateur en qui il avait confiance vint, revêtu de la chemise brune des sections d’assaut, lui conseiller la prudence, Grosz décida de plier bagage. Une bonne situation l’attendait à l’Art Student League de New York. Il y enseigna jusqu’au jour où il décida d’ouvrir sa propre école dans la métropole américaine.

Derniers articles
Les petits vendeurs ambulants vantent leur marchandise en criant
Les vendeurs ambulants dans les années 1900
Rien ne résiste à la meule du rémouleur
Le rémouleur dans les années 1900
La porteuse de pain et sa voiturette
La porteuse de pain dans les années 1900
Ils furent qualifiés par les nazis, en 1933 d'artistes dangereusement subversifs.
L'exode des artistes de l'Allemagne nazie de 1930 à 1941
Dernières catégories
La porteuse de pain et sa voiturette
Les métiers oubliés
intro-question-noire
La question noire aux Etats-Unis
intro-dictateurs
Les dictateurs du XXe siècle
intro-malades-gouvernent
Ces malades qui nous gouvernent
Articles populaires
Rosa Parks refuse de céder sa place à Montgomery
Rosa Parks refuse de céder sa place ce 1er décembre 1955
Les chambres des domestiques
Les conditions de travail des bonnes à tout faire
es milliers de Berlinois au désespoir se rassemblent, à la limite des secteurs, devant ce rempart qui, pour n’être encore composé que de barbelés et de chevaux de frise, ressemble déjà à un mur
La construction du mur de Berlin
Entrés dans Nankin le 13 décembre, les soldats japonais pillent, violent et tuent sans qu’à aucun moment leur commandement cherche à limiter leurs débordements
Le massacre de Nankin en décembre 1937