Le pain est la base de la nourriture du Grognard

Tous les soldats apprirent à moudre le blé et à cuire le pain ;celui qui ne voulait pas mettre la main à la pâte (l’expression vient peut-être de là ?) n’y trouvait pas son compte ; personne en effet ne mangeait gratis !

Le pain était la base de la nourriture du grognard

Le pain était la base de la nourriture du soldat français, et là encore, en son absence, il fallait inventer : ceux qui pouvaient avoir de la farine s’établissaient dans une baraque de paysans où il y avait un de ces gros fours qui tient le quart de la pièce principale ; les soldats brassaient la farine avec de l’eau et réussissaient à fabriquer un pain très plat car il n’y avait pas de levain ; ce pain était appelé galettes. A défaut de four, la pâte était cuite sur des charbons.
Toujours en Russie, le médecin militaire Roos a vu faire le pain de la façon suivante : Des grenadiers français s’étaient emparés d ‘une jarre à eau dans laquelle ils avaient mis de la pâte, les uns la malaxaient et la mettaient en forme de miches, les autres prenaient ces gâteaux et les posaient sur des charbons ardents et de la cendre brûlante, puis les retournaient avec leurs baionnettes afin qu’ils ne brûlassent pas ; cette opération était continuée jusqu’à ce que la pâte devint dure et rôtie. Ceci fait, d’autres enlevaient la cendre adhérente au pain, nettoyaient les miches, jusqu’au moment où tout l’approvisionnement de pâte était cuit; alors seulement, on faisait la distribution.

Des solutions de rechange pour le grognard

Le pain était la base de la nourriture du grognard, et là encore, en son absence, il fallait inventer

L’ingéniosité doit se substituer à la pénurie ; le capitaine Bertrand raconte qu’au soir de Wagram, les porteurs de marmites étaient au nombre des tués ou blessés et que, par conséquent, il n’y avait pas d’ustensiles de cuisine. Cette pénurie n’empêcha pas les soldats de tuer des moutons et de mettre les gigots à la broche. A cet effet les soldats plantèrent en terre, avec une certaine inclinaison du côté du feu, des bâtons de un mètre cinquante environ ; une ficelle fixée au bout de ces bâtons soutenait le gigot qui, par l’effet de son poids et de la position du bâton, tournait naturellement !
En février 1812, à Stralsund, la ration pour chaque homme logé dans une ferme ou chez un propriétaire est quotidiennement la suivante : Une livre et demie de pain de munition composé de 2/3 de seigle et 1/3 de froment, 4 onces de pain blanc de pur froment, 10 onces de viande y compris la tête et fressure, 8 onces de légumes secs ou deux livres de pommes de terre, 1/30e de livre de sel et 1/16. de pinte d’eau de vie. Ce régime de distribution allait bientôt disparaître dans la dramatique campagne de Russie. Le pain et le sel furent toujours les deux éléments principaux dans la nourriture du soldat, aussi n’est-il pas étonnant de trouver des solutions de rechange quand ils faisaient défaut.
Pour le sel, c’est la poudre à fusil qui le remplace : le salpêtre contenu dans la poudre sale les aliments mais offre le net désavantage de tout noircir. A la cuisson, le salpêtre fond mais le charbon et le soufre nagent à la surface et devaient être écumés. La salure au salpêtre est âcre, amère et désagréable, elle donne soif et engendre la diarrhée, aussi devenait-il préférable de ne pas saler les aliments. En ce qui concerne le beurre, qui était pour ainsi dire inexistant, il était remplacé par du suif ou de la chandelle.

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