L'exode vers Berlin-Ouest avant la construction du mur

Les émeutes de 1953

Le 17 juin 1953, des émeutes éclatent dans toute l’Allemagne de l’Est. Des émeutes populaires et c’est là l’inquiétant. Ce sont des ouvriers qui, dans tous les centres industriels, dans toutes les grandes villes, mettent à sac les bureaux du Parti, brûlent des archives, molestent des fonctionnaires communistes. Presque partout on ouvre les prisons, on libère des détenus incarcérés pour raisons politiques. On voit même les polices locales collaborer avec les émeutiers.
A Berlin-Est, la tentative insurrectionnelle est plus violente qu’ailleurs.
Dans le bâtiment du Comité central assiégé, « Vieille Barbe à pointe » ronge son frein. Puisque sa propre police est débordée, il ne lui reste qu’une solution : faire appel aux troupes soviétiques. Celles-ci ne se font pas prier et écrasent le soulèvement dans le sang. D’un espoir vite éteint, va découler un bilan tragique : 267 morts, 1 071 blessés.
Conséquence évidente des événements de juin, le courant d’émigration vers l’Ouest fait un bond en avant. 

Il n'est plus possible de passer de l'Est à l'Ouest ailleurs qu'à Berlin

Peu à peu, il va devenir pratiquement impossible de franchir sans un laissez-passer la frontière qui, sur 1 381 kilomètres, sépare les zones orientale et occidentale. D’ordre d’Ulbricht, de part et d’autre d’un no man ‘s land de cinq kilomètres de profondeur, la police des frontières fait en sorte de rendre tout passage clandestin impossible par l’installation de projecteurs camouflés et couverts, de barrières et d’installations techniques pour tours de guet, de grillages et obstacles de barbelés, de fils piégés, etc. . La même directive ordonne d’effectuer les contrôles de jour et de nuit sans avertissement préalable.
Il n’est plus désormais possible de passer de l’Est à l’Ouest ailleurs qu’à Berlin où la liberté de mouvement demeure garantie par les quatre puissances occupantes. Certes on voit des Vopos aux points de passage entre la zone soviétique et les zones occidentales ; parfois aussi des douaniers. Pratiquement ils n’exercent qu’un contrôle symbolique. Tout Allemand de l’Est, arrivé à Berlin-Est, peut librement se rendre dans un des secteurs occidentaux et, de là, gagner n’importe quel point de la République fédérale. C’est donc par Berlin que se poursuit l’hémorragie.

L'exode vers Berlin-Ouest

En 1961, l’exode prend les proportions d’un raz de marée. A Marienfelde, au sud du secteur américain, on doit affecter vingt-cinq immeubles de trois étages à l’accueil des réfugiés. Au cours des premières semaines de 1961, on atteint la limite de la saturation : on doit ouvrir vingt-neuf autres camps provisoires. Les équipes chargées d’interroger les nouveaux arrivants — car des espions peuvent s’infiltrer parmi eux — se voient débordées. Sur les lignes aériennes de Berlin-Ouest vers la RFA, on passe de treize à vingt et un vols quotidiens ‘.
A l’aéroport de Hanovre-Langehagen, une journaliste du Frankfurter Rundschau interroge un jeune serrurier qui vient d’atterrir. Elle lui demande pourquoi il a quitté l’Allemagne de l’Est. Il répond que, là-bas, on meurt presque de faim.
Quand même, observe-t-elle, vous paraissez mieux nourris et mieux vêtus qu’il y a cinq ou six ans.
C’est vrai, répond-il. Ça s’est un peu amélioré ces dernières années, je vous l’accorde. Mais celle-ci a été un vrai désastre. On n’a même plus de pommes de terre. Et on ne veut rien importer, même si la récolte a été complètement ratée.
La journaliste demande au serrurier si c’est à cause des bas salaires qu’il a décidé de tout quitter. Il secoue la tête.
Non. Cinq cents marks, après tout, ce n’est pas si mal. Mais s’ils bouclent Berlin, on se retrouvera pris au piège. Alors, ils pourront faire de nous ce qui leur plaira.

Passer à Berlin-Ouest par le métro

Du 10 au 16 juin, dans les camps de réfugiés de l’Ouest, on accueille 4 770 personnes. Près de la moitié des nouveaux arrivants ont moins de vingt-cinq ans. La semaine suivante, on enregistre 4 169 réfugiés supplémentaires. Pendant tout le mois de juillet, la moyenne journalière dépasse le millier.
Le plus grand nombre se rend à Berlin-Ouest par le S-Bahn (le métro). Longtemps, on n’y a pratiqué que de rares contrôles. En juillet, à la station Friedrichstrasse — dernier arrêt avant de passer à l’Ouest — les Vopos commencent à monter systématiquement dans les rames pour faire descendre les voyageurs qui transportent des sacs importants ou des valises. Chaque bagage est soigneusement ouvert et, si le contenu ne correspond pas à la durée du séjour à Berlin-Ouest annoncée par le propriétaire, celui-ci est impitoyablement refoulé. Quand il rentrera chez lui, un rapport l’aura précédé. Dorénavant, la police le tiendra à l’oeil. Avant longtemps, il ne lui sera plus possible de renouveler une autre tentative.
Ceux qui parviennent à passer au travers du filet continuent leur voyage dans le S-Bahn. Dès qu’ils voient apparaître l’inscription Lehrter Bahnhof — première gare en secteur occidental — ils sont sauvés. Presque à chaque voyage, on assiste à des scènes bouleversantes : des hommes et des femmes tombent dans les bras l’un de l’autre, des cris de joie s’élèvent, les rires se mêlent aux larmes.
La première semaine d’août, la moyenne journalière des réfugiés passe à 1 100 par jour.

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