Le 31 mars 1204, elle s’éteint à l’abbaye de Fontevraud, à plus de 80 ans, après une vie mouvementée. Reine de France puis d’Angleterre, elle s’est trouvée au cœur des événements de son temps.
1122 – Naissance d’Aliénor, fille du duc d’Aquitaine Guillaume X.
1137 – Mariage avec le futur Louis VII de France.
1147 -1149 – Le couple participe à la IIe croisade.
1152 – Divorce d’avec Louis. Remariage avec Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre.
1173 – Elle soutient la rébellion de ses fils contre le roi.
1173 – Son mari la fait enfermer dans un couvent.
1189 – A l’avènement de son fils Richard Coeur de Lion, elle est libérée.
1189-1194 – Régente pendant que Richard est en croisade.
1199 – Elle fait monter Jean Sans Terre sur le trône.
1204 – Mort d’Aliénor à Fontevraud.
La loi salique
Héritée des Francs saliens, cette loi exclut les filles du droit de succession à la terre. Elle est invoquée au XIVe siècle pour écarter les femmes de la succession à la couronne de France.
Au Ve siècle, les peuples barbares accordent des droits aux femmes, droits encore accrus par Charlemagne. A partir du Xe siècle, elles sont de plus en plus nombreuses à occuper les fonctions de châtelaine ou de régisseuse. Dans le statut d’épouse, puis de veuve, les femmes obtiennent le pouvoir et se montrent ambitieuses. Ainsi, une reine peut gouverner en tant que régente pendant la minorité de l’héritier de la couronne. Une noble comme une bourgeoise peut détenir un fief, être gérante ou propriétaire terrienne lorsque son mari est parti en guerre ou en croisade. Si celui-ci meurt, elle bénéficie de son douaire, autrement dit des biens du mari, ou elle récupère la jouissance des siens. Aliénor hérite ainsi le duché d’Aquitaine, à la mort de son frère unique. Lors qu’elle divorce de son premier mari, le roi de France Louis VII, elle rentre dans ses possessions.
Aliénor grandit au XIIe siècle, à une époque et en un lieu où la condition féminine bénéficie d’un certain adoucissement des mœurs, marqué par l’apparition et le développement de la courtoisie. Cette belle princesse blonde n’a jamais manqué d’exercer son influence, même mariée. Avec Louis VII, elle le fait de façon insidieuse, en manipulant son époux, profondément épris d’elle. Louis est un homme faible, «plus moine que mari», selon les propres termes d’Aliénor. Elle pèse sur les décisions politiques contre l’avis même de Suger, abbé de Saint-Denis et conseiller du roi, qu’elle réussit à écarter des séance du Conseil, pour un temps du moins. Lorsqu’elle se remarie avec Henri II Plantagenêt, elle conserve ses terres aquitaines et poitevines qu’elle gouverne seule.
C’est tout naturellement qu’Aliénor accompagne son époux Louis de France, comme d’autres dames nobles, lors de la deuxième croisade (1147-1149). Avant même son départ, elle prend une part active à la préparation de l’expédition. Elle fait des tournées dans ses terres, rallie chevaliers et barons gascons et poitevins, recueille des dons et entraîne les hommes. Elle fait également le tour des abbayes, les croisés ayant en effet l’habitude de demander bénédiction et prières auprès des ordres religieux avant le grand voyage. Tout au long de la croisade, Aliénor chevauche aux côtés des hommes, tel un soldat aguerri. Elle est faite prisonnière, elle tombe malade, elle traverse mille péripéties, mais revient saine et sauve.
Aliénor est aussi une femme raffinée, intelligente, instruite et amoureuse des lettres. Elle reçoit d’abord une éducation religieuse et étudie le latin dans la Bible. Puis elle étend ses connaissances avec des œuvres profanes, telles celles d’Ovide. Elle apprend très tôt à aimer les textes littéraires, phénomène assez rare pour l’époque. Son esprit est formé par les oeuvres poétiques et romanesques des poètes qui peuplent constamment la cour de son grand-père Guillaume IX le Troubadour, puis de son père. Aliénor n’est d’ailleurs pas la seule femme de la lignée d’Aquitaine à être cultivée. Son ancêtre, Emma de Blois, épouse de Guillaume IV d’Aquitaine, avait la réputation d’être plus savante qu’un moine. Elle enseigna à son fils la philosophie, la théologie, l’astronomie, les mathématiques et la musique. Ainsi armé, Guillaume V, succédant à son père en 990, se révéla être un très bon souverain. Plus tard, Marguerite Stuart (1424-1445), à l’image d’Aliénor, étudiera la littérature française, protégera les artistes et les écrivains, et recevra dans sa chambre les gens de lettres.
C’est elle qui annonce à Henri, futur roi d’Angleterre, qu’elle est libre de l’épouser.
Louis est un homme faible, plus « moine » que mari.
C’est elle qui annonce à Henri, futur roi d’Angleterre, qu’elle est libre de l’épouser.
Louis est un homme faible, plus « moine » que mari.