Le siège de Jérusalem pendant la première croisade

La vieille ville de Jérusalem s’échelonne entre 635 et 790 mètres d’altitude. Fondée par les Cananéens. son nom apparaît pour la première fois dans des textes égyptiens du XIXe siècle avant notre ère. Tombée aux mains des musulmans en 638. elle fut la capitale des croisés de 1099 à 1187 et de 1229 à 1244.

Enfin, Jérusalem…

 » Quand ils entendirent ce nom, Jérusalem dit la chronique, ils ne purent retenir leurs larmes. Se jetant à genoux, ils rendirent grâce à Dieu de leur avoir permis d’atteindre le but de leur pèlerinage, la cité sainte où Notre-Seigneur a voulu sauver le monde. Qu’il était émouvant alors d’entendre les sanglots qui montaient de tout ce peuple ! Ils s’avancèrent jusqu’à ce que les murs et les tours de la ville devinssent bien distincts. Ils levaient leurs mains en action de grâce vers le ciel et baisaient humblement la terre »

L'arrivée des croisés devant Jérusalem

L'arrivée des croisés devant Jérusalem pendant la première croisade

Dieu soit loué ! voici qu’approche le terme du voyage, l’ultime étape vers la terre de promission. Voici la dernière montée à travers la rocaille brûlante qui absorbe les dernières forces, le dernier souffle. Chevaux et mulets renâclent ? on poursuivra à pied. Les hommes qui tiraient ou poussaient les chariots les abandonnent sur la pente et suivent l’élan général qui les porte vers la crête de la butte, vers cet écran de soleil blanc qui semble devoir les engloutir. Du sommet de la colline déferlent des clameurs de joie qui donnent du jarret aux traînards et de l’énergie aux moribonds. Des voix grêles lancent de toutes parts :
Jérusalem ! Jérusalem ! Alléluia !
Béni soit le Seigneur !
Gloire à Dieu tout-puissant, à la Vierge Marie, aux saints anges !
Parvenus au sommet, à bout de souffle, croisés et pèlerins s’étreignent, pleurent ce qui leur restait de larmes et, des larmes, il en reste toujours quand il s’agit de remercier la Providence. On pleure, on rit, on délire, on s’agenouille pour baiser le sol, on ôte ce qui restait des sandales pour mieux sentir sous la plante de ses pieds le sol foulé par le Christ. On a vu le duc Godefroi tomber dans les bras de Saint-Gilles et ce colosse pleurer comme une femme, le vicomte Raimond de Turenne se prosterner, bras en croix, un pèlerin aveugle s’avancer en tâton­nant avec son bâton, l’esprit plein des images qu’il ne pouvait contempler, se heurtant à la roche, roulant sur la pente. On a vu des femmes folles d’exaltation lécher les rochers et les pierres, avaler des poignées de cette terre sanctifiée, répandre de la pous­sière sur leur tête et en saupoudrer leur nourrisson. On a vu des religieux annoncer à grands cris qu’ils venaient d’apercevoir des nuées d’anges voler dans la lumière autour du Saint Sépulcre, précédant une colonne de chevaliers vêtus de blanc.
Quand on a eu assez prié, pleuré, chanté et ri comme des fous, on a contemplé la ville, ce miracle de pierre : elle se prélasse sous le soleil ardent comme une grosse couleuvre. Elle est presque aussi vaste qu’Antioche et que Tripoli, mais plus belle, avec ses dômes dorés et ses toitures grises comme des écailles, ses clochers et ses minarets, ses palais et ses quartiers misérables, ses mosaïques et sa crasse, la patine de ses remparts et la blancheur éclatante des demeures patriciennes.

Premier assaut des croisés sur Jérusalem

Premier assaut des croisés sur JérusalemLes croisés manquaient d’échelles et de matériel. Iftikhar disposait d’un grand nombre de machines et du feu grégeois ; il avait matelassé ses murailles avec des sacs qui amortissaient le choc des pierres lancées par les mangonneaux. Il avait de l’eau et des vivres en abondance. Le 13 juin, les croisés tentèrent un premier assaut, comptant sur l’effet de surprise. Ils furent sur le point de réussir, mais durent se retirer en laissant de nombreux morts sur le terrain. Ils avaient cru, dans leur foi naïve, que les milices célestes combattraient avec eux ! Malgré ce sanglant échec, ils ne renoncèrent pas.
Et pourtant, ils souffraient cruellement de la soif. Il fallait envoyer des corvées d’eau, conduire les chevaux aux abreuvoirs, s’exposer aux attaques des coureurs arabes. Le pain commençait à manquer. A cette époque, une armée en campagne n’avait pas d’intendance. On improvisait. Chacun emportait ses provisions. Le plus souvent, on se nourrissait sur le pays. A cet égard, les environs de Jérusalem offraient peu de ressources. Les barons se concertèrent, décidèrent de construire des tours roulantes. Mais avec quel matériel et quels charpentiers ?
La Providence voulut que, le 17 juin, leur parvint la nouvelle qu’une petite escadre génoise venait de mouiller à Jaffa. Ses capitaines avaient occupé sans difficulté la citadelle et la ville. Ils apportaient du ravitaillement et des machines de siège. Aussitôt Raymond Pelet et Guillaume de Sabran furent envoyés à Jaffa avec une centaine de cavaliers. Ils tombèrent dans une embuscade, mais réagirent avec tant de vigueur qu’ils dispersèrent les assaillants. Ils convoyèrent de Jaffa à Jérusalem les chariots transportant le matériel, les outils et le ravitaillement. Ils amenaient aussi des charpentiers. Simultanément, de fortes patrouilles battaient la campagne pour trouver du bois. Les paysans furent réquisitionnés pour transporter les arbres que l’on abattait. Bientôt, Godefroy de Bouillon et Raymond de Saint-Gilles furent en mesure, chacun dans leur secteur, de bâtir une tour roulante

Procession des croisés autour de Jérusalem

Les prêtres et les moines entretenaient l'exaltation religieuse pendant le siège de Jérusalem

Les prêtres et les moines entretenaient l’exaltation religieuse, s’il en était besoin ! Selon Raymond d’Agiles, Adhémar de Monteil serait apparu à un certain Pierre Didier, signifiant aux croisés que, s’ils voulaient vaincre, il leur fallait d’abord se purifier de leurs souillures et faire le tour de Jérusalem, pieds nus, en chantant et en priant. On organisa une gigantesque procession. La foule, rassemblée sur le mont des Oliviers, écouta un sermon d’Arnoul Malecorne, chapelain de Robert Courteheuse. Puis elle fit lentement le tour de la ville, chantant et psalmodiant. Les assiégés observaient ce singulier spectacle. Ils insultaient cette armée de pénitents qui marchaient pieds nus derrière ses croix, ses pieuses bannières et la sainte Lance. Ils attachaient eux-mêmes des croix à des potences, les frappaient à coups redoublés, les couvraient de crachats, blas­phémaient en ricanant le nom du Christ. Les pèlerins avaient du mal à contenir leur fureur Ceux qui s’approchaient des murailles pour répondre aux invectives, tombaient percés de flèches.

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