Les vendeurs ambulants dans années 1900

Les petits vendeurs ambulants vantent leur marchandise en criant

Les petits vendeurs ambulants vantent leur marchandise en criant

L’animation qui règne dans les rues est vive, grouillante, haute en couleur. On y mange et on y boit toutes sortes de spécialités locales proposées à chaque coin de rue. À Nice ou à Menton, on déguste de généreuses parts de socca, une grande galette à base de farine de pois chiches, d’huile d’olive et d’eau, également appelée cade à Toulon ; dans le Nord, ce sont plutôt les frites ou les moules dont on se régale en se brûlant les doigts ; en Bretagne, les coques ; à Marseille, les oursins.
Ces petits marchands ambulants vantent leur marchandise en criant à qui mieux mieux, et tirent courageusement leurs charrettes sur les artères les plus fréquentées, dans les jardins publics ou sur la place du Marché. Durant la période de Noël, les marchands de marrons envahissent les rues. Ils dressent leur chaudron sur le trottoir et proposent des cornets de papier journal dans lesquels les marrons chauds, parfois même des poires cuites, réchauffent les doigts des clients. À l’approche des fêtes, on voit également apparaître des marchands d’oranges – une denrée précieuse dont on se délecte en prenant plaisir à la peler à la main -, ou de dattes, fruit ô combien exotique. Le marchand, affublé d’un pantalon bouffant ou d’un chapeau de zouave, fait parfois mine de parler à peine français pour ajouter encore au dépaysement.
Un autre produit indispensable pour allumer la cheminée ou la lampe se trouve facilement dans la rue : les allumettes. Vendues généralement par des femmes, ce sont des brindilles de belles dimensions enduites de soufre ou de phosphore. Déjà, les taxes de l’État et de la Régie du tabac sont exorbitantes et la contrebande fait rage. Les petites marchandes n’hésitent pas à se fournir auprès de passeurs qui arrivent tout droit d’Italie, de Suisse ou d’Espagne. Les jours de foire, on trouve également des mercières qui présentent un étal bien fourni ; boutons, fils, aiguilles, galons ou encore lacets, rien ne manque pour parfaire le nécessaire de la ménagère. Les enfants ne sont pas oubliés par les marchands. Gâteaux, nougats, friandises en tout genre sont également proposés. Les marchands les plus appréciés sont les marchands d’oublies ; ces gros beignets ronds, percés d’un trou, sont enfilés sur un bâton ou une cordé, afin de les vendre à l’unité. Ils sont parfois aromatisés à la fleur d’oranger, saupoudrés de sucre, ou fourrés à la confiture.

Le Gagne-petit ou Gagne-denier

Gagne-petit, gagne-denier, ces termes désignent les petites gens qui essaient de récolter quelque argent en vendant de tout, souvent des petits riens

Gagne-petit, gagne-denier, ces termes désignent les petites gens qui essaient de récolter quelque argent en vendant de tout, souvent des petits riens. Ce sont souvent les femmes qui taillent par exemple des cuillères en bois pour les vendre sur les marchés. La fabrication de balais est également une activité prisée car facile à réaliser et dont la matière première ne coûte rien. Selon les endroits, on utilise des branches séchées de genêt, de bruyère ou de la paille de sorgo. Les tiges sont ensuite fixées à un manche en bois à l’aide de fil de fer ou juste bricolées avec des bouts de ficelle. Dans les régions où l’on manque de bois, certains paysans n’hésitent pas aller récolter les bouses des vaches dans les champs. Après les avoir fait sécher dans la grange, ils trimbalent leur marchandise malodorante sur des brouettes et s’en vont écouler leurs « galettes » comme combustible.

Les petites marchandes de bondieuseries

On aperçoit les marchandes de bondieuseries dans les grandes villes, aux abords des cathédrales et des églises

En ce début de XXe siècle, la religion catholique occupe encore une place très importante, notamment dans le monde rural. L’année est rythmée par le calendrier liturgique. Chaque commune possède par ailleurs sa fête patronale. C’est à ces occasions que les petites marchandes de bondieuseries vendent leurs précieux articles, souvent fabriqués durant les longues veillées d’hiver. Le chapelet est l’objet de dévotion par excellence. Il peut être simplement constitué de perles en bois enfilées sur un cordon, ou plus sophistiqué, en nacre, en os, en ivoire et même en corail. Les cierges, abondamment utilisés lors des marches d’adoration, sont fabriqués en cire d’abeille ou avec du suif suivant les moyens de l’acheteur. Les statuettes sculptées dans de la résine ou dans du bois représentent très souvent la Vierge Marie, mais également sainte Rita, patronne des causes perdues, Jésus, reproduit avec son bâton de pèlerin, ou encore la Sainte Famille. Enfin, on trouve également des images pieuses sur lesquelles Marie offre un visage romantique, souvent auréolé de bleu pastel, et parfois illustrées d’une citation de la Bible. Si le Moyen Âge a violemment condamné ce marché de l’idolâtrie, les apparitions de la Vierge à Lourdes au milieu du XIXe siècle relancent ce commerce et de nombreux pèlerinages sont organisés. Chartres, Lisieux, Paray-le-Monial, Le Puy-en-Velay, chaque région possède son lieu de dévotion, tenu pour sacré. Les marchands de bondieuseries y pullulent et les affaires marchent fort bien. On les aperçoit aussi dans les grandes villes, aux abords des cathédrales et des églises

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