Né le 12 septembre 1494 à Cognac, le futur François 1er perd son père à l’âge de deux ans. Il succède à Louis XIII le 1″ janvier 1515. Après une vie agitée, le roi meurt le 31 mars 1547 à l’âge de cinquante-deux ans. De cette mort la légende s’est emparée. Dans une puanteur épouvantable, le roi serait mort de syphilis.
Et l’on croit savoir comment il l’aurait contractée. L’aventure est cocasse. Il courtisait la femme d’un avocat de Paris, la belle Ferronnière ; or, loin de répondre à ses avances, celle-ci finit par l’éconduire rudement. Ses courtisans le poussèrent alors à faire sentir à l’effrontée toute la puissance de la royauté, et l’un d’eux s’en alla même la menacer. Mis au courant, le mari ne douta plus de l’inévitabilité de son infortune et donna licence à sa femme de le tromper. Mais il décida de se venger. Prétendant avoir affaire aux champs pour huit ou dix jours, il laissa la place libre. Mais il resta à Paris où il alla de bourdeau en bourdeau, essayant d’attraper la vérole. Il l’attrapa, la passa à sa femme, qui la passa au roi, qui la passa à d’autres. Lui guérit, sa femme aussi, mais le roi finit par en mourir. Telle est l’histoire qui, pour la première fois, vit le jour en 1601, cinquante-quatre ans après la mort de François, sous la plume d’un certain Loys Guyon, médecin d’Uzerche.
La santé de François 1er déclinait tous les jours. Sa vie licencieuse et les excès auxquels il se livrait sans relâche avaient miné son tempérament robuste. Déjà en 1535 il avait eu de forts accès de fièvre et les médecins avaient prédit que son mal serait long à guérir. Trois ans après, il a eu la fièvre quarte, c’est-à-dire une fièvre intermittente. En 1540, il était atteint d’une fistule entre l’anus et les testicules et ne pouvait monter à cheval. Vandenesse constate que pendant le voyage de Charles Quint en France, le roi suivait le voyage de son hôte en litière. La maladie empira peu à peu. Voici dans quels termes Saint-Mauris signale l’état du roi de France au mois de juillet 1545 : « Le roi de France a une veine rompue et pourrie dessous les parties basses, par où les médecins désespèrent de sa longue vie…, disant être celle de laquelle dépend la vie de l’homme et que, si elle se rompt, qu’elle le suffoquera. »
L’automne apporta une petite amélioration dans l’état du malheureux roi, mais au mois de janvier 1547 il retomba « en son mal accoustumé de l’apostume », et certains accidents prirent des proportions inquiétantes. Saint-Mauris notait sans regret la décadence du rival de Charles Quint : « Si le jeu dure, écrit-il, il y pourroit bien laisser le jeu. » Les médecins rouvrirent sa plaie « de laquelle il sortit une grande infection dont il eut grand soulagement ». Cependant il n’avait pas encore perdu ses forces au point d’interrompre ses habitudes. « Il prend tous les jours son desduit à la chasse, écrit Saint-Mauris, allant en litière… » Et dans une autre lettre : « Le roy est toujours amoureux. »
A la fin de février, François Ier se trouva de passage à Rambouillet. L’ « apostume » s’enflamma et la fièvre reprit. Le 20 mars il commença à être en danger.
Prévoyant sa fin, il se confessa et communia ; il adressa des recommandations au dauphin sur le maintien de la religion catholique et le gouvernement de son peuple. Le 21 mars, les médecins désespéraient de la vie du roi. La tumeur fut percée, et le malade éprouva un certain soulagement. La princesse Marguerite, sa fille, vint le voir, mais il s’attendrit et ne put lui adresser la parole. Son état empira d’heure en heure pendant la semaine. Le 29 mars, il reçut l’extrême-onction. Dans la journée il demanda son fils et voulut lui remettre son testament, mais on ne retrouva pas cet acte. Il en fit dresser un autre à la hâte et y fit inscrire des legs au nom de quelques-uns de ses serviteurs. Il tint au dauphin « de biens longs et affectionnés propos » en faveur de la reine, avouant qu’il l’avait mal traitée, et de la princesse Marguerite, qui n’était pas encore mariée. Un peu avant minuit il ressentit un grand tremblement. Il prit une croix et ne la quitta plus. Le mercredi, il recouvra un peu de force, fit entrer une partie de ses serviteurs dans sa chambre et demanda pardon à Dieu à haute voix des scandales qu’il avait causés.
La journée et la nuit se passèrent dans une alternative de calme et de délire. Le lendemain (31 mars), il entendit une messe dite au pied de son lit. Le dauphin, profondément ému, était à genoux auprès de son père ; le roi ouvrit les yeux. « Embrassez-moi, mon fils », dit-il et il le bénit. Il reprit la croix et dit : « In manus tuas, Domine, commendo spiritum melon. » Puis il prononça plusieurs fois d’une voix faible : « Jésus ! Jésus ! » Ce furent ses dernières paroles ; il rendit le dernier soupir entre une heure et deux.
En conclusion, François I » n’est certainement pas mort d’une infection syphilitique mais d’une infection généralisée, de type septicémie, probablement tuberculeuse, ce qui n’exclut pas l’hypothèse d’un autre germe bactérien de type staphylocoque par exemple.