Nos milliers de jeunes sont les garants de l’avenir ! Tel est le slogan martelé par les dirigeants nazis de 1933 à 1945.
De l’âge de six ans à celui de dix, un garçon faisait une sorte d’apprentissage dans les Jeunesses hitlériennes en tant que Pimpf. Chaque jeune recevait un carnet de notes dans lequel étaient inscrits ses progrès au cours de toute son activité dans les jeunesses nazies, y compris son développement idéologique. A dix ans, après avoir subi certains examens sportifs, de camping et d’histoire nazifiée, il entrait dans le Jungvolk ( jeune Peuple), où il prêtait le serment suivant :
En présence de cet étendard de sang, qui représente notre Führer, je jure de consacrer toute mon énergie et toute ma force au sauveur de notre pays, Adolf Hitler. Je suis prêt à donner ma vie pour lui, et je m’en remets à Dieu.
A quatorze ans, un jeune garçon entrait dans les Jeunesses hitlériennes proprement dites, et il y restait jusqu’à dix-huit ans, âge auquel il passait dans le Service du Travail et dans l’armée. C’était une vaste organisation paramilitaire, similaire aux S.A. et dans laquelle des jeunes gens qui approchaient de l’âge d’homme recevaient une formation systématique non seulement dans le domaine des sports et de l’idéologie nazie, mais également du maniement d’armes.
Le service des eaux, au IVe siècle, était confié à un fonctionnaire spécial, dont l’importance était telle qu’on ne le choisissait pas par tirage au sort, comme la plupart des magistrats, mais par élection. Il devait être riche pour pouvoir contribuer de ses deniers aux devoirs de sa charge.
C’était ainsi que la jeunesse était préparée à vivre, à travailler et à mourir dans le Troisième Reich. Bien que leur esprit fût délibérément empoisonné, leur scolarité toujours interrompue, l’influence familiale très largement remplacée, les garçons et les filles, les jeunes gens et les jeunes femmes semblaient parfaitement heureux, ravis de mener la vie d’un jeune hitlérien. Et, sans aucun doute, cette façon de réunir les enfants de toutes les classes et de tous les niveaux de la société, de faire partager des tâches communes aux enfants des familles pauvres comme à ceux des familles riches, à ceux dont le père était ouvrier, paysan, homme d’affaires ou aristocrate, cette méthode avait du bon. Dans la plupart des cas, cela ne faisait aucun mal à un garçon et à une fille des villes de passer six mois dans le service du travail obligatoire, où ils vivaient au grand air, apprenaient la valeur du travail manuel et l’intérêt qu’il y a à s’entendre avec ceux qui n’ont pas reçu la même éducation. Quiconque voyageait en Allemagne et discutait avec les jeunes dans leurs camps, les regardait travailler, jouer et chanter, ne pouvait manquer d’observer que, pour sinistre que fût l’enseignement qu’on leur prodiguait, c’était là un mouvement de jeunesse incroyablement dynamique.
Les jeunes du Troisième Reich étaient élevés de façon à avoir un corps sain et robuste, à avoir confiance dans l’avenir de leur pays et en eux-mêmes, en même temps qu’à posséder un sentiment de camaraderie qui faisait s’effondrer toutes les barrières économiques et sociales de classe.En mai 1940, on pouvait observer le contraste entre les soldats allemands, bronzés et robustes au sortir d’une jeunesse passée au soleil et avec un régime adéquat, et les premiers prisonniers de guerre britanniques, avec leur poitrine creuse, leurs épaules voûtées, leur teint de papier mâché et leurs mauvaises dents, tragiques exemples d’une jeunesse que l’Angleterre avait si imprudemment négligée durant les années qui s’étaient écoulées entre les deux guerres.
Au cours de la guerre, les jeunes sont chargés de missions de plus en plus nombreuses et dangereuses. D’abord Limitée à la propagande, l’aide aux moissons ou à des collectes diverses (argent, vêtements … ), leur action s’étend bientôt à l’encadrement des plus petits envoyés à la campagne pour les protéger des bombardements, l’aide à la défense passive ou à la défense antl-aértenne. A partir de 1944, ils participent au Volkssturm (Tempête du peuple), les milices
populaires qui aident la Wehrmacht à défendre le Reich.
Ces nouvelles recrues fanatisées ont un impact faible sur l’issue des combats, mais surprennent par leur folle témérité. Près de 4500 Hitlerjugend (sur les 5000 jeunes défenseurs engagés) perdent la vie en tentant de repousser l’attaque des Alliés à l’ouest de Berlin. Leur sacrifice ne fait que retarder l’inévitable encerclement de la ville.
Fascinés, embrigadés, sacrifiés, les enfants allemands disparaissent par milliers lors de la
Seconde Guerre mondiale. Certains périssent dans les décombres des villes bombardées, d’autre
meurent de froid et de faim lors de leur fuite sur les routes de l’exode. Les survivants perdent
parfois leur maison, des membres de leur famille .. Ceux que Hitler, dans sa folie, imaginait dominer le monde finirent souvent traumatisés, incapables même de témoigner de l’expérience terrible qu’ils avaient vécue.