L’éducation dans Les écoles allemandes est rapidement nazifiée, des petites classes à l’université. Les livres de classe furent refaits, les programmes modifiés. Le Mein Kampf devint, comme le disait Der Deutsche Erzieher, organe officiel des éducateurs, « notre guide pédagogique infaillible », et les maîtres qui se refusaient à voir les choses de cette nouvelle façon étaient renvoyés. La plupart des enseignants avaient été plus ou moins nazis de coeur sinon membres du parti. Pour renforcer leur idéologie, ils furent envoyés dans des écoles spéciales où on leur enseignait à fond les principes nationaux socialistes, en insistant sur les doctrines raciales d’Hitler.
Toute personne qui travaillait dans l’enseignement, du jardin d’enfants à l’université, devait être inscrite à la Ligue nationale socialiste de l’Enseignement, laquelle était légalement « responsable de la coordination idéologique et politique de tous les maîtres en accord avec la doctrine nationale socialiste ». La loi des fonctionnaires de 1937 exigeait des enseignants qu’ils fussent « les exécuteurs de la volonté de l’État soutenu par le parti » et prêts « à tout moment à défendre sans réserve l’État national socialiste ». Un décret précédent les avait déclarés fonctionnaires et, par conséquent, soumis aux lois raciales. Les Juifs n’avaient, bien entendu, pas le droit d’enseigner. Tous les maîtres firent le serment d’être fidèles et obéissants vis-à-vis d’Adolf Hitler. Plus tard, nul ne devait pouvoir enseigner s’il n’avait auparavant servi dans les S.A., le Service du Travail ou les Jeunesses hitlériennes. Les candidats aux chaires universitaires devaient d’abord faire un stage de six semaines dans un camp d’observation, où leurs idées et leur caractère étaient étudiés par des experts nazis, lesquels soumettaient un rapport au ministère de l’Enseignement; ce ministère donnait des autorisations d’enseigner basées sur la stabilité politique des candidats.
Avant 1933, les écoles publiques allemandes étaient sous la juridiction des autorités locales et les universités sous celle des États. Maintenant, elles étaient toutes placées sous la férule du ministre de l’Enseignement du Reich. C’était lui également qui désignait les recteurs et les doyens des universités, lesquels étaient auparavant élus par l’ensemble des professeurs de la faculté. Il désignait aussi les chefs des syndicats d’étudiants, auxquels tous les étudiants devaient appartenir, et des syndicats des maîtres de conférences, qui comprenaient tous ces maîtres de conférences sans exception. L’Association N.S. des Chargés de Cours, dirigée par des nazis de la première heure, avait l’importante tâche de choisir ceux qui étaient appelés à enseigner et de veiller à ce que tout ce qu’ils enseigneraient soit en accord avec les théories nazies.
Le résultat de toute cette nazification était catastrophique pour l’enseignement allemand. L’histoire était à ce point falsifiée dans les nouveaux livres de classe et par les maîtres dans leurs cours, qu’elle en devenait grotesque. L’enseignement des « sciences raciales » qui exaltaient les Allemands comme la race des seigneurs et faisaient des Juifs la source de presque tous les maux du monde était plus ridicule encore. Dans la seule Université de Berlin, où tant de grands professeurs avaient enseigné dans le passé, le nouveau recteur, un homme des troupes d’assaut et un vétérinaire de profession, institua vingt-cinq nouveaux cours de Rassenkunde (science raciale) et, quand il eut vraiment tout mis sens dessus dessous dans la faculté, on y donnait quatre-vingt-six cours ayant un rapport avec sa propre profession.
Cet embrigadement va de pair avec une nouvelle politique scolaire dont le principe est exposé le 9 mai 1933 par le ministre de l’Intérieur, Wilhelm Frick. Son but ? Former des jeunes gens qui soient prêts, en pensée comme en acte, à se sacrifier pour leur peuple, au nom de la pureté raciale : L’étude des races devra figurer au programme de l’enseignement à tous les niveaux, afin d’exercer l’oeil des enfants aux particularités raciales. Il faudra leur montrer les conséquences dangereuses de l’abâtardissement et la nécessité de préserver le sang allemand contre tout mélange avec le sang juif, ou avec le sang des races de couleur.
Le 17 septembre 1934 sont publiées les directives pour l’élaboration des nouveaux livres de classe : servir y est le maître mot. Non seulement, glorification de Hitler à travers des histoires édifiantes dans les livres de lecture, mais cours spécifiques sur la « question juive », dès l’école primaire. Tout un matériau d’images, de diapositives, de films est transmis aux instituteurs pour rendre plus attractive la psychologie des races, depuis le portrait des « profiteurs juifs» d’avant 1914 jusqu’au «combat final contre Juda ».
Le 11 août 1939, une convention est signée avec les représentants de l’état-major en vue d’intensifier la préparation militaire de cette Jeunesse hitlérienne. Les banals exercices de tir sont complétés par un entraînement sous le commandement d’officiers-instructeurs. Des sections sont rattachées à des corps de l’armée, comme l’aviation, la marine, la surveillance du territoire. Une fois la guerre déclenchée, fournir des soldats exemplaires est ce qui va de soi pour la Jeunesse hitlérienne. À son intention, selon un ordre de Goebbels, les cinémas, à partir de novembre 1939, doivent être réquisitionnés le dimanche matin, à des fins d’éducation politique par le film. Près de 95 % de ses membres sont sur le front à partir de juin 1940. En 1942, la main-d’oeuvre agricole est assurée par 600 000 garçons et 1400 000 filles. Ces dernières sont particulièrement actives dans les services d’évacuation des civils, liés aux campagnes de bombardements alliés. Un décret du 26 janvier 1943 impose à tous les adolescents de 16 ans une incorporation comme auxiliaires dans l’artillerie antiaérienne. Et dans la milice levée à la fin de 1944, le Volksturm, jusqu’à 600000 recrues proviennent des rangs de la Jeunesse hitlérienne.