La double vie de Mao Tsé-toung

Incorrigible coureur de jupons autant qu’intrigant politique rusé, Mao Tsé-Toung mènera jusqu’à sa mort deux vies en parallèle.L’une vouée à la poursuite de ses visées idéologiques, et l’autre, à sa jouissance personnelle.

Les incartades de Mao Tsé-Toung loin des regards

A partir du milieu des années 50, il prit l’habitude de s’évader dans son train spécial, jusqu’à des villas luxueuses et isolées. Là, comme dans ses wagons personnels, il échappait totalement aux regards. Progressivement, donc, la vie privée de Mao se distingua de celle de ses principaux compagnons, tous bien mariés. tous fidèles, tous économes et tous arrimés à leur bureau.
Dans la résidence collective des Murs rouges, à Pékin, Mao profitait de sa solitude à la piscine et des nuits silencieuses, dans sa villa princière. Son entourage lui livrait des danseuses et des soldates promptes à satisfaire ses désirs nocturnes. Durant la journée, généralement, il dormait. Mais la discrétion n’était pas aussi assurée qu’il le pensait. Au début des années 60. il s’aperçut que des micros avaient été placés par les services du Comité central dans sa chambre. Il y eut même des situations où des subalternes purent constater ses écarts.
Dans son hôtel de luxe de Wuhan. il y eut un court moment, à l’été 1967 où l’air conditionné fut coupé et où le personnel. divisé par la Révolution culturelle, cessa le service …
A Pékin comme en voyage, Mao usait cyniquement, pour se procurer des services sexuels. d’une ressource alors unique dans l’élite chinoise : les millions de yuans que lui valaient ses droits d’auteur. Il percevait, en effet, un pourcentage sur des ouvrages dont il était rarement le véritable auteur et dont la lecture était obligatoire pour des dizaines de millions de femmes et d’hommes. Cette ressource lui permettait de récompenser grassement ses passades et ses lubies d’un jour. Ainsi fit-il venir la paysanne avec laquelle il avait eu sa première expérience d’adolescent. Mais elle était déjài âgée qu’il la renvoya sans attendre avec un beau pécule pour se faire pardonner. Au total, Mao n’a jamais été gêné par la contradiction
qui s’élargissait entre le rôle croissant de l’argent dans sa vie et ses appels publics virulents à la gratuité et au dévouement. Entre sa pensée et ses actes. un gouffre s’étendait.

L'hygiène de Mao Tsé-Toung

Mao Tsé-toung mènera jusqu'à sa mort deux vies en parallèle

Beaucoup d’appelées et peu d’élues parviennent jusqu’à la chambre de Mao Tsé-Toung. Servir au plaisir sexuel du président est un honneur sans pareil, dépassant leurs rêves les plus extravagants. Une sélection rigoureuse est opérée : on s’assure d’abord que les jeunes femmes sont éperdument admiratives devant Mao. Toutes sont issues de familles de paysans pauvres, qui doivent tout au parti communiste et le considèrent comme leur messie.
Pour ces jeunes femmes d’humble origine, quelle promotion ! Passer quelques heures dans la chambre du président est l’expérience la plus inoubliable de leur vie. Pour la majorité des Chinois, apercevoir un instant Mao, impassible, sur la tribune de la place Tiananmen, constitue un privilège rare, un moment presque mystique. Pendant la révolution culturelle, les mangues que Mao offrait aux travailleurs devenaient des objets de culte; l’eau dans laquelle on avait fait bouillir un morceau de ces fruits était considérée comme un élixir magique. Alors, partager la couche du grand Mao ! Il fallait pourtant avoir le coeur bien accroché. En effet, le président était peu soucieux de son hygiène corporelle. Il ne se brossait jamais les dents, se contentant de se rincer la bouche avec du thé le matin, mâchant les feuilles après avoir bu le liquide. Il avait résisté à tous ceux qui voulaient le faire examiner par un dentiste. Peng Dehuai, cadre du parti et ancien ministre de la Défense, nous donne l’ampleur des dégâts : « On dirait que les dents du président sont recouvertes d’une couche de peinture verte. »
Il ne se lavait pas non plus, estimant que c’était une perte de temps. A la place, ses assistants le frottaient avec des serviettes chaudes et humides chaque soir, tandis qu’il examinait des documents, lisait ou discutait avec quelqu’un. Son médecin observe qu’il ne se lavait pas davantage les organes génitaux. «Je me nettoie dans le corps des femmes », répliquait-il.

Mao est un homme de goût

Mao n’en est pas moins un homme de goût. Il ne s’intéresse en effet pas également à toutes les jeunes femmes. Son appétence va aux danseuses. Pour s’assurer d’être toujours approvisionné, il charge son secrétaire particulier de recruter des femmes parmi les organisations d’art communiste. Elles resteront chez lui en attendant que la femme du Timonier s’endorme. Puis elles seront conduites en catimini dans ses appartements, et devront filer à l’anglaise à peine troussées. C’est que Mao craint les esclandres de sa femme.
Pour la sélection, tout est prévu. On organise des bals, dans le Grand Hall du Peuple Une centaine d’invités y dansent le fox-trot, ou des valses. Oh dit aux filles qu’elles sont choisies pour être des partenaires de bal de Mao. Des membres du parti y voient un si grand honneur qu’ils amènent leurs propres filles, ou soeurs. Mao va même créer sa propre troupe de danseuses, afin de pouvoir se fournir à loisir, la « Troupe d’action culturelle de l’Unité de la garnison centrale ». Le 9 juillet 1953, l’armée reçoit ainsi l’ordre de sélectionner des jeunes femmes dans ses troupes de spectacle. Peng Dehuai, commandant en chef, lance l’opération « sélection des concubines impériales ».
Avec le temps, la nature de ces soirées et le rôle joué par certaines des jeunes filles qui y participaient ne pouvaient d’évidence échapper à personne. Il dansait avec elles jusqu’à 2 heures du matin, avant de rejoindre Mme Mao. Parfois.
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