Amin Dada n’avait aucune éducation solide. Né dans le nord de l’Ouganda, il n’a presque jamais fréquenté l’école. Il a grandit avec presque rien et le luxe ne faisait pas parti de sa vie.
Le règne de l’arbitraire
Il est proscrit, en 1971, de porter des jupes au-dessus du genou ou des perruques. Les «provocatrices» qui refusent d’obtempérer aux ordres du tyran Amin Dada risquent la mort.
C’est un bébé imposant qu’Assa Aatte met au monde, à Koboko (région du Nil occidental) entre 1923 et 1928. Idi Awo-Ongo Angoo arrive ainsi dans une fratrie de trois frères et quatre soeurs. Sa mère Assa, 20 ans, est la fille d’un chef tribal du Congo. Crainte et respectée, la jeune femme est la sorcière et la guérisseuse de la famille royale Buganda. Son mari, le soldat Andreas Nyabire, abandonne femme et enfants peu après la naissance d’Idi, convaincu que le bébé n’est pas de lui mais du Kabaka (roi) Daudi Chwa.
Dans cette région du nord, où la magie est depuis toujours l’une des composantes du pouvoir, les guerriers exacerbent leur agressivité avant le combat en buvant un jus hallucinogène.
Assa concocte des potions à base de plantes, mais aussi avec des ingrédients bien plus terrifiants : de jeunes enfants sont sacrifiés pour leur sang. Idi, avant de savoir marcher, assiste à l’infernale cuisine de sa mère; il grandit parmi des corps démembrés et des sexes tranchés mis à sécher. L’anthropophagie rituelle sert aussi à s’approprier la force d’autrui et à inspirer la terreur chez les ennemis, une coutume à laquelle l’enfant devenu dictateur ne dérogera pas, notamment en gardant parfois en réserve dans ses congélateurs les têtes coupées de quelques opposants
L’enfant, une force de la nature, très débrouillard mais analphabète, s’occupe du bétail. Pour survivre et gagner le respect, il apprend à se battre. Quand il a une dizaine d’années, il part avec sa mère vivre près de Semuto, au centre du pays, puis chez son oncle maternel, à Bombo, ville militarisée par les colons britanniques. Idi, à cause d’une discrimination ethnique, n’est pas scolarisé. Cette exclusion le pousse à participer à des affrontements vengeurs contre les étudiants de l’université Makerere, la plus grande d’Ouganda : une fois au pouvoir, il fera, dit-on, dépecer et jeter aux crocodiles des professeurs et des diplômés de cet établissement qu’il déteste.
Vers la fin de son adolescence, il part s’installer avec sa mère au nord du lac Victoria, dans une ville de garnison du 4e régiment colonial britannique des King’s African Rifles qu’il rejoint en tant que … cuisinier, avant de participer comme recrue à des exactions au Kenya.
C’est en y coupant les pénis des pasteurs récalcitrants à l’autorité des colonisateurs qu’il découvrira sa vocation.
Les Anglais sont très contents de lui. Ils cautionneront son accession au pouvoir. Celui qui s’autoproclamera roi d’Ecosse et Conquérant de l’Empire britannique fera près de 300 000 victimes en huit ans de terreur.