Tombeau de Toutankhamon, prémices d'une découverte

En 1912, Lord Carnavon, richissime aristocrate anglais, obtient du Service des Antiquités le droit de mener des fouilles dans la vallée des Rois. Le directeur du musée du Caire, Gaston Maspéro, décide de lui adjoindre Howard Carter, inspecteur du Service depuis 1899. Après dix années de labeur méthodique, le 4 novembre 1922, Carter découvre des marches descendant dans le rocher. Il envoie un télégramme à Lord Carnavon: «Merveilleuse découverte dans la vallée. Tombe superbe avec sceaux intacts. Attends votre arrivée pour ouvrir. Félicitations ».

Une famille incestueuse
17 février 2010, Le Caire. Le secrétaire général des antiquités, Zahi Hawass, révèle devant 500 journalistes venus du monde entier l’arbre généalogique de Toutankhamon. Ce sont les analyses ADN réalisées sur 16 momies qui l’ont fait parler. Le jeune roi est bien le fils de la momie KV55, supposée être celle d’Akhénaton. Quant à sa mère, l’ADN désigne la momie « Younger Lady » retrouvée dans le tombeau KV35. Or cette momie serait également la Une famille incestueuse
17 février 2010, Le Caire. Le secrétaire général des antiquités, Zahi Hawass, révèle devant 500 journalistes venus du monde entier l’arbre généalogique de Toutankhamon. Ce sont les analyses ADN réalisées sur 16 momies qui l’ont fait parler. Le jeune roi est bien le fils de la momie KV55, supposée être celle d’Akhénaton. Quant à sa mère, l’ADN désigne la momie « Younger Lady » retrouvée dans le tombeau KV35. Or cette momie serait également la sœur d’Akhénaton. Toutankhamon est donc le fruit d’un inceste entre un frère et une sœur. Rien de bien surprenant au pays des pharaons, où un roi pouvait épouser sa sœur ou sa fille. Reste à savoir qui est cette Younger Lady. Pour Hawass, c’est une épouse secondaire d’Akhénaton, mais pour de nombreux égyptologues, il s’agit certainement de la belle Néfertiti. d’Akhénaton. Toutankhamon est donc le fruit d’un inceste entre un frère et une sœur. Rien de bien surprenant au pays des pharaons, où un roi pouvait épouser sa sœur ou sa fille. Reste à savoir qui est cette Younger Lady. Pour Hawass, c’est une épouse secondaire d’Akhénaton, mais pour de nombreux égyptologues, il s’agit certainement de la belle Néfertiti.

Premières marches du tombeau de Toutankhamon

Howard Carter et le tombeau de ToutankhamonThéodore M. Davis, mécène privé du Service des Antiquités, fait une curieuse découverte dans la Vallée des Rois, Il déterre un petit site avec quelques artefacts portant le nom de Toutankhamon. La découverte n’est guère importante, mais Davis est convaincu qu’il a découvert le tombeau pillé du roi. Quand il publie sa découverte. il écrit : « Je crains que la Vallée des Rois ne soit désormais épuisée, »
Carter ne partage pas cet avis. Sans travail et peinant à sen sortir en vendant ses peintures à de riches touristes, il est loin d’avoir les moyens de monter une expédition qui pourrait lui permettre de vérifier ses soupçons la découverte de Davis n’est pu le véritable tombeau. Mais il a de la chance, l’attrait de l’Égypte et ses secrets attirent La convoitise du riche, mais fragile George Herbert, cinquième Comte de Carnarvon_ Les deux hommes rêvent d’une découverte spectaculaire et ont chacun besoin l’un de l’autre pour y parvenir. En 1909, ils s’associent et quand Davis abandonne la concession pour creuser dans la Vallée des Rois en 1914. Carter et Carnarvon sautent sur
l’occasion.
Carter part à la recherche du tombeau, toujours aussi persuadé qu’il existe. La Première Guerre mondiale met ses fouilles en suspens, puis il les reprend en l917 creusant jusqu’au socle rocheux de la vallée. Un labeur long, pénible, éreintant. On estime que les équipes de Carter ont déplacé entre 150,000 et 200.000 tonnes de gravats sous le soleil impitoyable de l’Égypte.
Après six saisons de fouilles, ils n’ont toujours rien trouvé, Carnavon commence à croire que les critiques étaient dans le vrai. Sa fascination pour l’Egypte et son éblouissement pour l’enthousiasme de Carter se heurtent aux fortunes qu’il a dépensées dans cette aventure, sans récompense à l’horizon. l perd patience. Carter réussit à le convaincre de lui laisser une ultime saison de fouille.
Miraculeusement, le 4 novembre 1922, alors qu’ils nettoyaient les vestiges des cabanes d’ouvriers, en face de la tombe de Ramsès V et VI, les ouvriers de Carter trouvèrent une marche en pierre.

Témoignage d'Howard Carter

La porte du tombeau de ToutankhamonJ’arrivai à Louxor le 28 octobre ; le 1er novembre, j’avais engagé mes ouvriers et j’étais prêt à me mettre au travail. Nos précédentes fouilles avaient tourné court dans le coin nord-est de la tombe de Ramsès VI ; c’est à partir de cet endroit que je me mis à creuser en allant vers le sud. Il faut rappeler que cette zone était parsemée
d’un grand nombre de cabanes d’ouvriers grossièrement construites et qui avaient probablement servi aux hommes de peine qui élevaient la tombe de Ramsès.
Dès le 3 novembre au soir, nous avions dégagé un assez grand nombre de ces huttes pour pouvoir commencer nos recherches. Après en avoir relevé le plan et la situation, nous déblayâmes le terrain et nous fûmes prêts à prospecter les 90 cm de terre sur lesquels ces huttes étaient construites.
Le lendemain (4 novembre), à peine étais-je arrivé sur le chantier, que je fus frappé par un silence inhabituel ; le travail avait cessé et je compris qu’il était arrivé quelque chose d’extraordinaire ; en guise de salut, on m’annonça que, dans le sous-sol de la toute première hutte, on avait découvert une tranchée creusée dans le rocher.
Cela semblait trop beau pour être vrai, mais les déblaiements faisaient bien apparaître l’ouverture d’un passage abrupt creusé dans le rocher, à 4 mètres environ de l’entrée de la tombe de Ramsès IV et à la même profondeur sous le niveau actuel de la Vallée. La tranchée était creusée en escalier comme il est courant dans la Vallée et j’osai presque me laisser aller à espérer que nous avions enfin trouvé notre tombe.
Le travail continua fiévreusement tout le jour et dans la matinée du lendemain ; mais il fallut attendre le soir du 5 novembre pour réussir à déblayer tous les décombres qui obstruaient la tranchée ; alors seulement nous pûmes mettre en évidence les premières marches de l’escalier.
Nous ne pouvions plus douter d’avoir atteint l’entrée d’une tombe et cependant, peut-être à cause de nos précédentes déceptions, nous étions inquiets. Il y avait toujours une possibilité affreuse : que la tombe soit inachevée et n’ait jamais servi. Et, si même elle avait été achevée, elle pouvait bien avoir été pillée autrefois. La tranchée était creusée dans le flanc d’une petite colline et au fur et à mesure que notre travail avançait, elle s’enfonçait sous un plan de rocher jusqu’à en être complètement recouverte ; on aboutissait à un corridor de 3 mètres de haut sur 1,80 m de large.
Nous progressions maintenant plus rapidement marche après marche jusqu’à la douzième toujours en direction de l’ouest. C’est alors que nous découvrîmes la partie supérieure d’une porte fermée, plâtrée et scellée.
Une porte scellée — c’était donc vrai ! Tant d’années de travail acharné enfin récompensées ! Je crois que ma première réaction fut de me féliciter d’avoir fait confiance à la Vallée. Emu et fiévreux, je cherchai sur la porte l’empreinte des sceaux pour y découvrir le propriétaire de la tombe, mais je ne trouvai pas de nom. Les seuls sceaux que .je déchiffrai étaient ceux des plus célèbres nécropoles royales : le chacal et neuf captifs.

La porte du tombeau de Toutankhamon

La porte du tombeau de ToutankhamonCarter fait dégager les bords de la pierre. Sur un côté, plus bas, une autre dalle tout à fait semblable apparaît. Jusqu’au soir, avec d’infinies précautions, les fellahs creusent. A la tombée de la nuit, ils ont dégagé quatre marches.
Le lendemain, ils recommencent. Douze marches, quinze marches. Carter devient fébrile. Encore une marche, la seizième, mais c’est la dernière, les ouvriers n’ont plus devant eux qu’ une dalle verticale.
Une porte… surmontée d’un linteau de marbre, au milieu duquel est incrusté un sceau comme on en trouve à l’entrée de tous les tombeaux de pharaon. Un autre sceau apparaît. C’est bien un sceau royal et il porte un nom, le nom complet du pharaon inconnu dont Carter poursuit l’ombre depuis 1908 : Nebkhéperouré-Toutankhamon.

Témoignage d'Howard Carter

En examinant les sceaux, je remarquai tout en haut de la porte, là où le plâtre s’était détaché, un linteau de bois massif. Sous ce linteau, pour découvrir comment on avait bloqué la porte, je pratiquai un petit trou, juste assez grand pour y introduire une torche électrique, et voir qu’au-delà le corridor était rempli de pierres et de décombres du plancher au plafond, preuve supplémentaire du soin qu’on avait apporté à protéger la tombe. Voici qu’après des années de travail quasi infructueux, je me trouvais au seuil d’une découverte qui s’annonçait magnifique.
Oui, il y avait bien quelques chose au-delà du corridor, et je devais faire effort pour me retenir de briser cette porte et de me mettre à chercher de tous côtés.
Une chose m’intriguait : l’entrée de la tombe était beaucoup plus étroite que celle des autres tombes de la Vallée. Le style architectural était sans aucun doute celui de la XVIIIe dynastie.
S’agissait-il de la tombe d’un noble personnage enterré ici par consentement royal ? Etait-ce une cachette royale, un lieu secret où l’on avait transporté une momie et son matériel funéraire par mesure de sécurité ? Ou bien réellement la tombe d’un roi à laquelle j’avais consacré tant d’années de recherches ?
Une fois de plus, pour me mettre sur la voie, j’examinai l’empreinte des sceaux, mais sur le coin de la porte déplâtrée, je ne pus lire que ceux des nécropoles royales, dont j’ai parlé plus haut.
Si j’avais su qu’à quelques centimètres plus bas se lisait très distinctement l’empreinte du sceau de Toutankhamon, celui de tous les rois que je désirais le plus passionnément découvrir, j’aurais continué à nettoyer la porte, j’aurais passé une meilleure nuit et je me serais épargné près de trois semaines d’incertitude.
Cependant il était tard, et l’obscurité gagnait. Avec quelque regret, je refermai la petite ouverture que j’avais pratiquée. Je recouvris le chantier pour le protéger durant la nuit, choisis quelques hommes de confiance parmi mes ouvriers — ils étaient presque aussi émus que moi — et les chargeai de veiller sur la tombe, puis, sous un beau clair de lune, je revins vers la Vallée.
Mon plus vif désir était de poursuivre les fouilles, mais lord Carnarvon étant en Angleterre, je devais en toute honnêteté attendre son retour. Le lendemain, 6 novembre, je lui expédiai le télégramme suivant :
Avons enfin fait merveilleuse découverte dans la Vallée, splendide tombeau, sceau intact. Avons refermé chantier jusqu’à votre arrivée. Félicitations.

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