Le tunnel de Tavannes avait l’avantage d’offrir une protection sûre contre les obus. mais pas contre les accidents. Le 4 septembre 1916, une énorme explosion se produit à la sortie sud-ouest du tunnel.
Le repos, on le prenait généralement dans le tunnel de Tavannes. C'était au mieux le purgatoire. Arrivée au tunnel. Rien n'est prêt pour nous recevoir. Après bien des pas et des démarches, les hommes sont couchés sur des rails. Le sol est humide, encombré de détritus. Dans ce tunnel qui a près de 1 500 mètres, on n'a rien aménagé. Pas une prise d'air. On a commencé d'en amorcer une, il y a quelques jours seulement.
Jeudi 25 mai. Ce tunnel ! Quel séjour ! Digne du secteur !
Une haute voûte qu'ont noircie les fumées de train, des couchettes installées sur trois étages en travées de cent à cent cinquante mètres, travées séparées par des espaces vides, et où, pour se reposer, les hommes n'ont que les rails et les traverses.
Au milieu de ces espaces vides, des tinettes, des mares infectes d'urine. L'air est fétide, lourd d'une odeur de sueur et d'excréments à se trouver mal. Une nuit passée là et les hommes sont pâles, les traits tirés, ne pouvant tenir sur leurs jambes.
J'ai 53 malades ce matin, chiffre énorme. J'ai menacé du conseil de guerre ceux qui ne seraient pas reconnus. Les malheureux ! en réalité, c'est toute la compagnie qui est malade.
Ici règne l'affolement. Les hommes n'ont pas reposé, n'ont rien mangé, vivent dans la nuit sans air. Chaque soir, on les accable de corvées.
Consolant, le colonel : « Nous crèverons tous ici », me dit-il aimablement.
Dès le début de la bataille, le tunnel ferroviaire de Tavannes, qui relie Metz à Verdun, est fermé.
L’ouvrage enterré, long de près d’un kilomètre et demi, est aménagé par l’armée française pour accueillir le poste de commandement de plusieurs unités. Le lieu sert aussi d’abri, d’infirmerie d’urgence, de prison et encore de dortoir. Au fil des opérations, des chevaux, des marchandises, du matériel et des munitions sont
stockés aux deux extrémités de ce tunnel en proie à l’insaiubrité et aux odeurs pestilentielles.
Le 4 septembre, vers 21h30, deux formidables explosions retentissent dans la galerie souterraine.
Des fusées transportées à dos de mules prennent feu. L’incendie, alimenté par les cloisons de bois, se propage à des bidons d’essence puis gagne le dépôt de munitions.
La panique est totale: les soldats sont prisonniers de l’épaisse fumée qui envahit tout. Ceux qui ne réussissent pas à s’échapper meurent piétinés ou asphyxiés.
Le brasier est si intense qu’il faudra une semaine aux équipes de secours avant de pénétrer dans le tunnel. Le 11 septembre, Ils dégageront les cadavres carbonisés de près de 500 soldats. L’origine du drame n’a jamais été élucidée avec certitude.