Le 1er décembre 1956, dans la ville de Montgomery en Alabama, une lemme afro-américaine refuse de céder sa place à un homme blanc dans un autobus. Elle s’appelle Rosa Parks et est inculpée de désordre public.
Lors de son procès, elle reçoit un soutien mondial. Le 13 novembre 1966, la segrégation dans les bus
est déclarée anticonstitutionnelle, mais la marche est encore longue avant l’adoption de la loi sur les droits civiques le 2 juillet 1964, mettant officiellement un terme à la • ségrégation raciale.
Née en 1913, fille d’une institutrice, Leona Edwards, et d’un charpentier, James McCauley, Rosa grandit dans le Sud, dans l’État de l’Alabama, à quelques dizaines de kilomètres de Montgomery. Son grand-père Sylverster Edwards joue un rôle essentiel dans son éveil politique et citoyen. Elle gardera de lui une défiance à l’égard de lois injustes.
Celui-ci ne manque pas de tempérament. Surtout, il n’a pas peur des Blancs. À l’époque, c’est suffisamment rare et dangereux pour être remarqué. « Il serait presque passé pour un Blanc », se souvient Rosa dans ses Mémoires. Ces derniers le prennent souvent pour l’un des leurs et n’hésitent pas à le saluer et à lui serrer la main.
Dans le premier tiers du XXe siècle, les Noirs ne serrent pas la main des Blancs, au risque de subir de violentes représailles. Or le grand-père de Rosa ne manque pas une occasion de les déstabiliser. Il les met mal à l’aise, toujours avec un plaisir à peine dissimulé. Une façon pour lui de démontrer l’absurdité de la situation. À l’âge
de 6 ans, Rosa est fascinée par ce grand-père qui veille tous les soirs chez eux, revolver à la main. Les exactions du Klu Klux Klan se multiplient, et les familles noires vivent dans la terreur. « Je voulais le voir tirer, je ne voulais pas être surprise dans mon sommeil si on nous attaquait », se souvient-elle.
Contrairement à ce qu’on a pu écrire ou dire sur elle, Rosa Parks n’est pas une femme ordinaire qui aurait refusé de quitter son siège par lassitude après une dure journée de travail. C’est une militante politique engagée et respectée dans la communauté afro-américaine de Mont- gomery. Son militantisme politique prend forme lorsqu’elle épouse Raymond Parks. Celui-ci est très impliqué dans la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). C’est lui qui, en 1943, encourage sa femme à le suivre dans le combat politique. Une affaire marque particulièrement Rosa Parks et scelle son baptême du feu dans sa lutte : celle des garçons de Scottsboro, huit adolescents âgés de 14 à 19 ans, accusés du viol de deux femmes blanches en 1931 et condamnés à mort. Après des dizaines d’années de procédure, dans laquelle est engagé Raymond Parks notamment, ils échapperont finalement à la peine capitale. Rosa Parks veut agir. Elle accepte le seul poste qu’on lui propose, celui de secrétaire de la NAACP. Cette fonction, qui peut paraître anodine, la met au cœur des réalités. C’est elle qui reçoit toutes les plaintes et répertorie toutes les injustices à Montgomery.