Le radar pendant la bataille de l'Atlantique en 1943

Les savants mirent au point un radar à ondes très courtes contre lequel était impuissant le système de contre-radar des U-boote. Fin 1942 et début 1943, de nombreux escorteurs furent équipés de ces radars à ondes centimétriques. Ils furent donc en mesure de situer avec une plus grande précision les sous-marins allemands sans que ceux-ci pussent s’en apercevoir.
 

L'entrée en scène du radar pendant la bataille de l'Atlantique

Tout changea lorsqu'on installa le radar à bord des navires d'escorte : grâce à ce système de détection, on voyait en effet aussi bien dans l'obscurité que par mauvais temps.

Quand au mois de mars 1941, trois des plus grands as allemands de la guerre sous-marine, Prien (haut avec décoration), Schepke et Kretschmer furent mis hors de combat, l’un après l’autre et en dix jours à peine, un sentiment de triomphe gagna toute la Royal Navy. Mais, à l’époque, on ignorait généralement qu’un nouvel appareil avait contribué à la destruction de PU-100 de Schepke: il s’agissait du radar. Ce dispositif, récemment mis au service de la guerre contre les sous-marins, donnait aux Anglais de bonnes raisons de croire que la balance se mettait à pencher de leur côté dans la bataille de l’Atlantique.
Jusqu’à l’entrée en scène du radar, les U-Boote avaient pu attaquer les convois pratiquement impunément, lorsqu’ils opéraient en surface et la nuit: en surface parce qu’ils échappaient à l’asdic, et la nuit parce qu’ils pouvaient déjouer la surveillance des veilleurs et, une fois leurs torpilles lancées, s’esquiver prudemment
Mais tout changea lorsqu’on installa le radar à bord des navires d’escorte : grâce à ce système de détection, on voyait en effet aussi bien dans l’obscurité que par mauvais temps. En associant le radar à l’asdic, on était à même de localiser les sous-marins à la fois en surface et en immersion, et diriger infailliblement sur eux les navires d’escorte.

Les radars installés à bord des navires au début de 1941

Le radar est installé à bord des navires au début de 1941

Il faudra attendre le début de 1941 pour voir les radars installés à bord des navires. Les premiers exemplaires, montés sur des bâtiments de la Royal Navy, étaient dotés d’antennes grossières et encombrantes, au grand dam de plus d’un commandant, et ne permettaient de suivre qu’un seul objectif à la fois. Le contact se manifestait sous la forme d’une tache sur une ligne verte qui balayait l’écran d’un oscilloscope; l’orientation de la cible était déterminée d’après la direction de l’antenne (qui, sur les premiers modèles, ne pouvait pas pivoter) et la distance calculée d’après la position de la tache sur l’écran. Du moins était-ce là la théorie. En pratique, les premiers radars servirent beaucoup plus à aider les commandants de bord à maintenir leurs bâtiments en formation dans les convois, pendant les périodes de mauvaise visibilité (en leur indiquant s’ils se rapprochaient ou s’éloignaient trop des navires avec lesquels ils naviguaient de conserve), qu’à repérer les U-Boote à l’affût.

Un détecteur de sous-marins appelé Hulf-Duff

 

Un appareil électronique de détection moins compliqué, également utilisé à l’époque à bord des navires britanniques, fut le radiogoniomètre à haute fréquence. Baptisé, à partir de ses initiales, «Huff-Duff » par les marins anglais, il s’avéra être le plus précieux auxiliaire, après le radar, dans la lutte anti-sous-marine.
Le Huff-Duff tirait parti d’une faiblesse inhérente à la tactique adoptée par les U-Boote: la nécessité de communiquer régulièrement par radio avec leur base. Assurant seul la direction des opérations, le quartier général n’aurait su ni où ni quand rassembler les submersibles pour procéder à une attaque en groupe, si ceux-ci avaient observé le silence radio le plus complet.
De plus, les sous-mariniers allemands avaient l’habitude de converser longuement avec leur quartier général, donnant ainsi largement le temps aux spécialistes britanniques de déterminer la position de leurs bâtiments. D’ailleurs, même le plus bref des messages pouvait permettre de localiser son expéditeur. Les Britanniques étaient si habiles qu’ils arrivaient parfois à fixer la position d’un U-Boot à partir d’un message codé ne contenant que des chiffres. Et, même lorsque les Allemands devinèrent que les Britanniques disposaient d’une arme nouvelle, leurs efforts pour réduire le volume des communications radio ne donnèrent guère de résultats, en partie parce que les sous-mariniers ignoraient toujours que les navires d’escorte eux-mêmes disposaient désormais du Huff-Duff, en partie aussi parce que le système tactique de la meute des loups reposait obligatoirement sur les fameuses communications radio.
Dès le milieu de 1941, les Britanniques tirèrent avantage non seulement des signaux émis par les U-Boote mais aussi de la teneur de ces messages radio. En effet, au mois de mai, la capture de l’U-110 par des navires britanniques escortant un convoi au large du Groenland avait livré intacte aux mains des Anglais une machine électronique à chiffrer allemande. Les spécialistes du déchiffrage appartenant au groupe hautement secret «Ultra», purent, grâce à cette machine, découvrir le code général de la marine allemande, appelé «Hydra», et plus tard leur code spécial «Triton ». Bien que les Allemands n’en eussent pas conscience, les Britanniques décodèrent nombre de messages d’une importance capitale.
Lorsque la version navale du Huff-Duff fut mise au point, le dispositif permit aux navires d’escorte, travaillant en tandem, de déterminer eux-mêmes la position d’un U-Boot et, ce, avec beaucoup plus de précision que ne pouvaient le faire deux stations à terre éloignées l’une de l’autre de plusieurs centaines de kilomètres.

Le téléphone pour relier les navires

Comme les moyens de détection, les moyens de communication entre navires d’un même convoi firent de grands progrès. Jusqu’alors, quand l’obscurité ou le brouillard interdisaient l’emploi de signaux optiques, la seule alternative était de recourir à des messages radio codés, qui exigeaient à la fois du temps et du personnel qualifié pour les transmettre et les recevoir; toutes choses que l’on ne pouvait se permettre au milieu d’un combat ! On put pallier cet inconvénient en faisant appel au radio-téléphone à très haute fréquence, qui non seulement facilita les communications entre navires, mais permit aussi, par la suite, des liaisons entre navires et avions. Le travail d’équipe entre les escortes aériennes et navales des convois en fut largement amélioré.
Certains des progrès réalisés dans la lutte anti-sous-marine résultèrent non pas de la création de dispositifs nouveaux, mais de la simple amélioration de procédés déjà existants. Ainsi, au début de la guerre, les navires d’escorte tiraient des obus éclairants pour avoir une chance de repérer les U-Boote, lorsque ceux-ci attaquaient de nuit. Mais ces obus ne fournissaient pas beaucoup de lumière, et les flammes des canons aveuglaient pour un bon moment les veilleurs sur les ponts.
On remplaça donc très tôt l’obus éclairant par le «snowflake» (flocon de neige). Cette fusée, dont le tir s’accompagnait d’un éclair minimum, n’éblouissait pas les guetteurs: son explosion créait une intense lumière blanche, qui illuminait le ciel pendant plusieurs minutes. Tous les navires des convois reçurent un stock de «snowflakes» avec instruction, dans le cas d’une attaque de sous-marins, de les lancer simultanément au signal convenu.
Les «snowflakes» représentaient cependant une arme à double tranchant. En illuminant la mer à des kilomètres à la ronde lorsqu’ils étaient lancés simultanément de tous les navires, ils permettaient bien de repérer les U-Boote, mais ils faisaient, en même temps, des bâtiments du convoi des objectifs bien visibles. Dans ce jeu de la mort, c’était, malgré tout, un risque à courir, si l’on voulait donner aux navires d’escorte une chance d’être les premiers à ouvrir le feu ou à lancer leurs grenades sous-marines.

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