L’apogée de cette politique nataliste est l’ouverture, entre 1935 et 1945, de maternités destinées à couver en leur sein la future race supérieure.
Leur nom : les Lebensbom (source de vie). Heinrich Himmler, chef de la SS et ministre de l’Intérieur du Reich, place l’institution sous son autorité.
Pendant la guerre, on incite les femmes en surnombre à procréer avec les hommes disponibles. Ce qui inclut pour les SS le droit à une favorite à côté de l’épouse. Cela concorde avec une ordonnance du 28 octobre 1939 pour «l’ensemble de la SS et de la police» visant à «encourager la procréation, surtout celle d’enfants illégitimes ». Cette entorse à la morale chrétienne soulève la protestation des Églises et son succès est relatif: le nombre des naissances extraconjugales se maintient pendant la guerre, sans changement, à 8 à 9 % du total.
Conformément à une recommandation de Himmler du 19 avril 1941, des jeunes femmes célibataires « en détresse» sont admises dans les centres Lebensborn pour y enfanter, discrétion et anonymat garantis. Himmler en personne décide l’admission, en fonction de « formulaires » créés en 1938 notant les critères raciaux, la fermeté de caractère et les tares héréditaires éventuelles. Les bébés nés avec un handicap visible sont éliminés. Mais le chef des SS reste, au fond, partisan du mariage. Titres et médailles sont l’apanage des épouses. Les mères célibataires sont des mères de seconde classe. En 1932 déjà, Himmler avait décrété que les SS devaient se marier et avoir quatre enfants, le mariage étant « le meilleur creuset de la race ». Sous ses dehors humanitaires, Lebensborn est une institution criminelle. Elle fait main basse sur des biens juifs et, pendant la guerre, sur des enfants estimés «racialement valables », nés en Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie et Russie occupées. Ils perdent leur identité d’origine. Nombre d’entre eux ont passé leur vie à la rechercher et aujourd’hui encore, le taux de suicides parmi eux demeure élevé.
Un texte de Himmler, publié le 14 janvier 1941, distingue, parmi les « travailleurs occidentaux » réquisitionnés, les « germaniques », comme les Hollandais et les Flamands, des « latins » comme les Wallons, les Français et les Italiens. Cette différenciation « biologique » s’applique aussi dans les pays occupés. Au Danemark et en Norvège, pays « aryens », les amours sont encouragées. En Hollande, elles ne sont pas interdites, mais il faut demander au Führer par écrit l’autorisation d’épouser. L’Italien est déclaré « sous-homme», mais Mussolini fait abroger ce statut dégradant. Dans l’idéologie nazie, les Français sont inclassables. Ce n’étaient certainement pas des « surhommes», la France, selon Hitler, étant « enjuivée » et « négrifiée », mais elle jouissait d’un certain respect.