L’équipement de l’infanterie comporte:
La giberne, en cuir noirci, qui contient trente-cinq cartouches, une bourse de cuir pour les pierres à fusil de rechange, le tournevis et le « tire-balles », l’épinglette pour déboucher la lumière du bassinet, qui s’encrasse aisément, et le chiffon ou drap gras pour l’entretien du mécanisme.
Le havresac, en peau de veau à poils apparents, est doublé d’une forte toile ; une séparation intérieure permet d’y placer les souliers de rechange, les paquets de cartouches supplémentaires, et de l’autre côté, le pain pour quatre jours, deux chemises, un col, une culotte un caleçon, une paire de guêtres et une paire de bas, un bonnet pour coucher et les brosses.
L’entretien de uniforme et des équipements n’étaient pas chose aisée et demandait du temps ! Les habits devaient être le plus propre possible : ils étaient battus et vergetés (sic) car il était expressément défendu de les laver, ce qui aurait été nuisible à la conservation des étoffes.
En campagne, on oubliait le règlement car les uniformes se salissaient extrêmement rapidement, subissant les effets de la poussière, de la pluie, de la boue, de la transpiration, de la poudre, de la fumée des bivouacs… Quant au nettoyage des chemises et du petit linge, il était bien souvent confié à des blanchisseuses attachées aux compagnies.
Voici quelques recettes utilisées à l’époque pour nettoyer et détacher.
Les taches de boue, de graisse ou de vin étaient frottées avec de la terre à pipe mélangée… à de la salive ! On laissait sécher, puis on grattait la tache avec l’ongle. Si elle ne partait pas, on utilisait alors un peu d’eau et du savon.
Les taches de goudron étaient d’abord enduites de beurre, essuyées, puis traitées par la méthode ci-dessus indiquée.
Les taches de boue marquaient particulièrement le drap écarlate, aussi utilisait-on du jus de citron ou du vinaigre comme détachants.
Les habits blancs étaient nettoyés et reblanchis de la manière suivante : on étendait l’uniforme sur une table, puis on le saupoudrait de son bien sec mélangé d’un peu de blanc d’Espagne en poudre. Ensuite on le frottait avec un morceau d’étoffe bien propre, puis il était battu à l’aide d’un martinet et enfin, brossé.
Cette pratique présentait l’inconvénient d’user prématurément les étoffes. L’usage de la craie et. de la terre était sévèrement défendu.
De tous les équipements du soldat, la giberne était sans doute celui qui exigeait le plus de soin, car elle devait protéger les cartouches de l’humidité. Pour l’entretenir, le soldat devait fabriquer sa cire à giberne ou l’acheter. Elle était préparée de la manière suivante : faire fondre une demi-livre de cire blanche en y ajoutant une petite quantité de gomme arabique afin de lui donner du brillant. On réserve une partie de la cire fondue et on la mélange avec une demi-once (environ 20 grammes) de noir d’ivoire ; quand le noir est bien incorporé à la cire, un ajoute ce mélange à la cire restante et l’on porte le tout à ébullition. La préparation qui en résulte est passée au tamis et coulée dans des moules.
Voici maintenant. la technique utilisée pour cirer la giberne. Si la giberne est neuve, il est nécessaire de la « ratisser » entièrement et de l’unir ensuite à la pierre ponce afin d’enlever le noir durci qui l’empêcherait de recevoir la nouvelle préparation. On frotte ensuite la giberne avec de la cire préparée comme indiqué plus haut, puis on l’expose au dessus d’un feu de paille pour ramollir la cire sans cependant griller le cuir. On utilise alors un polissoir de bois dur ou une pierre unie pour étendre la cire que l’on fait briller ensuite avec un bouchon. Lorsque la cire est froide, on l’essuie légèrement avec un drap fin pour faire disparaître les taches ; on achève la finition en frottant la giberne avec la paume de la main.
Si la giberne a déjà servi, il faut la faire chauffer avec précaution pour ne pas endommager le cuir, et ensuite, la gratter et la cirer comme si elle était neuve. Lorsque le cuir est déformé, on peut l’assouplir en le chauffant légèrement, et lui faire prendre la forme voulue, forme qu’il garde en se refroidissant.