La nourriture du soldat de Napoléon en temps de guerre

En campagne le problème de la nourriture se pose de façon encore plus préoccupante. Il est modéré dans les pays riches tels que la Bavière, l’Italie du nord, l’Autriche mais devient difficile en Espagne, Portugal, Pologne et dramatique lors de la retraite de Russie.

La nourriture pour les grognards de Napoléon

L’arrêté du 12 septembre 1801 fixe la ration des vivres pour les troupes françaises, à compter du 22 décembre 1801 : ration de pain à 750 g, ration de biscuit à 550 g, ration de viande fraîche ou de bœuf salé à 250 g, ration de riz à 30 g, ration de légumes secs à 60 g, ration de sel à 1/60 de kg, un litre de vin pour quatre hommes, un litre d’eau-de-vie pour seize hommes, un litre de vinaigre pour vingt hommes.
Le règlement du 12 avril 1798 et celui du 9 avril 1802 donnent le nombre des rations de vivres et fourrages dues à chaque grade et à chaque arme, ainsi que leur poids, soit en campagne, soit dans les garnisons. A l’armée les distributions se font à la tête du camp, à l’endroit désigné par l’état-major, et dans trois ou quatre points différents ; les caissons de vivres sont placés sous la conduite du quartier-maître et les distributions se font par compagnie ; les commissaires des guerres doivent assister aux distributions pour s’assurer de la qualité des vivres.
Le riz et les légumes secs se distribuent en remplacement l’un de l’autre et, alternativement, chaque fois qu’il est possible de le faire ; les distributions doivent être combinées de manière que sur sept, il y en ait quatre de riz et trois de légume secs. Le riz doit provenir du Piémont, de la Caroline ou des Indes. Les légumes secs consistent en pois, haricots, lentilles ou fèves, suivant les localités, et doivent être d’une cuisson facile. En ce qui concerne la viande, elle doit se composer de deux tiers de bœuf et un tiers de vache ou de mouton. La pesée se fait en bloc par compagnie ; les distributions ont lieu tous les deux jours en période de chaleur, tous les trois ou quatre jours en période de froid.

La distribution de la nourriture. De la théorie à la pratique

La distribution de la nourriture en campagne est théoriquement réglée de façon précise par les bureaux de l'administration de la Guerre

La distribution en campagne est théoriquement réglée de façon précise par les bureaux de l’administration de la Guerre. La pratique est toute différente : le désir d’aller vite et d’alléger le soldat amène très souvent Napoléon à prendre le ravitaillement exclusivement chez les habitants des régions traversées ou conquises.
Ce mode d’alimentation, souvent à l’origine de désordres mais aussi de souffrances, conduit l’Empereur à décider, entre autres, le 12 janvier 1810, la distribution par compagnie : huit marmites avec leurs couverts, huit grands bidons et seize gamelles. Il est décidé que des sacs à bretelle devront être fabriqués pour porter ce matériel, prévu pour préparer l’ordinaire par escouade ou groupe de l’ordre de dix hommes. Mais il en va autrement.
Le musicien Philippe Girault, dont les Mémoires fourmillent d’anecdotes sur le service des vivres, écrit : Nous avions la paresse, nous musiciens, de porter la marmite avec nous, aussi fallait-il souvent nous passer de soupe ou attendre qu’une escouade de soldats eût terminé sa cuisine. Quelquefois, lorsqu’il n’y avait pas de distribution du tout, les soldats vivaient de maraude. Cadet de Gassicourt se trouve dans l’île Lobau en 1809 après la bataille d’Essling ; le problème de nourriture devient crucial, aussi les soldats improvisent-ils : […] on a fait la soupe dans les cuirasses des soldats. Faute de sel de cuisine, on l’a salée avec de la poudre à canon. Masséna a voulu en manger et l’a trouvée délicieuse.

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