Un bâtiment riche en symboles
Par son architecture et sa fonction, la Bastille véhicule tout un Imaginaire. Elle est le lieu de l’obscurité, du secret, de l’enfermement Batiment médiéval et royal dominant le Paris populaire du faubourg Saint-Antoine, elle incarne la monarchie d’Anclen Régime dans tout ce qu’elle peut avoir d’archaïque.
Anachronique, la Bastille l’est d’autant plus que la croissance de Paris fui a ôté toute fonction militaire. Désormais en pleine ville, elle semble surtout être une menace pour les Parisiens alors en conflit avec le roi.
Un symbole vide ?
Le 14 Juillet, seuls sept prisonniers sont incarcérés à la Bastille : quatre faussaires en attente de Jugement, deux fous et un homme embastillé à la demande de sa famille.
En effet, depuis le début du règne de Louis XVI cette prison sert peu.
Le roi n’a guère recours aux lettres de cachet (une quinzaine
par an) et il est sensible au mouvement d’humanisation de la Justice qui se dessine alors. Aussi ordonne-t-il fa fermeture des six cachots placés au niveau des douves et qui servaient de lieu de punition. Et devant le coût de l’entretien de l’édifice, l’administration royale songe dès 1784 à le raser.
C’EST UNE REVOLTE ? NON, SIRE, C’EST UNE REVOLUTION
Tel est l’appel à la lucidité que le grand maître de la garde robe adresse à un Louis XVI qui minimise les événements de la veille, un certain 14 juillet. Le réveil sera brutal.
Le service des eaux, au IVe siècle, était confié à un fonctionnaire spécial, dont l’importance était telle qu’on ne le choisissait pas par tirage au sort, comme la plupart des magistrats, mais par élection. Il devait être riche pour pouvoir contribuer de ses deniers aux devoirs de sa charge.
Pendant une heure encore, la foule déchaînée tira des coups de feu isolés, sans faire de mal aux grosses tours muettes; ce fut alors qu’arrivèrent un groupe de Gardes-Françaises « déserteurs », comandés par les sous-lieutenants Hulin et Élie, qui traînaient six canons, emportés de leur caserne. Ils n’eurent pas le temps d’en faire usage : les invalides, qui n’avaient pas admis la décharge des Suisses, déclarèrent qu’ils allaient se rendre. Ils empêchèrent aussi Launay de mettre le feu aux poudres, au risque de faire sauter non seulement la forteresse, mais tout le quartier. Hulin et Élie, désignés sans le vouloir à la tête de l’insurrection, virent apparaître un papier par une ouverture près du second pont-levis : de Launay annonçait sa capitulation, à condition qu’on laissât la vie sauve à la garnison.
La foule envahit alors prudemment la forteresse. Les Gardes-Françaises firent ce qu’ils purent pour tenir leur engagement et protéger le gouverneur qu’ils conduisirent à l’Hôtel de Ville; mais les parents et les amis des victimes ne l’entendirent pas de cette oreille : de Launay allait être massacré, avec quelques-uns de ses hommes. A l’Hôtel de Ville, le cri de trahison! continuait à se répandre. Le prévôt des marchands, Flesselles, englobé dans la haine générale, fut assassiné d’un coup de pistolet sur le seuil de l’Hôtel. Besenval, épouvanté par les nouvelles, commanda la retraite générale des troupes et abandonna le Champ-de-Mars. Le Roi, informé dans la nuit, comprit un peu plus tard qu’il ne lui restait plus qu’à venir à Paris pour essayer de renouer avec sa capitale. Dans les jours qui suivirent, on commença la démolition de la Bastille. Le petit millier d’assaillants de la forteresse se groupèrent en une association, « Les Vainqueurs de la Bastille ».