Les rues d'Athènes au temps de Périclès

La population d’Athènes vit, très nombreuse, sur un espace limité. La ville, entourée d’une enceinte fortifiée, mesure un kilomètre et demi de long d’est en ouest. Les habitants s’entassent dans ses dix mille maisons dont bien peu sont des habitations collectives.

800 – Athènes est fondée par la réunion de plusieurs villages, d’où le pluriel du nom.
490 – Miltiade défait les Perses à la bataille de Marathon.
431 – Début de la guerre du Péloponnèse. Sparte et Corinthe contre Athènes.
429 – Grande peste à Athènes. Mort de Périclès, victime de l’épidémie.

Les égouts à Athènes
On jette les eaux usées et les ordures dans les caniveaux. Elles sont ramassées par des armées d’esclaves boueurs, qu’il faut surveiller pour qu’ils n’aillent pas les déposer à moins de dix stades des murs de la ville.
Les mouches, les puces, les moustiques, les rats se reproduisent facilement dans les bourbiers des rues, qui ne sont pas éclairées la nuit et où les ménagères, le jour, font leur cuisine sur des braseros.
La misère de la foule dépenaillée des quartiers populaires contraste singulièrement avec l’harmonie des monuments grandioses de l’Acropole, où dominent les temples des dieux.

Athènes, une cité prestigieuse

Athènes, une cité prestigieuse

La population de la cité a fortement augmenté durant la première partie du Ve s. av. J.-C. En comptant les citoyens, les métèques et les esclaves, on donne un chiffre général qui va de 215 000 à 500 000 habitants. Si la majorité de cette population vit à la campagne, on estime la population d’Athènes même et du Pirée autour de 100 000 personnes, ce qui représente la plus grande ville du monde grec d’alors.
Athènes est ceinturée par une muraille trouée de 9 portes. Dominée par les constructions de l’Acropole (dont certaines sont encore en chantier) elle a quelque peu ordonné son agora, mais les monuments proprement politiques restent modestes. Elle est reliée au Pirée (distant de 6 kms) par les Longs Murs.
On afflue de toute part dans cette ville prestigieuse, Ce sont d’abord les marchands qui viennent transiter au Pirée et n’hésitent pas à payer la taxe de douane de 5% pour profiter des installations. La monnaie athénienne fait maintenant prime sur les marchés méditerranéens ; on la retrouve sur les principaux sites tant à l’ouest qu’à l’est. Il est probable qu’en Asie mineure, même dans la partie perse, elle est préférée aux monnaies d’argent du Grand Roi
Mais la foule qui se presse dans la ville est aussi attirée par ses activités culturelles. On célèbre le prestige de ses poètes et ses fêtes, particulièrement les grandes Dionysies et les Panathénées. De nombreux sanctuaires ont d’ailleurs été complétés ou reconstruits en Attique (Eleusis, le Cap Sounion). Des cercles intellectuels se constituent. C’est à Athènes qu’Hérodote a lu ses histoires. Des philosophes entourent Périclès. Les sophistes commencent à enseigner sur l’Agora, Socrate a sans doute déjà commencé à s’interroger sur la place publique.
Ainsi Athènes est « l’école de la Grèce» dira Périclès dans un de ces discours. Cette place particulière se fonde sur une position internationale solide qui repose sur la maîtrise de la mer Egée, celle-ci contrôlée par la flotte d’Athènes et l’alliance de la ligue

Le problème de l'eau à Athènes

Le problème de l'eau dans les rues d'Athènes

Le service des eaux, au IVe siècle, était confié à un fonctionnaire spécial, dont l’importance était telle qu’on ne le choisissait pas par tirage au sort, comme la plupart des magistrats, mais par élection. Il devait être riche pour pouvoir contribuer de ses deniers aux devoirs de sa charge.
Tous ces fonctionnaires, quel que fût leur zèle, ne pouvaient pas transformer du tout au tout un état de choses très déficient.
Les rues d’Athènes n’étaient presque jamais rectilignes. Elles épousaient la forme des passages naturels entre les collines ; souvent elles se resserraient encore, bien loin d’avoir partout la même largeur. Les maisons sont mal alignées, tantôt en retrait, tantôt en saillie.
Les eaux de pluie, du moins celles qui ne sont pas recueillies dans les citernes, et les eaux usagées sont évacuées dans la rue, où elles sont versées par les fenêtres ou les portes. Cependant la canalisation à ciel ouvert du milieu de la rue semble avoir été remplacée, en bien des cas, au IVe siècle, par des tuyaux souterrains et des égouts.
Les rues ne sont pas dallées ; ravinées par les eaux d’écoulement et couvertes de boue, elles se transforment vite en cloaques dès qu’il fait mauvais temps.
Il n’est guère question d’urbanisme dans tout cela et l’on comprend que des épidémies, telle la grande peste d’Athènes en 429, qui emporta Périclès, aient pu se développer rapidement dans une telle ville où, de surcroît, la population campagnarde se trouvait alors anormalement entassée.
Dans une ville aussi sèche qu’Athènes, le problème de l’eau était le plus important de tous. Les tyrans du VIe siècle s’en étaient préoccupés et avaient doté Athènes, grâce à d’importants travaux, de plusieurs fontaines dont l’Ennéacrounos (la fontaine aux neuf bouches) était la plus célèbre.

Pendant la nuit, à Athènes, des rues mal éclairées

Naturellement, les rues n’étaient pas éclairées pendant la nuit, comme le montre cette anecdote racontée par Plutarque pour illustrer la hautaine maîtrise de soi que possédait Périclès :
Un jour, Périclès, sur l’Agora, fut couvert d’injures et de mauvais propos par un homme effronté et grossier; il supporta cet individu la journée entière, tout en expédiant des affaires pressantes. Le soir, il revint tranquillement chez lui, ayant toujours à ses trousses cet homme qui lui lançait les pires insolences. Au moment d’entrer dans sa maison, comme il faisait déjà noir, Périclès ordonna à l’un de ses serviteurs de prendre une lumière pour escorter et reconduire son insulteur.
Les héliastes des Guêpes, levés en pleine nuit pour aller juger, tâchent d’éviter les bourbiers grâce aux lampes que portent de jeunes esclaves pour éclairer leur marche.

Les maisons dans l'ancienne Athènes

Les murs des maisons de la cité d'Athènes

Dans les quartiers populaires, la plupart des maisons étaient fort petites et formées seulement d’un rez-de-chaussée avec deux ou trois pièces exiguës. Lorsqu’elles possédaient un étage avec une ou deux chambres, on y accédait souvent par un escalier extérieur en bois. Ces mansardes pouvaient être louées à de pauvres campagnards ou à des étrangers qui désiraient avoir un pied-à-terre en ville . « Il y avait dans notre maison, dit un plaideur, un étage, qu’occupait Philonéos lorsqu’il résidait à la ville. »
Les murs de ces maisons étaient en bois, en brique crue ou en cailloux agglutinés par un mortier fait de terre délayée. Ils étaient tellement faciles à percer que les voleurs ne se donnaient pas la peine de chercher à forcer les portes et les fenêtres ; ils préféraient faire un trou à travers ces minces cloisons, si bien que les cambrioleurs, à Athènes, étaient appelés toichorychoi, ce qui veut dire « perce-murailles ».
Les proportions des maisons dont on distingue des traces à Athènes sont toujours exiguëes. Les portes, nous dit Plutarque, s’ouvraient sur le dehors et l’on frappait avant de sortir afin d’épargner aux passants le désagrément d’être heurtés par une porte brusquement ouverte.
Les toits étaient en terrasse. Les fenêtres, lorsqu’elles existaient, étaient nécessairement fort petites, de la dimension de simples lucarnes, puisque les Anciens ignoraient l’usage des vitres transparentes : si, par mauvais temps, l’on voulait obstruer les fenêtres, on ne pouvait le faire qu’au moyen de panneaux opaques.
Lorsque de telles maisons étaient louées, le propriétaire, s’il ne recevait pas régulièrement le montant du loyer, employait, pour se faire payer son dû, des moyens énergigues : il enlevait la porte de la maison, ou bien les tuiles du toit, ou, enfin, il fermait l’accès du puits. Et les locataires insolvables allaient rejoindre la foule, nombreuse à Athènes, des sans-logis.

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