Son refus de se lever du bus et son militantisme acharné auront bouleversé sa vie. L’image de la couturière fatiguée de se lever est très loin de son histoire. Car Rosa Parks n’était pas une femme ordinaire. Elle fut et restera la « mère du mouvement des droits civiques », comme elle fut
longtemps surnommée.
En ce 1er décembre 1955, dans un bus qui la ramène chez elle, Rosa Parks s’assoit sur l’une des places réservées aux passagers noirs. Le bus est divisé de telle sorte que les Blancs s’assoient à l’avant et les Noirs à l’arrière. Mais, comme cela arrive occasionnellement, le bus est rapidement plein. Deux personnes blanches se retrouvent debout. Le conducteur demande alors aux passagers noirs assis de laisser leur place. Ils sont pourtant dans la section qui leur est réservée. Cette demande est récurrente en cas d’affluence.
Rosa Parks refuse. Elle sait qu’en s’obstinant elle risque l’arrestation, la prison, et peut-être même une bavure policière Mais elle n’en peut plus.
« J’ai été bousculée toute ma vie et j’ai senti que je ne pouvais plus le supporter, écrira-t-elle plus tard pour expliquer son action. Lorsque j’ai demandé au policier pourquoi nous devions être ainsi humiliés, il m’a dit qu’il ne savait pas. “La loi, c’est la loi. Vous êtes en état d’arrestation.” Je n’ai pas résisté. »
Cette militante n’en est pas à son premier acte de rébellion dans un bus. Douze ans plus tôt, toujours dans un bus bondé, elle est confrontée à une situation similaire. Ayant acheté son billet à l’avant du bus, elle refuse de redescendre, comme c’est la coutume, pour remonter à l’arrière dans la partie réservée aux passagers noirs. Le conducteur agressif refuse qu’elle reste à l’avant et la force à quitter le bus. Rosa Parks préfère laisser partir le bus plutôt que d’accepter cette nouvelle humiliation.
Ironie du sort, ce conducteur dont elle se rappelle la méchanceté et la haine est aussi celui du 1er décembre 1955. Est-ce que son acte est prémédité ? Non, ce jour-là, Rosa Parks ne remarque pas ce chauffeur qu’elle s’évertuait pourtant à éviter.
Peu de temps après, elle est licenciée, tout comme son époux. Ils mettront une dizaine d’années à retrouver un emploi à plein temps. Mais cela lui laisse du temps pour participer activement à l’organisation du boycott des transports publics. Elle cherche des voitures pour emmener les marcheurs, multiplie les conférences et répond à la presse pour expliquer sa situation. Très vite, plus qu’un symbole, elle devient une porte-parole du mouvement des droits civiques. C’est au moment de son procès que la NAACP approche un jeune pasteur, Martin Luther King, pour conduire le boycott et les actions citoyennes.
Faisant face à une situation financière intenable, la jeune femme rejoint son frère à Detroit, un an après la fin du boycott qui dura près d’un an. Rosa n’est en outre pas convaincue de la non-violence comme méthode pour faire cesser les discriminations. Elle croit au contraire à la légitime défense et s’affirme, sur ce point, en désaccord avec Martin Luther King.
« Je n’étais pas fatiguée. J’étais fatiguée de me soumettre », déclarera l’intéressée, à propos de son acte de révolte dans le bus
« Je n’étais pas fatiguée. J’étais fatiguée de me soumettre », déclarera l’intéressée, à propos de son acte de révolte dans le bus