Les Girondins voulaient rompre en douceur avec l’Ancien Régime. Leur histoire s’est mal terminée
Les surnoms de la guillotine
« Sainte Guillotine », « la cravate à Capet », « l’abbaye de Monte-à-regret », « la bascule », « le glaive des lois », « la lucarne », « le vasistas », « le rasoir national », « la planche à assignats », « le rasoir à Charlot », « la petite chatière », « la veuve » et le raccourcissement patriotique.
Lorsque les élections avaient fait entrer le 1er octobre 1791 une nouvelle génération de députés à la Législative, tous ces hommes avaient pour but de faire progresser la Révolution. S’ils avaient quelques divergences de vue, personne ne pouvait alors penser que l’Assemblée se scinderait en deux camps, qui deviendraient des ennemis irréconciliables.
L’affaire de Varennes avait déjà divisé les « patriotes » en monarchistes constitutionnels et Jacobins. Le fossé se creusa encore en janvier 1792 à cause de la déclaration de guerre à l’Autriche. Et ce climat de haine réciproque, qui baignait l’Assemblée, fut entretenu dans la capitale et dans les grande villes françaises par les clubs.
Deux groupes s’affrontèrent désormais : les Girondins et les Montagnards.
Au cours de l’été torride de 1792 les polémiques ne firent que s’exacerber à l’Assemblée et dans les clubs, tant et si bien que les enragés l’emportèrent dans la journée sanglante du 10 août 1792 qui provoqua la chute de la monarchie, la prise en otage de la famille royale et la proclamation de la République. Les insultes se firent plus violentes à la Convention contre les Girondins « parti opposé à la révolution du 10 août ». De part et d’autre on se traitait de scélérats.
Maîtres des sociétés politiques de la capitale, les leaders des Montagnards, qui tirent leur nom des rangs élevés de la Convention, sont Robespierre et Danton, premiers élus de Paris en 1792. Deux harangueurs populaires qui dominent les clubs des Jacobins et des Cordeliers. Inversement, les Girondins sont les élus qui ne siègent pas parmi les exagérés de la Montagne et ne tiennent pas leur pouvoir des suffrages de Paris.
Autour de Brissot (haut), ils constituent un groupe plus ou moins homogène de 150 parlementaires, qui ont poussé en1791 pour que la France déclare la guerre à l’Europe. La Gironde a créé les conditions d’un déferlement de violence qu’elle tente d’arrêter après la chute du trône, à L’été 1792, sans y parvenir. Bien que majoritaire à l’Assemblée, elle va permettre aux Montagnards de déborder la Révolution sur sa gauche et d’ouvrir une boite de Pandore qui profitera à l’idéologie jacobine
Il y a deux Paris. Celui des militants sans-culottes animé par Marat, la plume assassine,favorable aux revendications sociales du petit peuple. Celui des salons bourgeois de Mmes Roland et Dodun: les élus de la Gironde s’y pressent. On y recompose une cour luxueuse, où se perpétuent l’art de la conversation et l’esprit philanthropique du siècle.
Le marquis de Condorcet (à gauche), encyclopédiste, mathématicien, académicien et ami de Voltaire, incarne ce bel esprit. Son grand projet est de terminer la Révolution par une Constitution équilibrée qui fixerait au peuple ses droits afin de clore le cycle des insurrections armées. Condorcet, philosophe conservateur et progressiste, promeut un régime stable, où le respect de l’ordre légal serait la meilleure garantie contre le retour de l’Ancien Régime et le dérapage anarchique de la Révolution
Les Jacobins entreprirent de dominer l’opinion contre leurs adversaires qu’ils continuaient à appeler les Brissotins. Après l’exécution du roi, Marat déploya ses efforts contre la faction ennemie qui avait le front de vouloir disputer le pouvoir aux Montagnards.
La rupture des relations diplomatiques entre la France et l’Angleterre le 24 janvier, suivie de la déclaration de guerre par la Convention à l’Angleterre et à la Hollande, était l’aboutissement de la politique girondine, mais cette décision allait encore faire le jeu des Montagnards qui prirent en main la politique militaire. Le 8 mars 1793, Danton avait fait voter par la Convention l’envoi de commissions dans les sections de Paris pour provoquer une recrudescence de patriotisme en les informant des désastres militaires en Belgique.
Les Girondins ne purent s’opposer aux mesures dites de Salut public, notamment la création, le 10 mars, du Tribunal révolutionnaire que Vergniaud appela une inquisition vénitienne et dont lui et ses amis dénoncèrent les dangers, l’arbitraire et qui entraînait la légalisation de la Terreur.
Dans les premiers jours de mars débuta l’insurrection vendéenne, qui fut déclenchée par le décret de la Convention sur la levée de 300 000 hommes.