Le fantassin, pourvu de tout son fourniment, et chargé du sac, porte en marche quelque 23 kg, ce qui est considérable.
Il faut encore ajouter le poids du matériel de campement, des outils, et de tous le fourbi d’une troupe en campagne, et c’est dans ces conditions qu’il accomplit des étapes de jour et de nuit dans des terrains impossibles.
Les textes élaborés dans les bureaux de l’administration énuméraient de manière très complète les effets qui constituaient l’habillement et l’équipement des troupes.
Voici, à titre d’exemple, la liste des objets contenus dans le porte-manteau des cavaliers, d’après un projet de règlement sur l’habillement, l’équipement et l’armement des troupes à cheval de la République française proposé sous le Directoire, par les généraux Bourcier et Kellerrnan : une culotte de rechange, une paire de bas, deux mouchoirs, un bonnet de nuit, une paire de manchettes de bottes, une trousse garnie de fil, aiguilles, ciseaux, rasoir, alêne, fil gros et peigne à cheveux, une vergette, le gilet d’écurie, le bonnet de police, le sac à poudre, du blanc et du jaune pour les buffleries, de la cire à giberne, des boucles de souliers, un pinceau pour blanchir la bufflerie et le livret de décompte des effets !
Le rabat qui fermait le porte-manteau en le recouvrant était appelé poche de bavette ; ladite poche contenait : la brosse à cheval, l’étrille, l’éponge, le peigne à cheval, les souliers, le bridon d’abreuvoir, l’époussette, les gueulards ou musettes, la boîte à cirage.
Le sac de distribution et la culotte d’écurie étaient placés entre le recouvrement et le porte-manteau ; enfin, les tordes à fourrage étaient pliées et ficelées en carottes et attachées entre le troussequin de la selle et la charge du cavalier. Nous verrons qu’en temps de guerre, les soldats étaient loin de posséder des équipements aussi complets !
Les textes réglementaires prévoyaient également la durée des effets d’habillement et d’équipements qui n’étaient censés être remplacés qu’au terme du temps prescrit. Voici, à titre indicatif, quelques exemples de durée prévue pour divers effets, d’après un arrêté du 23 septembre 1802:
Shako d’infanterie: 8 ans
Oursin des compagnies d’élite: 6 ans
Giberne, baudrier, bretelles: 20 ans
Caisse, collier, baguettes de tambour: 20 ans
Casque de cuirassier, dragon ou
carabinier: 10 ans
Bottes: 3 ans
Selle complète (cavalerie légère): 20 ans
Drapeaux, guidons, étendards: 20 ans
Ceinture des hussards: 6 ans
Il est évident que ces durées étaient théoriques : l’usure et les pertes dues aux campagnes de l’Empire réduisirent prématurément le temps de vie des habillements et des équipements.