Au Moyen Âge, le mari, la femme, les enfants, mais aussi les serviteurs, voire les étrangers de passage, partagent des lits immenses. Et la plupart du temps, ils ne se parent pour la nuit que de leur seule nudité. Et d’un bonnet de nuit.
Comment éviter le rhume de cerveau ?
Le bonnet de nuit est indispensable pour le dormeur, depuis le Moyen Age jusqu’au XIXe siècle. Dans des chambres chauffées par la seule cheminée, quand le feu s’éteint, mieux vaut garder un bon couvre-chef.
Le lit médiéval ressemble fort au lit contemporain. Il comporte trois éléments: le bois du lit; le lit proprement dit, ce qui correspond plus spécialement à notre literie ; enfin les étoffes qui, disposées autour et au-dessus du lit, protègent le dormeur des regards indiscrets, de la lumière ou des courants d’air. Certains lits sont larges d’un lé et demi, de deux lés et même de trois lés, le lé correspondant probablement à la place d’une personne. Au XIVe siècle, le lit de Francesco Datini, riche marchand de Prato, et de sa femme Margherita, a une largeur de 3,50 m et comporte un marchepied, tout à la fois siège et coffre.
Il n’est pas surprenant, dans ces conditions, que les lits médiévaux accueillent non seulement le mari et son épouse, mais aussi les enfants, des amis, des domestiques, voire des étrangers. Une lettre de rémission de 1395 signale que deux Poitevins sont compagnons depuis longtemps, couchant, se levant et travaillant ensemble.
Une autre lettre de 1398 rapporte l’anecdote suivante : Jean Jourdain, couturier établi à Parthenay, voit venir dans son échoppe un jeune Anglais nommé Guillemin, ouvrier couturier de passage en la cité. Jean Jourdain l’embauche. Le lendemain, comme un ouvrier qui a hébergé Guillemin la nuit précédente refuse de le recevoir à nouveau, Jean Jourdain l’emmène chez lui et le fait coucher dans son lit avec sa femme déjà endormie, lui-même se trouvant au milieu. Pendant la nuit, Guillemin veut violer l’épouse qui se défend, lui donne un coup de poing et quitte le lit pour aller chercher une chandelle. Comme Guillemin parvient à éteindre celle-ci, la femme se met à crier. Son mari s’éveille, se lève et agrippe Guillemin qui doit lâcher l’épouse. Finalement, en se défendant, Jean Jourdain tue le jeune Anglais.
II existe une catégorie de personnes à qui il est formellement interdit de dormir sans aucun vêtement, ce sont les moines. La règle de saint Benoît stipule qu’ ils dormiront vêtus, et ceints d’une courroie ou d’une corde. De la sorte, ils sont toujours prêts et peuvent, en se levant immédiatement au signal donné, s’empresser de se devancer à l’oeuvre de Dieu.
Saint Colomban, moine irlandais (vers 543-615), fondateur de nombreux monastères sur le continent, prescrit à ses moines de changer de vêtement matin et soir, ce qui sous-entend le vêtement nocturne. Un autre problème se pose alors: comment se changer sans montrer sa nudité? Certes, dit saint Benoît, il suffit à un moine d’avoir deux tuniques et deux coules (ample manteau à capuchon) pour en changer la nuit et pour pouvoir les laver. Mais cela ne résout pas la question. Il faut utiliser un processus compliqué pour éviter son regard et celui du voisin.
Le moine Ulric qui, vers 1063, remanie les textes clunisiens, le décrit en détail. Lors du lever pour les prières nocturnes, il convient de se revêtir de sa cuculle (également manteau à capuchon) et de s’en couvrir les jambes avant de rejeter sa couverture. Le matin, on procède de la même façon avec les chausses, que l’on met dans son lit. Si l’on a chaud la nuit, il faut ne découvrir que les pieds, les bras et la tête. Pour changer de caleçon, on doit garder son manteau.
Par ailleurs, enseigne saint Benoît, les moines doivent dormir chacun dans un lit. Par contre, dans la mesure du possible, ils dorment dans un seul local. S’ils sont trop nombreux, ils se reposent par dix ou par vingt, avec des anciens pour veiller sur eux. Et une lampe doit brûler en permanence dans cette pièce jusqu’au matin. Quant aux frères plus jeunes, ils n’ont point des lits voisins, mais répartis parmi ceux des anciens, précaution contre d’éventuelles pratiques homosexuelles.
Le lit d’un marchand
mesure plus de 3,50m de
large
Un lit pour tous.
Au moyen Âge toute la famille est entassée dans un lit. Dans ces conditions il n’est pas rare que les enfants soient étouffés par les parents !
Le lit d’un marchand
mesure plus de 3,50m de
large
Un lit pour tous.
Au moyen Âge toute la famille est entassée dans un lit. Dans ces conditions il n’est pas rare que les enfants soient étouffés par les parents !