Dans un coin de la première salle, deux statues semblent monter la garde. Entre elles, il v a un espace manifestement rebouché. On y creuse un trou, on y introduit une lampe ; un mur d’or s’offre à la vue de Carter et Carnavon. Tous deux distinguent la première des chapelles dorées qui abritent les sarcophages et la momie royale.
l’attrait du mur nord, gardé par deux statues du roi lui même, s’avère irrésistible. Ignorant totalement le protocole et sans prévenir le Service des Antiquités, les deux hommes, accompagnés de Lady Evelyn, s’embarquent dans une aventure nocturne dans la chambre funéraire.
Si leur curiosité est satisfaite, ils doivent faire attention à effacer les preuves de leur exploration illégale, Il bloquent le passage qu’ils ont emprunté et masquent le plâtre frais derrière le couvercle d’un panier. Ils ont cependant très mal couvert leurs traces. Leur aventure nocturne est ainsi évidente pour tous ceux qui viennent inspecter le tombeau. Heureusement pour eux, l’excitation de la découverte a évité à Carter et aux Canarvon qu’une enquête soit ouverte sur leur expédition nocturne.
La brèche agrandie, les chercheurs se rendent mieux compte de leur découverte. Passé le premier éblouissement , ils constatent qu’un grand désordre règne dans la pièce. Pêle-mêle, au milieu des gravats, s’entassent des coffrets incrustés de pierreries, des vases d’albâtre, des coupes d’or, des bijoux, des colliers sertis de turquoises. Tout un fabuleux fatras des mille et une nuits.
Le couloir d’entrée menait à une antichambre transversale contenant un amas de modèles de tombes, de mobilier funéraire, de chars, d’offrandes alimentaires, de coffres de vêtements et autres types d’objets funéraires, tout cela pêle-mêle à la suite d’un pillage manqué dans l’antiquité. Derrière cette salle, une petite annexe ou dépendance contenait le nécessaire à la vie du roi dans l’au-delà : jarres de vin, flacons de parfum, pots d’onguents, corbeilles de fruits et mobilier domestique. Tout cela avait également été dérangé par les pilleurs.
C’était un vrai musée, une pièce meublée des objets les plus divers, les uns familiers, d’autres que l’on n’avait jamais vus, entassés les uns sur les autres, dans une profusion apparemment infinie.
La pièce s’éclairait peu à peu, et les objets apparaissaient les uns après les autres. D’abord juste en face de nous, nous n’avions cessé de le pressentir sans oser y croire, il y avait trois grands sièges en or, les côtés sculptés en forme d’animaux monstrueux, le corps curieusement déformé pour servir de siège, mais les têtes traitées avec un réalisme saisissant.
L’aspect de ces têtes était effrayant en soi, mais vues comme nous les voyions, elles surgissaient, dorées et brillantes de l’obscurité, sous notre torche électrique ; projetant des ombres grotesques et déformées sur le mur, elles étaient presque terrifiantes.
A côté, vers la droite, notre attention fut attirée par deux statues, grandeur nature, d’un roi vêtu de noir, se regardant l’une l’autre comme deux sentinelles, en pagne et sandales dorées, armées de la massue et du gourdin et portant sur le front le cobra sacré et tutélaire.
Voilà ce qui frappait d’abord le regard. Partout autour, devant, derrière, entassés au-dessus d’eux, il y avait une quantité d’autres objets — d’exquises cassettes peintes et incrustées, des vases d’albâtre, certains façonnés avec le plus grand art ; d’étranges reliquaires noirs, l’un surtout d’où semblait s’échapper un grand serpent doré ; des bouquets de feuillages et de fleurs ; des lits ; des sièges délicatement ciselés ; un trône incrusté d’or ; un amas de curieuses boîtes blanches en forme d’oeuf ; des récipients de toutes formes ; sous nos yeux, au seuil même de la chambre, une magnifique coupe d’albâtre transparent en forme de lotus ; sur la gauche, un amas confus de chariots renversés scintillants d’or et de pierres précieuses ; et, se détachant par derrière, un autre portrait du roi.
Mais après un moment, nous commençâmes à nous sentir déconcertés par l’absence d’un cercueil ou d’une momie, et, une fois de plus, nous nous demandâmes si nous avions trouvé une cachette ou une tombe.
Préoccupés par ce problème, nous examinâmes à nouveau la chambre, et nous remarquâmes qu’il existait une autre porte scellée entre les deux sentinelles noires, légèrement à droite.
Lentement, la lumière se faisait dans nos esprits. Nous n’étions encore qu’au seuil de notre découverte, ce n’était que l’antichambre.
Derrière cette porte que gardaient les statues, il devait y avoir d’autres chambres, probablement en enfilade, et dans l’une d’elles, sans aucun doute, nous devions trouver le Pharaon gisant parmi les splendeurs de sa panoplie funéraire. Nous en avions assez vu et nous étions bouleversés par les perspectives que nous entrevoyions. Nous refermâmes l’ouverture, verrouillâmes la grille de bois, laissant près de la tombe les gardiens que nous avions choisis. Puis, montés sur nos ânes, nous regagnâmes la Vallée, étrangement silencieux et émus.
Evidemment, nous étions surtout intrigués par la porte scellée qui se trouvait entre les statues. Très tard dans la nuit nous émîmes toutes les hypothèses qui pouvaient être faites à ce sujet. N’y avait-il qu’une seule chambre contenant le sarcophage royal ? C’était la moindre de nos espérances.
Mais pourquoi une seule chambre ? Pourquoi pas une suite de corridors et de chambres, menant, dans la tradition de la Vallée, vers un reliquaire intérieur, une chambre funéraire ? C’était plus probable.
Puis de nouveau nous pensâmes aux pillards. Avaient-ils réussi à forcer cette troisième porte ? Vue de loin, elle paraissait absolument intacte, et s’il en était ainsi, quelles étaient nos chances de trouver la momie du roi inviolée ?
Le lendemain matin (27 novembre), nous sommes arrivés très tôt sur le chantier car il y avait beaucoup à faire. Avant de poursuivre nos investigations, il importait de perfectionner notre éclairage, aussi Callender se mit à poser des câbles pour nous relier à la centrale électrique de la Vallée.
Pendant ce temps, nous avions relevé sur la porte intérieure les empreintes des sceaux et dégagé tout le système de fermeture.
Vers midi tout était prêt et lord Carnarvon, lady Evelyn, Callender et moi-même, nous sommes livrés à un examen approfondi de la première chambre (appelée plus tard l’Antichambre).
Grâce à nos puissantes lampes électriques, maints objets sortirent de l’ombre et nous fûmes à même de mesurer avec plus de précision l’intérêt de notre découverte. Notre premier objectif était naturellement cette porte entre les deux statues, mais là nous attendait une déception.
Vue de loin la fermeture semblait intacte, mais un examen plus approfondi révéla qu’une petite ouverture avait été pratiquée dans le bas de la porte, juste assez large pour laisser passer un enfant ou un homme très mince. Ce trou avait été refermé et rescellé.
Nous n’étions donc pas les premiers. Là aussi les voleurs nous avaient devancés et nous n’avions plus qu’à constater l’étendue des ravages qu’ils avaient pu faire. Nous étions tentés de défoncer la porte et d’aller droit au but. Mais ce faisant, nous aurions risqué d’endommager les objets de l’Antichambre, ce que nous voulions à tout prix éviter.
Nous ne pouvions pas déplacer ces objets car il importait d’en relever la place exacte et de les photographier avant ‘avoir touché à quoi que ce soit ; cela demandait du temps.
A regret, nous décidâmes d’abandonner l’idée d’ouvrir cette porte jusqu’à ce que l’Antichambre fût complètement déblayée. Ainsi nous garantissions un parfait et très scientifique relevé de tout ce que contenait la chambre extérieure.
(…) L’Antichambre est enfin dégagée. En entrant dans la chambre funéraire, nous avons trouvé les fragments de deux colliers, au-delà du trou fait à travers la maçonnerie de la porte par les voleurs et qu’ils avaient laissé tomber. Les autorités de l’Ancienne Egypte avaient par la suite refermé le trou. Divers objets et emblèmes entouraient le grand reliquaire qui occupait presque toute la chambre.
La brèche agrandie, les chercheurs se rendent mieux compte de leur découverte. Passé le premier éblouissement , ils constatent qu’un grand désordre règne dans la pièce. Pêle-mêle, au milieu des gravats, s’entassent des coffrets incrustés de pierreries, des vases d’albâtre, des coupes d’or, des bijoux, des colliers sertis de turquoises. Tout un fabuleux fatras des mille et une nuits.
Le couloir d’entrée menait à une antichambre transversale contenant un amas de modèles de tombes, de mobilier funéraire, de chars, d’offrandes alimentaires, de coffres de vêtements et autres types d’objets funéraires, tout cela pêle-mêle à la suite d’un pillage manqué dans l’antiquité. Derrière cette salle, une petite annexe ou dépendance contenait le nécessaire à la vie du roi dans l’au-delà : jarres de vin, flacons de parfum, pots d’onguents, corbeilles de fruits et mobilier domestique. Tout cela avait également été dérangé par les pilleurs.