Les derniers moments de Madame du Barry

Ancienne favorite de Louis XV, la comtesse Du Barry, née Jeanne Bécu, accumula sur son nom toutes les haine d’un peuple qui avait du mal à accepter ceux qui s’étaient enrichis pendant le régime honni, surtout lorsque ces opportunistes venaient de leurs propres rangs

L'ex favorite, Madame du Barry,commet une imprudence

Le 14 juillet 1789, madame du Barry  posait pour la célèbre portraitiste Mme Vigée-Lebrun. Tout à coup, elles tressaillirent au bruit d’une canonnade qui provenait de Paris. La Révolution venait d’éclater…
La formidable tempête qui déferlait sur la France ne semblait pas devoir inquiéter particulièrement la châtelaine de Louveciennes. Son beau roman, c’était déjà de l’histoire ancienne. Un jour, profitant de son absence, des cambrioleurs s’introduisirent dans le château, dérobèrent de l’argent et surtout des diamants et autres pierres précieuses de grande valeur (1790).
Elle en fit publier la liste et promit une forte récompense à qui lui permettrait de récupérer son trésor. C’était une imprudence vraiment stupide, qui la rappela au souvenir du peuple en révolte. D’autre part, il fut prouvé, à l’instruction de son procès, que le cambriolage avait été simulé, pour des raisons que l’on connaîtra plus loin.

Une imprudence qui va lui être fatale

Jeanne Du Barry s’était réconciliée avec la famille royale ; elle se rendait fréquemment à Trianon.
A la demande de Marie-Antoinette, elle accepta de partir pour Londres et d’y poursuivre des négociations secrètes avec le gouvernement anglais et les émigrés. A plusieurs reprises, elle traversa le channel. Le prétexte de ses voyages était que ses voleurs de bijoux avaient été arrêtés en Angleterre. C’était faux.
Naturellement, elle devint suspecte au premier degré. Une sévère alerte lui fut donnée quand des sans-culottes furieux se rendirent à Louveciennes et jetèrent dans le salon où elle se trouvait, la tête sanglante de son amant, le duc de Cossé-Brissac, massacré à Versailles (1792).
Lors du procès du roi, elle repartit pour Londres où, le 21 janvier 1793, elle apprit l’exécution de Louis XVI. Les émigrés lui conseillèrent vivement de s’abstenir de rentrer en France.
Téméraire ou inconsciente, elle regagna Louveciennes, dernière imprudence qui lui fut fatale.
Le 22 septembre 1793, la ci-devant comtesse Du Barry, courtisane de Capet XV, était emprisonnée à Sainte-Pélagie.
Elle ignorait qu’un sbire du Comité de salut public, nommé Blache, avait eu mission de la filer en Angleterre, de noter ses activités et ses propos. Le policier l’avait vue, en grand deuil, assister à la messe célébrée pour le repos de l’âme de Louis XVI, à l’ambassade d’Espagne. Il avait pu établir également qu’elle avait prêté 200 000 livres au cardinal de La Rochefoucault, archevêque de Rouen, pour venir en aide aux prêtres réfugiés à Londres; qu’elle avait remis la même somme au duc de Rohan-Chabot, pour financer le mouvement chouan en Vendée ; qu’elle recevait les émigrés dans son salon de Berkeley-square.
Le rapport de Blache ne laissait aucun doute sur les activités contre-révolutionnaires de la Du Barry. Le tribunal n’eut pas à délibérer longtemps. Le 8 décembre, on la conduisait à l’échafaud.

Madame du Barry sanglotait, hurlait : Je ne veux pas mourir ! Au secours !

Dans ses mémoires, le jeune bourreau Henri Sanson a mentionné que, parmi les milliers de personnes qu’il eut à décapiter, aucune ne lui causa autant de tracas que Mme Du Barry. Si la malheureuse avait su s’élever jusqu’aux fastes de l’aristocratie, elle n’en avait pas acquis la dignité imperturbable devant la terrible adversité. D’abord, dans l’espoir de retarder le châtiment, elle prétendit avoir une importante déclaration à faire : révéler l’endroit de son parc où elle avait caché ses bijoux. L’exécuteur passa outre, lui dégagea le cou, lui lia les mains dans le dos. Les aides durent la porter, évanouie, sur la charrette.
Quand elle revint à elle, la place de la Révolution était en vue. Alors se déroula une scène atroce.
Folle de terreur, les yeux exorbités, elle se débattait, sanglotait, poussait des cris affreux, en appelait au public qui l’injuriait :
– Je ne veux pas mourir ! Au secours ! Ne me laissez pas mourir ! Pitié !
Lorsque le convoi s’immobilisa devant le sinistre instrument, les aides durent user de la force pour la hisser sur la plate-forme. Elle s’agrippait désespérément à leurs vêtements, hurlait comme une bête fauve :
– Bon peuple, délivre-moi ! Ne me tuez pas !
Non sans difficultés, on la sangla sur la bascule. Sanson la saisit aux cheveux et lui fixa la tête dans la lunette. Elle suppliait : Encore une minute, monsieur le bourreau !… De grâce, encore une… Le couperet tomba.
Sanson ramassa la tête et, selon l’usage, la présenta à la foule déchaînée qui applaudit.
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