Quand au mois de mars 1941, trois des plus grands as allemands de la guerre sous-marine, Prien (haut avec décoration), Schepke et Kretschmer furent mis hors de combat, l’un après l’autre et en dix jours à peine, un sentiment de triomphe gagna toute la Royal Navy. Mais, à l’époque, on ignorait généralement qu’un nouvel appareil avait contribué à la destruction de PU-100 de Schepke: il s’agissait du radar. Ce dispositif, récemment mis au service de la guerre contre les sous-marins, donnait aux Anglais de bonnes raisons de croire que la balance se mettait à pencher de leur côté dans la bataille de l’Atlantique.
Jusqu’à l’entrée en scène du radar, les U-Boote avaient pu attaquer les convois pratiquement impunément, lorsqu’ils opéraient en surface et la nuit: en surface parce qu’ils échappaient à l’asdic, et la nuit parce qu’ils pouvaient déjouer la surveillance des veilleurs et, une fois leurs torpilles lancées, s’esquiver prudemment
Mais tout changea lorsqu’on installa le radar à bord des navires d’escorte : grâce à ce système de détection, on voyait en effet aussi bien dans l’obscurité que par mauvais temps. En associant le radar à l’asdic, on était à même de localiser les sous-marins à la fois en surface et en immersion, et diriger infailliblement sur eux les navires d’escorte.
Il faudra attendre le début de 1941 pour voir les radars installés à bord des navires. Les premiers exemplaires, montés sur des bâtiments de la Royal Navy, étaient dotés d’antennes grossières et encombrantes, au grand dam de plus d’un commandant, et ne permettaient de suivre qu’un seul objectif à la fois. Le contact se manifestait sous la forme d’une tache sur une ligne verte qui balayait l’écran d’un oscilloscope; l’orientation de la cible était déterminée d’après la direction de l’antenne (qui, sur les premiers modèles, ne pouvait pas pivoter) et la distance calculée d’après la position de la tache sur l’écran. Du moins était-ce là la théorie. En pratique, les premiers radars servirent beaucoup plus à aider les commandants de bord à maintenir leurs bâtiments en formation dans les convois, pendant les périodes de mauvaise visibilité (en leur indiquant s’ils se rapprochaient ou s’éloignaient trop des navires avec lesquels ils naviguaient de conserve), qu’à repérer les U-Boote à l’affût.
Comme les moyens de détection, les moyens de communication entre navires d’un même convoi firent de grands progrès. Jusqu’alors, quand l’obscurité ou le brouillard interdisaient l’emploi de signaux optiques, la seule alternative était de recourir à des messages radio codés, qui exigeaient à la fois du temps et du personnel qualifié pour les transmettre et les recevoir; toutes choses que l’on ne pouvait se permettre au milieu d’un combat ! On put pallier cet inconvénient en faisant appel au radio-téléphone à très haute fréquence, qui non seulement facilita les communications entre navires, mais permit aussi, par la suite, des liaisons entre navires et avions. Le travail d’équipe entre les escortes aériennes et navales des convois en fut largement amélioré.
Certains des progrès réalisés dans la lutte anti-sous-marine résultèrent non pas de la création de dispositifs nouveaux, mais de la simple amélioration de procédés déjà existants. Ainsi, au début de la guerre, les navires d’escorte tiraient des obus éclairants pour avoir une chance de repérer les U-Boote, lorsque ceux-ci attaquaient de nuit. Mais ces obus ne fournissaient pas beaucoup de lumière, et les flammes des canons aveuglaient pour un bon moment les veilleurs sur les ponts.
On remplaça donc très tôt l’obus éclairant par le «snowflake» (flocon de neige). Cette fusée, dont le tir s’accompagnait d’un éclair minimum, n’éblouissait pas les guetteurs: son explosion créait une intense lumière blanche, qui illuminait le ciel pendant plusieurs minutes. Tous les navires des convois reçurent un stock de «snowflakes» avec instruction, dans le cas d’une attaque de sous-marins, de les lancer simultanément au signal convenu.
Les «snowflakes» représentaient cependant une arme à double tranchant. En illuminant la mer à des kilomètres à la ronde lorsqu’ils étaient lancés simultanément de tous les navires, ils permettaient bien de repérer les U-Boote, mais ils faisaient, en même temps, des bâtiments du convoi des objectifs bien visibles. Dans ce jeu de la mort, c’était, malgré tout, un risque à courir, si l’on voulait donner aux navires d’escorte une chance d’être les premiers à ouvrir le feu ou à lancer leurs grenades sous-marines.