La Tchécoslovaquie était une démocratie modèle

La faiblesse de la Tchécoslovaquie résidait dans la diversité de sa population. Les Tchèques étaient seulement 7,5 millions et ne dépassaient que de 2 millions la somme des minorités existantes: Allemands, Slovaques, Ruthènes, Polonais et Hongrois.

La Tchécoslovaquie, une démocratie modèle.

La Tchécoslovaquie, une démocratie modèle en 1938

En 1918, la Tchécoslovaquie avait été taillée tant bien que mal dans les provinces du nord de l’ancien empire austro-hongrois. Il était facile, pour ceux qui le désiraient, de se persuader qu’en 1938 la Tchécoslovaquie représentait un fait politique aussi désuet que l’avait été l’Autriche-Hongrie au début de ce siècle. C’était faux. Grâce, en effet, à l’admirable mise en valeur des ressources sociales et économiques dont ils disposaient, les Tchèques avaient, dans un laps de temps très court, construit une démocratie modèle dont la souveraineté appartenait au peuple et qui était gouvernée par un Parlement composé de deux Chambres. Un des résultats de cette organisation et de l’esprit d’entreprise du peuple tchèque apparaissait dans les structures industrielles et commerciales d’où étaient sorties des réalisations sociales qui suscitaient l’admiration de l’Europe entière.
Le noyau de la population comprenait 10 millions de Tchèques et de Slovaques, mais dans la partie ouest du pays vivaient un peu plus de 3 millions d’Allemands qui avaient reçu la nationalité tchèque au moment du tracé des nouvelles frontières. Enfin, à l’est habitaient 800 000 Magyars et 500 000 Ukrainiens, ainsi que 60 000 Polonais regroupés dans la région industrielle et minière de Teschen. Ces minorités constituaient une source latente de troubles. Hitler réclamait non seulement une revision du tracé de ses frontières orientales, en prévision d’une plus grande expansion vers l’est, mais également l’élimination de tout système de gouvernement qui pût rivaliser avec le sien.
En 1934, un parti autonomiste s’était formé, au sein de la minorité allemande, sous la direction de Konrad Henlein (photo). Il allait devenir, l’année suivante, le « parti allemand des Sudètes ». Deux ans plus tard, toujours sous la conduite de Henlein, et encouragé et financé ouvertement par Hitler, il réclamait le droit de former un Etat national-socialiste autonome à l’intérieur même des frontières de la Tchécoslovaquie ! Après l’Anschluss, cette requête reposa sur une force visible et une menace précise, car l’annexion de l’Autriche avait découvert tout le flanc méridional de la région des Sudètes, la rendant ainsi vulnérable à une éventuelle attaque allemande (ou à un soutien, selon le point de vue…).

La minorité allemande, un prétexte pour Hitler

La situation de la minorité allemande en Tchécoslovaquie ne fut pour Hitler qu’un prétexte, comme devait l’être, un an plus tard, celle de Dantzig au regard de la Pologne, pour préparer un mauvais coup dans un pays qu’il convoitait, pour miner le terrain, apporter le trouble et la confusion dans l’esprit des peuples amis de ce pays et pour masquer les véritables buts qu’il poursuivait.
Ce qu’étaient ces buts, il l’avait montré clairement dans sa harangue du 5 novembre aux chefs militaires et dans les directives initiales du cas vert : détruire l’État tchécoslovaque et s’emparer de ses territoires et de ses habitants au bénéfice du Troisième Reich. En dépit de ce qui s’était passé en Autriche, les chefs de gouvernement, ni en France ni en Grande-Bretagne, ne devinèrent la vérité.
Pendant tout le printemps et l’été, en réalité presque jusqu’au dernier jour, M. Chamberlain et M. Daladier crurent sincerement, semble-t-il, et presque tout le reste du monde avec eux, qu’Hitler voulait uniquement obtenir justice pour ses compatriotes en Tchécoslovaquie.

On ne fit rien pour venir en aide à la Tchécoslovaquie

On ne fit rien pour venir en aide à la Tchécoslovaquie en 1938

Churchill ne fut pas le seul, à l’époque, à prévoir le prochain objectif du programme de Hitler. Deux jours après l’occupation de l’Autriche par les Allemands, des représentants de la Russie soviétique avaient pris contact avec le gouvernement français pour étudier les mesures destinées à assurer l’indépendance de la Tchécoslovaquie. La Russie se déclarait prête à se porter à l’aide des Tchèques si la France agissait de même. Mais cette dernière tenait à savoir quelle serait la position de l’Angleterre si elle entrait en guerre. Certes, les Russes se déclaraient décidés à agir, mais les Français étaient déconcertés par cette situation. Finalement, c’est l’attitude de la Grande-Bretagne qui devait être le facteur déterminant.
Seulement, les Anglais ne souhaitaient pas se lancer dans un conflit (et certainement pas pour la cause d’un pays dont la plupart d’entre eux ne connaissaient que le nom barbare) et ce fut avec un grand soulagement qu’ils accueillirent les pronostics apaisants de leurs dirigeants. Ceux-ci conseillaient la prudence et la « modération ». Ils reflétaient ainsi le profond désir de paix de M. Chamberlain, et aussi ce que les Anglais, en général, ignoraient, les profonds sentiments religieux de lord Halifax, qui considérait la Russie comme l’Antéchrist.
On ne fit rien pour venir en aide à la Tchécoslovaquie et les avances de la Russie furent repoussées avec une rudesse dont les Britanniques n’usèrent jamais dans leurs rapports avec l’Allemagne nazie.
Pendant tout l’été de 1938, le Dr Benès, président de la Tchécoslovaquie (photo à droite), dut subir les insultes et les menaces de Hitler, tandis que les services de propagande de Goebbels répandaient des histoires effroyables sur de prétendues atrocités commises par les Tchèques sur les Allemands des Sudètes. Alors, à regret, M. Chamberlain en arriva à la conclusion que le seul espoir de préserver la paix dans le monde était de satisfaire à toutes les demandes de Hitler, c’est-à-dire d’accorder l’autonomie complète au pays des Sudètes.
C’est à peu près à cette époque que le mot appeasement devint à la mode dans le vocabulaire britannique. Cette politique d’apaisement avait alors pris un sens beaucoup plus subtil, celui de concession, d’abandon, de volonté de se tenir, à tout prix, « en dehors du coup ».

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