L'assaut de la Garde pendant la bataille de Waterloo

Napoléon décide de jouer son atout, la force qui lui a maintes fois offert la victoire dans des batailles impossibles à gagner sa Garde impériale. Les invincibles de Napoléon sont prêts à se battre.
Napoléon chevauche jusqu’à moins de 500 mètres des lignes de Wellington pour encourager ses troupes qui le saluent de leurs cris : Vive l’Empereur !
Les bataillons forment trois rangées et chargent sur le centre anglais.

A Waterloo, Napoléon n'a plus le choix

L’approche du 1er corps prussien n’eut d’autre effet sur l’empereur que de lui faire précipiter son attaque. Six bataillons de la garde étaient seuls arrivés encore dans les fonds de la Haye-Sainte. L’empereur en posta un (le 2e du 3e grenadiers) sur un petit mamelon, à mi-chemin de cette ferme et d’Hougoumont ; et, apercevant Ney qui se trouvait toujours partout où il y avait la mort à affronter, il lui remit le commandement des cinq autres pour donner l’assaut au centre droit anglais. En même temps, il fit tenir l’ordre aux batteries d’accélérer leur feu, à d’Erlon, à Reille et aux commandants des corps de cavalerie de seconder sur leur front respectif le mouvement de la garde.

La Garde était alignée comme pour une revue aux Tuileries

La Garde était alignée comme pour une revue aux Tuileries

Toutes les troupes avaient reçu l’ordre de seconder cette attaque. Déjà les divisions Donzelot, Allix et Marcognet gravissent le plateau ; la première, le long et sur le côté gauche de la route de Genappe, les deux autres à la droite de cette route. Mais l’infanterie de Reille et les débris de la cavalerie commencent à peine à s’ébranler. Entre la Haye-Sainte et Hougoumont, les cinq bataillons de la garde s’avancent seuls contre l’armée anglaise. Ils marchent l’arme au bras, alignés comme à une revue des Tuileries, superbes et impassibles. Tous leurs officiers sont en tête, les premiers aux coups.
Ney roule à terre avec son cheval, le cinquième tué sous lui. Il se dégage, se relève et marche à pied, l’épée à la main, à côté de Friant. L’artillerie anglaise, disposée en arc de cercle depuis la route de Bruxelles jusqu’aux hauteurs voisines d’Hougoumont tire à double charge de mitraille à partir de deux cents mètres. La garde est battue de face et d’écharpe. Chaque volée y fait brèche. Les grenadiers serrent les files, rétrécissent les carrés, et continuent à monter du même pas en criant : Vive l’empereur !
Le 1er bataillon du 3e grenadiers culbute un corps de Brunswick, s’empare des batteries Cleeves et Lloyd, qu’abandonnent les canonniers ; et, par une légère conversion, il se dirige vers la gauche de la brigade Halkett. Les 30e et 73e anglais reculent en désordre. Friant, blessé d’un coup de feu, quitte le champ de bataille en croyant à la victoire. Mais le général belge Chassé fait avancer à la droite des 30e et 73e une batterie de canons, dont le feu écharpe les assaillants. Puis il porte délibérément à la gauche des deux régiments anglais la brigade Ditmer, forte de 3 000 hommes, la lance à la baïonnette contre le faible carré, le rompt, le disloque, l’écrase sous la masse et en rejette les débris au bas des rampes.
Le bataillon du 4e grenadiers s’est engagé pendant ce temps contre la droite de la brigade Halkett. Sous la mitraille des deux pièces et la fusillade des grenadiers, les débris des 33e et 69e régiments fléchissent. Le général Halkett saisit le drapeau du 33e, s’arrête en l’agitant et, par son exemple, retient ses hommes. Il tombe grièvement blessé. Mais les Anglais sont ralliés, ils sont fermes.

Les Anglais attendaient couchés dans les blés

Les 1er et 2e bataillons du 3e chasseurs atteignent presque la crête sans rencontrer aucune infanterie. Ils marchent vers le chemin d’Ohain, éloigné d’eux à peine d’une portée de pistolet. Soudain, à vingt pas, se dresse un mur rouge. Ce sont les 2 000 gardes de Maitland, rangés sur quadruple profondeur. Ils attendaient, couchés dans les blés. Au commandement de Wellington lui-même ils se sont relevés comme mus par un ressort. Ils mettent en joue, ils tirent. Leur première décharge fauche 300 hommes, près de la moitié des deux bataillons déjà décimés par l’artillerie. Le général Michel tombe frappé à mort. Les Français s’arrêtent, leurs rangs rompus, leur marche obstruée par les cadavres.
Au lieu de les lancer instantanément à la baïonnette sans s’inquiéter du désordre où ils se trouvent, les officiers s’efforcent de les former en ligne pour répondre au feu par le feu. La confusion augmente. Le déploiement s’opère mal et à grande perte de temps. Pendant dix minutes, les chasseurs restent sur place sous la fusillade des gardes de Maitland et sous la mitraille des batteries Bolton et Ramsay qui les prennent en écharpe. Wellington voit enfin la garde fléchir ; il commande de charger. Les 2 000 Anglais courent tête baissée sur cette poignée de soldats, les enfoncent et descendent confondus avec eux dans un furieux corps-à-corps jusque près du verger d’Hougoumont. « Les combattants étaient si mêlés, dit un officier de la batterie Bolton, que nous dûmes cesser de tirer. »

Chasseurs et grenadiers français fléchissent

Aux commandements précipités de leurs chefs, les Anglais font brusquement halte. Le bataillon du 4eme chasseurs s’approche pour dégager les débris du 3e chasseurs, ainsi que ceux du 4e grenadiers qui se sont également mis en retraite. Sans attendre le choc, les soldats de Maitland lâchent pied en désordre et remontent sur leurs positions aussi vite au moins qu’ils en sont descendus. Chasseurs et grenadiers les suivent de près, gravissant la côte sous les volées de mitraille. Ils franchissent le chemin d’Ohain lorsque la brigade Adam les écharpe par des feux de quatre rangs. Les gardes de Maitland font demi-tour, et tant bien que mal reformés, recommencent à tirer de concert avec la brigade Colin Halkett. De tous côtés, les balles arrivent en grappes. Déjà très ébranlés par la formidable fusillade qu’ils ont subie, chasseurs et grenadiers fléchissent sous le nombre et se retirent en désarroi.

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La petite Histoire...
Le retard de Grouchy est-il la cause de la défaite ?

Dans ses Mémoires. Napoléon a fait porter sur son maréchal une part importante du poids de la défaite. sa suite, des générations d'historiens ont fait de même. La tendance actuelle est de modérer les accusations contre Grouchy, pour plusieurs raisons.
La première est que la poursuite des Prussiens n'avait été ordonnée par Napoléon que douze heures après la fin de la bataille de Ligny soit beaucoup trop tard pour que Grouchy puisse talonner l'adversaire. La deuxième est qu'à aucun moment Napoléon n'a rappelé clairement Grouchy vers lui.
La troisième est que, compte tenu du fait que Grouchy devait traverser une rivière (la Dyle) pour rejoindre Waterloo, il lui fallait se rendre maître du seul pont disponible, à Wavre. Or les Prussiens occupaient solidement ce point de passage et il aurait fallu combattre plusieurs heures pour s'en rendre maître. Il aurait fallu ensuite faire parcourir une douzaine de kilomètres supplémentaires à 33 000 hommes, leurs caissons et leur artillerie.
Quel que soit le moment de l'après- midi où Grouchy aura commencé ce mouvement complexe, il ne serait jamais arrivé à temps à Waterloo.

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