La dernière phase da la bataille du Rio de la Plata

L’engagement a été rude, et le Graf Spee n’a pu se défaire des deux croiseurs anglais légers qui le suivent maintenant à la trace, dans son sillage… À bord, alors que commence la poursuite, l’euphorie du combat laisse bientôt place à une inspection en règle des installations touchées.

La décision de Langsdorff capitaine du Graf Spee

La décision de Langsdorff capitaine du Graf Spee pendant la dernière phase da la bataille du Rio de la Plata

Le commandant Parry écrivit plus tard : Mon sentiment personnel était que l’ennemi pouvait faire tout ce qu’il voulait. Il ne montrait aucun signe de fatigue. Son artillerie principale tirait encore et avec précision. L’Exeter était manifestement hors de combat. Il n’y avait plus que deux petits croiseurs pour empêcher le Graf Spee d’attaquer le trafic du Rio de la Plata. Ce fut donc un véritable étonnement de voir, quelques minutes plus tard, l’ennemi filer à toute vitesse vers l’ouest !
L’Ajax le prit en chasse sur bâbord et l’Achilles sur tribord. A 8 h 30, deux heures et demie seulement après que le Graf Spee eut aperçu l’Exeter, les deux croiseurs le suivaient à une distance de 28 kilomètres, dissimulés par la fumée des machines diesel du cuirassé de poche.
La seconde phase de la bataille avait pris fin. L’Ajax et l’Achilles en étaient sortis sans trop de dommages. mais ils avaient beaucoup tiré sans résultat apparent.
Langsdorff, de son côté, inspecta son bâtiment. De retour sur le pont, il déclara à son navigateur : « Nous devons regagner le port : le navire n’est plus en mesure d’affronter l’Atlantique-Nord. »
Le 15 décembre, dans un message plus détaillé à Berlin, Langsdorff écrivit : « L’inspection des coups directs révèle que toutes les réserves, à l’exception de celles de l’amiral, ont été gravement endommagées. L’eau, en pénétrant dans les magasins, menace l’approvisionnement en pain, tandis qu’un coup direct sur le gaillard d’avant rend le navire inapte à affronter l’hiver dans l’Atlantique-Nord. Comme le navire ne peut rejoindre l’Allemagne par ses propres moyens, j’ai décidé de rallier le Rio de la Plata au risque d’y être bloqué. »

Langsdorff désemparé

Les pertes du Graf Spee étaient de 37 morts et de 57 blessés sur un équipage de 1 100 hommes.

La décision de Langsdorff semble avoir été prise sous le coup de l’émotion. En fait, le navire avait été touché par dix-sept obus et l’un des officiers canonniers du Graf Spee rapporta que « trois d’entre eux avaient percé le blindage de la tour de contrôle et, étant passés au travers des superstructures […] étaient tombés à la mer sans causer de dégâts. »
D’après le rapport du bord lui-même, il n’y avait eu effectivement que peu de dommages. Malgré un télémètre détruit, la batterie principale, comme la salle des machines, était intacte. Seuls, deux canons de l’armement secondaire étaient inutilisables. On signalait neuf trous dans la coque : le plus important, à la proue, très au-dessus de la ligne de flottaison, mesurait environ 1,80 m de diamètre ; les autres avaient tout au plus 15 centimètres de large.
Les pertes du Graf Spee étaient de 37 morts et de 57 blessés sur un équipage de 1 100 hommes.
Il est intéressant de comparer l’état du Graf Spee à celui de l’Exeter. Ce dernier, rappelons-le, enfonçait de près de 90 centimètres à l’avant et ne pouvait plus se diriger qu’au moyen d’un compas de chaloupe. Tous ses canons étaient endommagés et il ne pouvait plus filer que 18 noeuds en raison des dégâts occasionnés à ses cloisons étanches. Il avait perdu 61 officiers et hommes d’équipage et 23 blessés (sur un équipage d’environ 600 hommes) et avait entrepris une course de 2 200 kilomètres vers les îles Falkland.
Langsdorff n’ayant jamais donné de précision sur la décision de gagner le Rio de la Plata, nous ne pouvons que supposer qu’une telle pusillanimité était due à sa blessure ; elle l’avait enclin à surestimer les dégâts occasionnés à son navire, en particulier à la proue.

La dernière phase da la bataille du Rio de la Plata

La dernière phase de la bataille commença à 8 h 30 et se termina vers minuit. La poursuite continuait. Sur le Graf Spee, comme sur les deux croiseurs, on s’activait à réparer les dégâts. Les blessés étaient soignés et les morts immergés. Sur l’Achilles, le commandant Parry demanda aux hommes pourquoi ils se promenaient sur le pont, sans but apparent : ils lui répondirent qu’ils faisaient une provision de souvenirs ! Il donna la prime, une livre sterling, promise à celui qui, le premier, avait signalé le Graf Spee. L’homme empocha le billet, mais déclara que s’il l’avait signalé le premier, c’était un autre marin qui l’avait vu. C’est ainsi que le cuirassé de poche coûta une autre livre au commandant Parry !
Harwood, bien sûr, envoyait des messages d’alerte à tous les navires marchands qui se trouvaient dans les parages, mais il était temps pour lui de connaître les intentions exactes du Graf Spee. Sa direction indiquait le Rio de la Plata, mais d’autres questions demeuraient sans réponse. S’il était gravement touché, comment pouvait-il conserver une telle vitesse et continuer à se servir de son armement principal ? Se dirigeait-il vers Buenos Aires ou Montevideo ? Etait-ce là une feinte et reprendrait-il la haute mer à la faveur de l’obscurité ?
C’était une possibilité à ne pas écarter, car on peut entrer dans l’immense estuaire du Rio de la Plata, qui a 193 kilomètres de large, par trois passes, la plus méridionale ayant une largeur de 48 kilomètres. Le Graf Spee s’approchait obliquement de la baie par l’est et, comme il arriverait dans l’estuaire après la tombée de la nuit, il pourrait entrer par la passe nord en se faufilant entre l’ English Bank et le Cumberland Shoal contourner English Bank et reprendre la haute mer à la faveur de l’obscurité.
Juste avant 14 heures, Harwood envoya un message à l’attaché naval anglais à Buenos Aires, l’avertissant que le Graf Spee s’approchait et demandant que les passes fussent surveillées.
A 18 h 52, le Graf Spee tira deux salves sur l’Ajax, à une distance de 24 kilomètres, et, après le coucher du soleil — 20 h 48 mit le cap sur la côte uruguayenne. Le commandant Parry s’approcha à 20 kilomètres de l’Achilles, déclenchant trois salves de l’Allemand auxquelles il riposta. Au cours de l’heure suivante, le Graf Spee tira trois autres salves, mais l’Achilles, persuadé que le cuirassé ne pouvait le voir dans le crépuscule, ne répliqua pas. Les salves allemandes eurent un autre effet : « La fumée de la cordite étant étonnamment noire, écrivit le commandant Parry, ces salves créèrent un nuage qui nous empêcha de voir l’ennemi; ce ne fut que deux heures après le coucher du soleil qu’on put de nouveau le distinguer. » Vers 22 h 13, le commandant Parry vit, en effet, la silhouette du Graf Spee se découper sur les lumières de Montevideo.

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